Comment soigner la monophobie ?

Effectivement, si certain(e)s passent de très bons moments en leur propre compagnie, d'autres ont beaucoup plus de difficultés à être seul(e)s, se sentant tristes et abandonné(e)s. Comment vaincre cette peur de la solitude ? 

Lorsqu'on parle de solitude, on fait souvent bien la distinction : il y a le fait d'être seul(e) volontairement, mais de pouvoir se rattacher à un groupe social lorsque l'envie s'en fait sentir. Et il y a le fait d'être isolé(e), vraiment solitaire, comme c'est le cas par exemple de nombreuses personnes âgées. 

Des études scientifiques ont prouvé que la solitude accompagnée d'un sentiment d'abandon faisait baisser nos défenses immunologiques et monter la pression artérielles ainsi que le taux de cortisol (hormone du stress). Elle peut aussi avoir des conséquences physiques telles que surpoids, dépendance à la drogue ou à l'alcool ou encore troubles du sommeil. 

Pourquoi a-t-on peur d'être seul(e) ? 

La capacité à rester seul(e) se développe pendant l'enfance, mais celles et ceux qui ont peur de la solitude ont pu souffrir de carences affectives pendant l'enfance. Il a ainsi pu s'agir d'une séparation avec un parent (en général la mère) vue comme un traumatisme, que cette absence ait été réelle (voyage, hospitalisation) ou psychique (dépression, toxicomanie). Adultes, les personnes ayant souffert de cette carence ont besoin de savoir que les autres tiennent à elles, et n'ont pas pu intérioriser dans l'enfance le fait que leurs ami(e)s et familles puissent penser à elles, même en étant séparé(e)s par la distance. 

Certaines personnes ayant vécu une situation traumatisante en solitaire peuvent aussi avoir peur de se retrouver seules (ex : agression, avoir été suivi(e) dans la rue, etc.). La monophobie peut également être liée à la phobie d'une situation que l'on ne vit que lorsqu'on est seul(e) : peur du noir, peur du silence, ou encore peur de soi-même. Être avec quelqu'un d'autre évite ainsi d'être seul(e) avec ses angoisses. 

Si nous sommes de plus en plus connecté(e)s grâce aux réseaux sociaux, et que nous pouvons à tout moment correspondre avec nos ami(e)s à l'autre bout de la planète, il n'empêche que la moyenne d'ami(e)s proches par personne est passée ces dernières années de 3 à 1 ou aucun(e). 

Elsa Punset, autrice et philosophe, précise que cette absence d'amitié s'observe énormément chez les plus de 30 ans, et est un facteur favorisant la monophobie. 

Les médias et la société en général passent aussi énormément l'idée que l'on ne peut atteindre le bonheur qu'en société, que ce soit en famille, entre ami(e)s, ou encore mieux, en couple. Or, si on peut effectivement vivre de grands moments de bonheur auprès des personnes qu'on aime, il n'y a pas de raison pour que ne puisse pas en vivre également en solitaire. Au contraire, mieux vaut vivre de belles choses en solitaire plutôt que de se sentir obligé(e) de maintenir des relations sociales ou amoureuses creuses et qui n'apportent plus rien. 

Comment ne plus avoir peur d'être seul(e) ? 

Nous pouvons surmonter cette peur d'être seul(e), en sachant que c'est un processus long qui demande de l'engagement de notre part. Si toutefois cette peur de la solitude vous causait trop de souffrance, n'hésitez pas à prendre contact avec un ou une spécialiste de la psychologie qui pourra vous aider. 

Pour commencer, sachez que la peur d'être seul(e) est irrationnelle. Pour la contrer, plutôt que de vous tourner vers des relations sociales pas forcément épanouissantes ou enthousiasmantes, nous vous invitons à travailler l'estime de soi, la confiance en ses capacités et l'accomplissement personnel. 

• Valorisez la solitude ! Faire des choses seul(e) n'est pas synonyme d'ennui. Essayez de faire des activités par vous-même et félicitez-vous à chaque fois que vous l'avez fait : aller boire un café seul(e), aller au musée ou au cinéma, faire du sport, ou même lire un livre. 
• Profitez de vous-même : passer du temps avec soi-même permet de mieux se connaître et de réaliser à quel point on est une personne spéciale. S'éveiller à la connaissance réelle de soi passe par la solitude, c'est elle qui nous permet de prendre conscience de notre valeur et de développer l'estime de soi. Commencez doucement et en associant une émotion positive à la solitude : prendre un bain, écouter de la musique que l'on aime, lire... Débutez par quelques minutes de solitude, puis augmentez progressivement vos activités et votre temps en solitaire. 
• Vous êtes la personne qui importe le plus dans votre vie : vous êtes la personne au coeur de votre vie, vous devez vous laisser de la place pour vous épanouir et vous autoriser à être maître(sse) de votre vie. 

• Ayez confiance en vous : plus facile à dire qu'à faire, c'est vrai, mais se connaître, prendre confiance en soi et en ses aptitudes est une manière de mieux affronter la solitude.
• Rationnalisez votre peur : la peur de la solitude est irrationnelle, et pour mieux la désamorcer, vous devez identifier ce qui la cause. Il existe une cause logique à cette crainte, et la connaître vous permettra de mieux accepter les moments de solitude, et même d'en profiter en en tirant des bénéfices. Pour vous aider, notez tout ce que vous ressentez et les pensées qui vous viennent lorsque vous êtes seul(e).
• Laissez le passé derrière vous : il est possible que votre peur de la solitude trouve son origine dans des expériences passées, mais vous devez laisser derrière vous toute la charge de ces expériences qui influe sur votre présent (peur de l'abandon, rancoeur, haine...). Pardonnez et dépassez ces souvenirs, si besoin avec l'aide d'un(e) psychologue. 
• Ne pas être en couple pour être avec quelqu'un : nous connaissons tous et toutes dans notre entourage une personne qui reste en couple car elle ne veut pas être seule. Or, être en couple n'est pas une condition sine qua non du bonheur. Avoir besoin de la compagnie d'une autre personne n'est pas toujours synonyme de joie. 
• Être seul(e) et être à deux : même en couple, on peut avoir besoin de ses moments de solitude. Personne ne vous demande de tout faire ensemble, et il est même conseillé de prendre du temps pour soi, de vivre des expériences chacun(e) de son côté. 

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