Les addictions comportementales : le plaisir des excès

Vérifier son téléphone toutes les minutes, faire de l’exercice compulsivement, travailler sans repos ou acheter sans mesure sont des comportements addictifs.

15 JUIL. 2019 · Dernière modification: 10 OCT. 2019 · Lecture : min.
Les addictions comportementales : le plaisir des excès

Toute dépendance cache une grande insatisfaction. Lorsqu’une personne a besoin de "remplir" une carence profonde avec des éléments externes, elle parvient à échapper à son vide interne, mais de manière transitoire. C’est pour cette raison qu’elle se tourne constamment vers cet élément qui lui convient pour générer une décharge d’endorphines qui lui procure du plaisir et entre dans le cercle de la dépendance.

Quand on parle de "facteurs externes", on ne parle pas seulement de drogues ou d’alcool. Nous parlons d’habitudes quotidiennes socialement acceptées comme faire du shopping, utiliser le téléphone portable, manger ou aller au gymnase. Qu’est-ce qui ne va pas ? L’excès.

"Le jeu problématique, les rapports sexuels incontrôlés ou les achats compulsifs augmentent la dopamine dans le cerveau comme le ferait la consommation de substances psychoactives, conduisant à un sentiment d’euphorie"indique l’Association psychiatrique d’Amérique latine dans l’étude Les dépendances non liées aux substances.

Une personne prédisposée à l’addiction développera plus facilement une dépendance à ces comportements parce que ses impulsions deviendront incontrôlables et devra constamment répéter ce comportement qui lui procure du plaisir. La personnalité addictive est marquée par des facteurs génétiques et psychosociaux.

" S’il existe dans la famille un passé de dépendance, il est important de surveiller parce qu’il peut y avoir une prédisposition génétique ; mais l’environnement compte aussi, ainsi que les modèles de comportement appris et la culture", explique Paola Andrea Velásquez, psychologue.

Quand il y a un malaise émotionnel de solitude, d’ennui ou même d’agressivité, une personnalité addictive aura tendance à le soulager en remplissant le temps d’activités : travailler, acheter, s’exercer, regarder continuellement les réseaux sociaux, etc

Modèles de comportement

La dépendance comportementale est également liée à certains schémas de comportement qui passent généralement inaperçus par la personne concernée mais qui sont visibles pour les membres de sa famille les plus proches :

  • Incapacité à achever des projets ou d’honorer des engagements. La personnalité addictive se caractérise par une anxiété face à beaucoup de choses à faire en peu de temps, et perd donc rapidement l’intérêt de terminer ce qui commence.
  • Difficultés à respecter les règles. Pourquoi faut-il limiter le plaisir ?
  • Des mensonges de plus en plus complexes. Comme pour toute addiction, la personne aura du mal à admettre qu’elle a un problème et qu’elle ment simplement sur ses motivations ou sur le temps qu’elle passe sur une même activité, pour ne pas être questionnée.
  • Une vision irréaliste d’elles-mêmes. N’acceptant pas qu’elles aient un problème, ces personnes se sentent très affectées par les critiques extérieures et sont indignées par l’image que les autres ont d’elles.
  • L’ennui constant. Elles sont constamment insatisfaitse. Rien ne les réconforte ou ne les remplit autant qu’une activité compulsive. Elles n’ont pas de patience et désespèrent facilement.
  • Recherche d’adrénaline. La personnalité addictive reniera les personnes calmes ou excessivement organisées. Elle préfère le chaos et, dans cette mesure, elle cherche des personnes qui lui offrent des émotions intenses et des relations passagères.
  • Excès sans mesure. La norme n’est pas acceptable. Les limites ne sont pas souhaitables. Une personnalité addictive cherchera à boire plus, manger plus, dépenser plus, jouer plus, travailler plus... en résumé, tout ce qui peut être considéré comme excessif.

Pour une personne non dépendante, il est facile de juger ce comportement et de proposer la solution la plus simple : "arrêtez de jouer avec le feu et arrêtez tout". Mais c’est plus complexe que cela.

