Développer sa spiritualité dans le monde analytique est une nécessité
Cette ellipse d'une face de l'esprit, la spiritualité, emporte avec elle le monde dans sa totalité et cette absence se ressent dans les tréfonds de l'intériorité.
Le terme spiritualité fait souvent référence dans l'esprit de notre société à un autre temps, bien vieux, un jadis teinté de religion quand certains renvoient même à tort ce mot à une époque arriérée. C'est très violent. Dans notre temps contemporain entièrement réglé et minuté par l'analyse et l'intelligence, il n'est pas étonnant que l'acception de la spiritualité soit discordante avec ce l'on que peut nommer de manière littéraire : le monde morcelé et les représentations particulières que chaque scientifique construit dans la spécialité de sa science.
Les sciences analysent le monde
Chaque science analyse le monde, cela veut dire que toutes les sciences – et assez spécifiquement - quantitatives dissèquent le monde entendu comme naturel et physique. Tel physicien s'attaque à expliquer les phénomènes de telle fraction du monde, tel biologiste recherche des explications concernant l'homme conçu dans son corps seulement. Même les sciences humaines étudient un morceau de la réalité humaine. Le concept de monde qui n'est pas un simple concept ne fait plus recette.
L'homme dispose de deux capacités immenses de se rapporter à l'extérieur, à du non-moi : son intelligence entendue dans sa dimension analytique (que l'on retrouve dans les sciences quantitatives, les mathématiques, l'informatique, la physique, l'astrophysique, mais aussi la finance, le droit…) et sa spiritualité comprise comme visée de recul qui totalise et embrasse des touts, totalités synthétiques réfractaires à l'analyse. Le monde est une totalité qui ne se dissèque pas au sens de la spiritualité et est une expérience profonde de la pensée et de l'intériorité.
Le besoin latent de spiritualité
Les individus en souffrance qui expriment un besoin de spiritualité et qui ne le disent pas en ces termes sont d'abord des consciences qui subissent la privation du monde comme totalité car celles-ci n'ont eu que des expériences par la pensée d'un fragment de réalité, maigre portion de ce grand Tout qui ne saurait satisfaire le besoin latent de spiritualité et de sens. Il ne s'agit ici pas de négliger l'importance des apports de la science dans son versant analytique mais de déplorer que le versant complémentaire peu à peu disparaisse.
Cette ellipse d'une face de l'esprit, la spiritualité, emporte avec elle le monde dans sa totalité et cette absence se ressent dans les tréfonds de l'intériorité comme une sorte de manque premier et fondamental qui ne trouve aucune satisfaction rassurante dans ce que chaque science particulière amène en guise de réponse. Cette perspective contemporaine de notre société tend à adosser l'homme à sa propre condition humaine sans jamais faire volte-face, sans jamais par réflexivité se réapproprier ce qui fait l'ampleur de sa conscience capable de viser bien plus qu'elle-même.
Ces quelques considérations doivent inviter à réinvoquer la spiritualité de l'homme pour qu'il puisse s'extraire de lui-même et faire des expériences plus ultimes, cruciales et profondes, engageant son intériorité bien au-delà de l'immédiat vécu ici et maintenant dans une partie partielle de réalité scientifique, sociale, économique, historique et politique.
Cette amputation forcée et non consentie de la spiritualité – vue synthétique de l'esprit - dans la marche forcée des sciences analytiques vers le progrès a généré une angoisse existentielle intime : la propension au développement scientifique du XXème siècle a enfanté au siècle suivant le désarroi fondamental inaperçu d'individus qui souhaitent guérir de cette myopie dont traite la psychologie existentielle-humaniste.
Photos : Shutterstock
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