Suis-je tombée sur un individu toxique?
Bonjour,
L'an dernier j'ai revu un ami d'enfance que j'appréciais beaucoup par le passé (bien que plus âgé que moi, nous avions une belle connivence, il était le grand frère que je n'ai pas eu étant fille unique). Les aléas de la vie ont fait que j'ai changé de région et nous avons perdu le contact pendant une bonne dizaine d'années. Années durant lesquelles j'ai vécu dans des conditions extrêmement difficiles tant sur le plan moral, matériel, social (dépression très lourde) au point que je me suis déconnectée de toute vie "sociale", vivant recluse dans mon appartement et réduisant mes sorties au strict minimum comme faire les courses.
Il y a deux ans de cela, nous avons repris contact via internet. Nous avons d'abord beaucoup parlé virtuellement, je lui ai expliqué ma situation, ma claustration, mon mal-être omniprésent etc et à sa demande, nous nous sommes revus en "réel", je suis allée chez lui à la campagne. Ce qui a été pour moi l'occasion de renouer avec la nature, faire de longues marches, me ré-oxygéner, renouer avec une forme de vie, car après toutes ces années à être claustrée, déconnectée de tout, je ne savais même plus ce que c'était que marcher sur un chemin, voir des arbres, respirer l'air, j'avais l'impression de renaître à la vie. Nous faisions des balades, ce qui m'a permis également de me refaire une musculature puisqu'à force de végéter dans un tout petit appartement mes muscles étaient atrophiés, j'étais dans un état général assez épouvantable, avec de gros problèmes de peau (eczéma, grattages intenses...).
Durant les premiers jours de cette "renaissance" nous nous sommes rapprochés, avons flirté, mais je n'ai pas voulu cependant aller au-delà du flirt car, d'une part je ne me sentais pas en état pour cela (trop mal dans ma peau, mauvaise image de mon corps que je ne voulais pas montrer...), et d'autre part je dois avouer que je ne ressentais pas de réelle attirance pour lui. Dans mon esprit, il était encore et toujours cette figure de "grand frère" et même si je me suis laissée aller à une intimité relative avec lui, j'ai bien vite réalisé qu'au fond de moi je n'en avais pas vraiment envie, n'éprouvant pas de désirs, ni de sentiments autres que l'amitié. Cela, je le lui ai dit très honnêtement et très clairement pour éviter qu'il ne se fasse des films.
Cependant, il l'a excessivement mal pris et petit à petit, a changé de comportement, montrant une facette que je ne lui connaissais pas, qui m'a à la fois sidérée et effrayée. Il est devenu irascible voire carrément méchant, rendant impossible toute concorde. Il m'a tout d'abord vertement reproché de l'avoir manipulé en lui laissant entrevoir un possible avenir commun pour ensuite me rétracter. Il a transformé nos balades initialement paisibles en véritable enfer, tapant des crises de nerfs inimaginables, criant au beau milieu d'un chemin, me parlant de plus en plus mal, menaçant un jour de m'abandonner au milieu de nulle part et faisant mine de reprendre seul la voiture pour que je me mette à courir derrière lui. Je sentais qu'il éprouvait une sorte de satisfaction malsaine à provoquer chez moi un état d'angoisse qui a considérablement accentué mon mal-être (mal-être toujours omniprésent car même si renouer avec la nature m'avait fait du bien, mon mal de vivre était pour autant très loin d'être apaisé et il ne l'est toujours pas à l'heure où j'écris ces lignes).
La situation devenant oppressante, je suis repartie dans mon petit appartement où de nouveau je me suis claustrée. Nous avons recommencé à nous parler via sms/messagerie et j'avais l'impression qu'il s'était calmé, qu'il avait compris ma situation et mon refus de vivre quelque chose avec lui autre que ce lien "fraternel". Les tensions me semblant apaisées, je suis retournée à la campagne et nous avons repris les randonnées dont j'avais en effet cruellement besoin pour ma santé tant physique que morale, pour ne pas reperdre ma musculature, pour l'état de ma peau aussi. J'avais trop besoin de nature, d'oxygène, c'était vital.
Afin de prévenir de nouvelles crises de sa part, j'ai pris cette fois une chambre dans un gîte, malgré la difficulté financière que cela représentait pour moi car je n'ai pas véritablement de situation, je ne survis que via des petits boulots de télétravail du fait de mon mal-être.
On était donc chacun chez soi et il venait me chercher (je ne conduis pas) pour aller en randonnée. Mais après seulement quelques jours, la situation a de nouveau dégénéré, il a recommencé à me parler mal, sur un ton de plus en plus agressif, me reprochant tout et rien, cherchant continuellement des prétextes pour me faire subir sa mauvaise humeur, ses contrariétés, s'appliquant à systématiquement gâcher toutes les balades. Parfois même sans le moindre motif, il se mettait à crier dans le véhicule, lâchant le volant, instaurant un climat d'angoisse et de toxicité. A plusieurs reprises il s'est carrément tapé la tête contre le volant, de manière très violente. J'étais tétanisée, je ne l'avais jamais vu ainsi par le passé. Je ne le reconnaissais plus, il n'était plus celui que je considérais comme un grand frère dix ans auparavant, je ne savais plus qui il était, je ne savais plus que dire ni comment réagir. Ce qui était évident, c'est qu'il faisait tout, absolument tout, pour me rendre ces balades les plus insupportables possibles alors qu'il me savait dans un état de mal-être abyssal, il connaissait parfaitement mon parcours de vie plus que difficile et le besoin vital que j'avais de ces randonnées pour respirer, me ressourcer. Toutefois il méprisait de plus en plus ce besoin, je sentais qu'il prenait désormais un malin plaisir à me nuire, il y avait en lui une sorte de sadisme, de perversité que je ne croyais pas possible et qui me laissait sans voix.
