Je suis égocentrique et je n’arrive pas à changer
Bonjour,
Pour vous donner du contexte, je suis une femme de 25 ans suivie par divers psy depuis mes 11 ans de manière plus ou moins régulière tout au long de cette période, et régulièrement de mon plein gré depuis environ 4 ans. (INTJ-A 5w4 si vous versez dans le MBTI)
Je n’ai comme diagnostic concret que l’hypersensibilité : émotionnelle lorsque je suis en période dépressive mais sensorielle quotidiennement, notamment le contact physique, la lumière et les sons et suite à d’autres traits la balance penche fortement vers un autisme de type 1 couplé à des problèmes d’attention (mais je ne suis pas TDAH).
Si j’ai commencé à être suivie à 11 ans c’est parce qu’il s’agit de l’âge lors duquel j’ai fais ma première tentative de s, liée à un problème que j’ai toujours à l’heure actuelle : mes amis.
Depuis enfant, mes différences ont fait que j’ai été sujette au harcèlement scolaire. Trop sensible, trop naïve, trop calme. Il était facile pour eux d’avoir de l’emprise sur moi et j’ai toujours eu du mal à me faire une place dans mes groupes d’amis.
Je suis, depuis aussi longtemps que je me souvienne, très consciente de la place que j’ai sein d’un groupe et elle n’a jamais été celle de leader, mais plutôt celle d’une personne solitaire qui n’est qu’un +1, un ajout dans ces groupes (sauf lors de cas où il s’agit d’un projet scolaire, ou de travail, ou pour le coup j’ai tendance à être leader car j’arrive à prendre des décisions pragmatiques et que je sais organiser le travail).
A 11 ans, donc, j’avais un groupe d’amies au sein duquel il y avait Sophie, ma meilleure amie depuis la maternelle. Nous avions une relation fusionnelle, comme des soeurs. J’étais tout le temps chez elle, elle était tout le temps chez moi. Mes parents l'emmenaient avec nous à Disneyland, en vacances, dans les soirées de ma famille et vice-versa. J’étais la seconde fille de ses parents et tout était réciproque, tout marchait parfaitement, jusqu’au jour où le groupe éclata à cause de quelqu’un s’étant fait passer pour moi sur les réseaux sociaux de l’époque.
Aucune de mes amies n’a voulu me croire quand je leur ai dit que c’était faux, que ce n’était pas moi, y compris Sophie.
Je me suis retrouvée seule du jour au lendemain.
J’avais réussi à me refaire des amis, ou plutôt des “potes”, car il faut le dire : c’est aussi à ce moment que je suis devenue très méfiante, que ma confiance ne s’offrait plus aussi aisément.
Au lycée j’avais retrouvé une belle amitié qui s’est terminée par un déménagement longue distance, à la fac j’avais retrouvé une autre belle amitié qui s’est terminé par un manque total de communication de la part de l’autre me disant, je cite : “Tu es toxique, tu ne te rends pas compte que tu n’es pas la seule qui a des problèmes, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi.”
Et à chaque fois, je suis sur le cul, dans un retour à la réalité brutal, car j’ai eu plus d’une histoire comme ça.
Et à chaque fois, je me ferme un peu plus, un peu plus, un peu plus, jusqu’à ce que je sente mon manque d’empathie et mon égocentrisme : le vrai fond du problème.
A force d’être seule, l’introspection est venue à moi comme biais pour avoir des conversations, et je me suis rendu compte que je suis très éloignée de la vision que j’ai de moi-même.
Je pensais être quelqu’un de simple, “à la cool”, artiste à ses heures qui ne se prend pas la tête avec des embrouilles triviales. Je préfère les conversations profondes sur tout un tas de sujets divers. Je me voyais comme altruiste, généreuse, rêveuse et idéaliste. Une personne capable d’empathie et d’écoute.
Mais en fait non, il s’avère que je suis très compliquée, car mon extrême introversion fait que je suis socialement épuisée rapidement, que je suis une routine et un paquet des règles dont j’ai du mal à me défaire pour comprendre autrui et parfois faire des concession pour le bien d’un groupe.
Je manque d’empathie ; je rationalise et rend logique tous les sentiments pour pouvoir les comprendre sinon je n’arrive pas à saisir pourquoi telle ou telle situation a blessé / rendu heureuse la personne avec qui je parle.
J’intellectualise tout ce qui a un rapport avec les sentiments.
Et ma rêverie éveillée est en fait une peur concrète du monde réel basée sur un pessimisme certain de l’humanité. Je ne pense pas mentir quand je dis qu’au fond, je suis probablement misanthrope, et que je me considère dans le lot.
Je ne fais pas de mégalomanie, je ne me sens pas supérieure : je me rends profondément compte de mon humanité et de mes tares, mais celle qui me pose le plus problème c’est bien mon égocentrisme et par conséquent mes problèmes sociaux.
Lorsque je trouve une personne, ou un groupe de personnes, avec qui je m’entend bien, que le courant passe, j’ai tendance à m’exciter. Les voir me rend vraiment et sincèrement joyeuse, ce qui fait que j’ai envie de tout partager avec eux, je déballe tout et monopolise la parole. Sauf qu’au fil du temps, ça blesse l’autre.
Il a l’impression de ne pas être écouté, que je ne parle que de moi sans considérer ce qu’il me raconte. Et pourtant, je sais aussi que ça vient du fait que j’ai cette manie de penser : “Ah, j’ai une question, mais je ne vais pas la poser, il m’en parlera s’il a envie d’en parler” car je fonctionne exactement comme ça : je n’attend pas les questions pour parler de ce que j’ai envie.
Néanmoins, et malgré mes expériences sociales me montrant que ça ne fonctionne pas comme ça, je continue d’agir comme tel. Je n’y arrive simplement pas.
Je ne sais pas être sociale “conventionnellement parlant”, pire étant lorsqu’on me lance sur une de mes passions (les insectes, le jeu de rôle ou l’art, entre autre), il devient alors impossible d’en placer une ou de m’arrêter, jusqu’à ce que je dissocie.
Je me vois soudainement à la troisième personne, en me rendant compte d’absolument tout ce qui m’entoure. Et mon moi physique devient “absent”, il perd son fil de parole et regarde dans le vide. Je suis soudainement déconnectée du groupe, du monde, et tout ça parce que je me rends compte de cet égocentrisme qui me ronge.
J’ai profondément envie d’être une bonne amie pour les quelques personnes uniques qui ont trouvé une place dans mon cœur (et ce n’est pas chose aisée pour moi que de ressentir ça) mais j’en ai marre de les faire fuir de cette façon.
J’en ai marre qu’elles ne se sentent pas écoutées, épaulées, parce que j’ouvre trop ma bouche quand je suis avec elles.
J’ai beau essayer de changer, mais ça finit toujours par revenir, et j’ai cette sensation terrible qui me dit que ce sera comme ça toute ma vie.
Que je n’arriverai plus jamais à former de liens avec les gens car je suis socialement inapte.
J’aime la solitude, mais je n’ai pas envie de vivre seule. J’ai envie de croire à ces relations qui durent toute la vie.
Cette situation me ronge tellement qu’elle a fait revenir en moi des états mélancoliques, qui je pense auraient eu ma vie si je n’avais pas deux chats adorables sous ma responsabilité, que j’entraînerai dans ma chute si je finissais pas mettre un terme à tout ça.