La société non dépendante pense que ces gens ne guérissent pas parce qu’ils ne le veulent pas ou n’aiment pas. Au début, le comportement addictif leur procure du plaisir, puis celui-ci devient un plaisir négatif, un inconfort qu’ils n’apprécient pas. Ils se sentent mal, mais en même temps ils ne peuvent pas vivre sans cela parce qu’ils sentent qu’il y a une force intérieure qui les force, une force plus grande qu’eux-mêmes”, explique la psychologue Paola Andrea Velásquez.

Donc, une fois le problème reconnu, la prochaine étape est de trouver une aide professionnelle. Une personne ayant une addiction comportementale aura du mal à s’arrêter d'elle-même parce qu’elle aura tendance à récidiver dans la même addiction ou dans une autre plus dangereuse.

La thérapie consistera à trouver la carence profonde qui pousse la personne à la combler de toutes les manières possibles, et à l’aider à rechercher la satisfaction dans son propre bien-être plutôt que dans des facteurs externes. Parce que le plus grand risque que vous courez avec cette personnalité est de changer une addiction pour une autre.

Photos : Shutterstock

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Commentaires 6
  • NanaRose59

    •Un addictologue ou un psychologue spécialisé dans les addictions seront les seuls professionnels capables de comprendre l’addiction et de vous aider à vous soigner. •Sachez qu’on ne guéri jamais d’une addiction. C’est une maladie chronique. Le cerveau se chargera de créer en vous - même après des années d’abstinence - le Craving (envie irrépressible de consommer/jouer/acheter/ etc selon le type d’addiction) pour vous faire replonger. Car le cerveau n’oublie jamais !! •Seul, en lisant des bouquins, vous n’y arriverez pas. Il est indispensable de mettre en place une thérapie et un suivi de plusieurs mois (1 an minimum) après le sevrage ou l’arrêt total du comportement addictif. •Un Mindset positif est indispensable. •La volonté n’est pas suffisante pour maintenir l’abstinence. Car oui, pour éviter les rechutes, il faut faire le deuil à vie, de toute reprise du comportement en question/ou des consommations du produit. Zéro reprise sinon vous rechuterez … la rechute fait partie du parcours de soins. Vous devez accompagner votre volonté en effectuant de réels changements dans votre façon de vivre et dans votre entourage. Trouver d’autres sources de plaisirs sains, créer de nouveaux rituels, changer de groupe d’amis, de logement, de région, ou de travail. Par ex : Sport, méditation, peinture, bricolage, langues étrangères, cuisine, photo … ou toute autre activité qui pourra naturellement créer du bonheur en vous. Et donc apporter au cerveau sa dose de dopamine, sérotonine, et autres hormones liées au plaisir. Veillez à ce que cette/ou ces activités vous plaisent véritablement et ne dépendent que de vous ( puissent donc être pratiquées seul) et pratiquez les le plus possible !! Courage et force à vous. La route est longue mais votre bonheur et votre liberté n’ont pas de prix !!

  • Gill

    Voilà exactement ce qui me décrit. Depuis longtemps je sais que rien ne me satisfait et avec le temps ça s'amplifie. Chez moi c'est les achats compulsifs et la nourriture. Je sais que c'est génétique mais j'aimerais en finir. Comment puis je me faire aider vers qui me tourner

  • Emi

    Waouh je me reconnais tellement... mais que faire

  • lea

    Bonjour, merci pour ce post. C'est exactement moi. A 40 ans j'ai décidé de changer la donne. Maintenant que j'ai fait ce constat d'excès, place à ce combat, à ce changement. La route va être longue et semée d'embûches mais je vais m'en sortir grâce à la psychothérapie et les lectures de bouquins.

  • Hua

    Bonjour, Je me sens très touchée par ce post qui résonne en moi. Vous dites la solution est de faire appel à un thérapeute , mais quel est le professionnel adapté ? Merci pour votre retour

  • Nala

    Vers quel type de therzpie s'orienter dans ce cas ? Vers suel Type de therapeute ? Merci pour votre reponse

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