Il savait en outre que je ne pouvais compter que sur lui, ne connaissant personne d'autre dans la région (et étant de manière générale très esseulée). On aurait dit qu'il voulait à tout prix me faire sombrer. Il me voyait déjà mal dans ma peau, mal dans ma vie, empêtrée dans des wagons de maux que je traîne depuis toujours et plutôt que d'avoir un comportement rassurant et sain, il n'a fait au contraire que me tirer vers le bas et m'enfoncer tant et plus, me faisant vivre un enfer, me critiquant sans cesse, allant jusqu'à me reprocher des faits imaginaires totalement dénués de sens. Quant à moi, je me sentais de plus en plus mal en sa présence, et quand j'essayais de lui parler calmement de cette situation absurde et déroutante, il me répondait avec une perversité non dissimulée dans la voix (et qui transparaissait à travers tout son être) qu'il ressentait un mal-être extrême en ma compagnie. Ce qui est tout de même un comble, personne ne le forçait à venir me chercher, il le faisait de son plein gré et en toute connaissance de cause, puisque j'avais été parfaitement claire avec lui. Tout dialogue devenait impossible. J'ai tenté de m'exprimer par écrit, mais quand je lui envoyais un texto ou un mail, il faisait exprès de ne pas me répondre, ne donnait plus signe de vie pendant des jours et des jours. Comme si je n'existais pas.
Cette forme de mépris m'a énormément heurtée. Moi qui suis déjà terriblement mal dans ma peau, qui n'arrive pas à me sentir "vivante", inutile de dire que face à un tel comportement je me suis sentie encore plus mal, déconsidérée, niée, comme si mon existence n'avait aucune valeur. Lui, en revanche, quand il envoyait un message si je ne lui répondais pas dans la minute il s'en offusquait et me reprochait agressivement mon manque de respect. Il poussait parfois le vice jusqu'à prétendre que je ne lui avais pas répondu (alors que j'avais les traces de mon envoi sur mon téléphone). Sa mauvaise foi et cette violence grandissante qui couvait en lui me consternaient.
Voyant la situation empirer sans espoir de retour au calme, j'ai donc mis fin à cette "relation" qui n'en était plus une depuis bien longtemps. Je lui ai indiqué que j'accepterais de le revoir seulement quand il se serait calmé. Ce à quoi il m'a répondu avec agressivité qu'il ne se calmerait pas, qu'il ne voulait plus jamais me revoir, que j'étais menteuse, malhonnête, manipulatrice, calculatrice (et j'en passe), que je lui cachais tout de ma vie, que sans nul doute j'avais une "vie secrète", des amants (ce qui expliquerait selon ses dires mon refus de me rapprocher intimement de lui).
Il savait au fond de lui que ses allégations étaient fausses, il connaissait l'ampleur de mon mal-être, mon incapacité à vivre socialement, à me faire des amis et encore moins des amants... Il savait très bien que j'étais dans un grand esseulement, dans une grande difficulté sur tous les plans, tant personnellement que socialement au sens large. Mais tout était prétexte à reproches et quand il n'avait pas de motifs il en inventait. Il m'a reproché également de l'avoir, je cite, "insulté et injurié de la pire manière qui soit", parce que j'ai osé lui dire que son comportement était "immature" (mot sur lequel il a profondément buté comme si c'était la pire insulte qui soit). Il me paraît évident qu'il a sciemment remué le couteau dans la plaie et a tout fait pour me faire sombrer. Même quand il me voyait au plus mal il refusait de lâcher prise et continuait à m'accabler tant et plus.
Je lui ai écrit par la suite de longs messages en vue de lui exprimer ce que j'avais pu ressentir et lui demander des explications. Messages auxquels il n'a jamais daigné apporter la moindre réponse. Ce que je trouve à la fois odieux, méprisant, et pervers. Ce que je ne cesse de me demander, c'est le pourquoi d'une telle attitude, pourquoi pousser une jeune femme qu'il considérait par le passé comme sa "grande soeur" au fond du trou en y trouvant un plaisir manifeste? Ai-je eu affaire à un pervers narcissique? Je suis profondément blessée par cette expérience délétère. Celui que je voyais comme un ami, comme un frère m'a traitée comme une moins que rien, allant jusqu'à nier mon existence. Comment un individu peut-il à ce point changer en l'espace de dix ans (c'est long d'accord mais ce n'est pas non plus une éternité et ça n'explique pas un tel changement!). Merci pour votre lecture attentive et pour me donner vos impressions face à cette sinistre situation.