La conception des troubles mentaux dans l'Histoire : résumé synthétique

Depuis la grèce antique, la conception des troubles mentaux a évolué, et a suivi plusieurs pistes d'exploration, parfois révolues, parfois ayant évolué vers la psychologie actuelle.

6 AOÛT 2024 · Dernière modification: 4 SEPT. 2024 · Lecture : min.
La conception des troubles mentaux dans l'Histoire : résumé synthétique

Aux 5ème-4ème siècle avant J.-C., Hippocrate a rédigé La théorie des humeurs en décrivant le rôle de la bile noire dans les cas de mélancolie par exemple, mais aussi la vision d'un « mal » à soustraire à l'esprit des primitifs. Cela est encore parfois vrai, dans certaines peuplades actuelles.

Jésus chez les chrétiens est apparu comme un guérisseur de l'âme comme du corps. La sorcellerie est associée au Moyen-Age, aux désirs charnels perçus comme diaboliques et concernant la femme. En 1537, Jean Ciudad a créé le premier hôpital où les « fous » sont traités avec humanité, ce qui engendre plus tard l'ordre de St-Jean de Dieu qui organise des hôpitaux à plus grande échelle, notamment en France après la révolution.

Pourtant, au 17èmes et 18èmes siècles, les « fous » sont encore, bien souvent, enfermés, et enchaînés sur de la paille. Le 19ème siècle voit fleurir en littérature ou en peinture le romantisme, qui exalte le goût du mystère et du fantastique, et permet la libre expression de la sensibilité cherchant le rêve dans l'exotisme ou la nostalgie.

Les poètes et auteurs de ce siècle laissent une trace indélébile de leur psyché tourmentée, terreau fertile pour les chercheurs en psychiatrie et psychologie. Paul Verlaine (1844-1896) nourrit une relation violente avec sa mère, déplore une relation non nourrissante avec son père, il tente à plusieurs reprises d'assassiner sa mère, se marie mais demeure violent avec son épouse, puis entretient une relation homosexuelle avec Arthur Rimbaud. Il est alcoolique et meurt à 51 ans.

Ses poèmes Saturniens, entres autres, peignent la mélancolie, l'angoisse. Il serait intéressant d'étudier la période oedipienne pour comprendre la construction conflictuelle avec sa mère, l'amour de son père et l'identité sexuelle de Verlaine, par exemple, et son rapport violent aux femmes. Il admire Charles Baudelaire, son aîné (1821-1867) qui a écrit le « spleen de Paris » par exemple où il dépeint la mélancolie.

Guy de Maupassant (1850-1893) peint dans la Maison Tellier, le Horla, les hallucinations de la folie. Il est également alcoolique et est interné en asiles d'aliénés à plusieurs reprises. Il meurt, de démence, à l'âge de 42 ans, après 18 mois d'inconscience dans la clinique du Docteur Blanche, à Paris 16ème. Dans ce contexte, la psychologie prend un essor fulgurant, avec Charcot (1825-1893) neurologue et professeur de Freud, Bleuler (1857-1939), et enfin Freud (1856-1939) dont les concepts et théories psychanalytiques vont essaimer le monde entier et révolutionner la psychologie dans son acception générale.

Le trouble mental des 17ème et 18ème siècle qui a fait apparaître des asiles où l'on enferme les « fous » est totalement révolutionné par Freud et son approche psychogène de tout désordre de la psyché. En parallèle, les thèses eugénistes, ou tout du moins génétiques et organicistes permettent de mettre en exergue des causes chimiques, de nature endogène dans certains troubles du comportement, de la personnalité, de la psyché humaine.

Troubles mentaux dans l'Histoire

Ainsi, les deux disciplines, psychiatrie et psychanalyse vont faire taire des siècles de paganisme où la « folie » est considérée comme l'œuvre du diable, siècles durant lesquels l'inquisition a brûlé nombre d'hérétiques. La rationalisation des troubles naît vraiment à cette époque, fin de 19ème siècle et début du 20ème siècle (1890-1920). Une deuxième révolution apparaît avec la reconstruction de la France après 1945 et sa recherche d'indépendance, son originalité en matière de solidarité avec la création de la Sécurité Sociale, et bien d'autres aspects encore ont produit une expansion démocratique de la médecine et de la psychiatrie.

Avec la mise au point des neuroleptiques comme premiers psychotropes sédatifs en 1942, puis des antidépresseurs en 1957, les « Asiles d'aliénés », devenus dans les années 30 « Hôpitaux psychiatriques », ont été requalifiés en « Centres Hospitaliers Spécialisés » ou « Centres Psychothérapiques » à partir des années 60.

La médicalisation de la psychiatrie permet la création des institutions médico-judiciaires, médico-sociales, extension du secteur privé, politique de Secteur (Livre blanc de la psychiatrie) ; pratiques de la psychanalyse et de la psychothérapie. Le contexte des années 60 et 70 devient propice à la formation et à la pratique d'une psychiatrie hors des murs de l'hôpital, avec la création du Secteur public (institution d'État), avec le développement du secteur privé et aussi du secteur médico-social avec l'apparition par exemple des CMP (Centre médicaux psychologiques).

Le travail psychothérapique de Secteur public se conjugue alors avec la création de Cabinets privés de psychiatrie et psychanalyse. Une nouvelle génération de la psychiatrie, dynamique, créative, inspirée par la psychanalyse et ses disciples freudiens apparaît peu à peu. Les « aliénés » deviennent des schizophrènes, des autistes, des psychotiques. La terminologie psychiatrique amorce très timidement une forme de déstigmatisation bien que la psyché collective parle encore de « fous » aujourd'hui en 2024.

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Écrit par

Robert Françon

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Bibliographie

  • Yves Pélicier : Histoire de la psychiatrie

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