La transmission transgénérationnelle

Tristesse, dépression, angoisse, situations répétitives, empêchement, sensation de ne pas trouver sa place : et si ces difficultés faisaient partie d’un héritage familial inconscient ?

7 FÉVR. 2019 · Lecture : min.
La transmission transgénérationnelle

Certains patients, vivent des difficultés et malgré un travail thérapeutique ne parviennent pas à en identifier l’origine ni à en guérir. La clé de l’énigme pourrait se trouver dans leur histoire familiale, dans l’héritage de traumatismes, sans en être conscient.

Si l’on s’intéresse à ses éventuelles transmissions transgénérationnelles, on croise immanquablement un écrit de Anne Ancelin Schützenberger (psychanalyste, Enseignante en psychologie clinique à l’université de Nice) qui créa le concept de Psychogénéalogie. Bien que le concept d’inconscient collectif et familial fût déjà évoqué par Freud en 1913 dans son ouvrage « Totem et Tabou » et plus largement développé à la même époque par Karl Gustav Jung c’est bien à Anne Ancelin Schützenberger que nous devons la théorie de la Psychogénéalogie et son application pratique.

La Psychogénéalogie pose le principe de l’existence dans une famille de règles de loyauté, d’injonctions, de permissions et de non-dits, qui fixent le rôle et les obligations de chacun dans le système familial mais également de la transmission transgénérationnelles des traumatismes familiaux. En naissant nous recevons un "grand livre" des dettes, des mérites, des valeurs, des règles, des missions de la famille. Nous devrons faire fructifier ce patrimoine, en régler les dettes, en perpétuer les valeurs.

Il est important de différencier la transmission intergénérationnelle (entre générations se connaissant) et la transmission transgénérationnelle (sur plusieurs générations parfois lointaines) la première est consciente et transmet l’histoire, l’identité familiale. La seconde est inconsciente et transmet ce qui est tenu secret, souvent un traumatisme ou un deuil non résolu, mais encore actif.

Le processus d’identification d’un traumatisme transgénérationnel

La mise en lumière d’un traumatisme transgénérationnel se fait lors de consultations en Psychogénéalogie qui comporte la création et l’étude du génogramme du patient. Le génogramme est une représentation graphique de l’arbre généalogique. On y pose les différentes générations qui se sont succédées (3 à 7) avec :

  • Le nom,
  • Les prénoms,
  • Les dates importantes (de naissance, mariage, divorce, décès),
  • Les maladies,
  • Les professions.

Une fois cette première étape franchie, le génogramme se transforme en génosociogramme. C’est-à-dire que sur le génogramme ont vient poser les faits de la vie de famille :

  • Les accidents,
  • Les naissances en prenant le soin de mentionner les IVG, les fausses couches, les enfants adultérins ou morts en bas-âge,
  • Les suicides,
  • Les maladies graves,
  • Les séparations,
  • Les remariages
  • Les événements et faits marquants : guerre, immigration, faillite, inceste, alcoolisme, abus…
  • Les liens familiaux : rancune, colère…

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Le génosociogramme établit, permet de mettre en évidence les légations transgénérationnelles (secrets de famille, non-dits, conflits familiaux non résolus, deuils non faits, injustices, déracinements, tout ce qui a été inachevé, non digérés par nos aïeux et qui créé chez le patient un héritage invisible) ces légations qui peuvent être à l’origine de la difficulté.

Dans le génosociogramme, la transmission transgénérationnelle d’un traumatisme se matérialise par la mise en évidence :

  • D’un syndrome d’anniversaire : répétition transgénérationnelle d’une date ayant joué un rôle important sur un ou plusieurs membres de la famille (par exemple un homme à la tête d’une entreprise pourra être à date anniversaire en faillite pour respecter la faillite de son aïeul),
  • Du contenu du Contrat de naissance : ensemble des projections parentales et familiales sur le rôle qu’un nouveau née doit tenir dans son système familial, ce contrat donne à la personne des obligations inconscientes limitant ou encadrant sa trajectoire de vie (par exemple un enfant dont le contrat est de reconstituer la fortune familiale se verra inconsciemment obligé de se diriger vers un métier lui permettant de remplir son contrat).
  • Des loyautés invisibles : règles inconscientes qui constituent un code familial que chaque membre doit scrupuleusement respecter et qui influence largement sa vie (une personne peut s’interdire inconsciemment d’avoir une vie amoureuse harmonieuse ou de sortir d’une dépression pour respecter une loyauté familiale).
  • D’un fantôme : une trajectoire de vie interrompue de manière « injuste » (mort de guerre, assassinat, …) pourra être transmise à un nouveau-né afin dont la trajectoire de vie sera de «réparer» l’injustice.

Comment se libérer avec l’analyse transgénérationnelle ?

Dans certains cas, l’identification et la prise de conscience d’un héritage transgénérationnel peut suffire à libérer le patient de sa difficulté. Cependant, il est parfois nécessaire d’approfondir les aspects de l’histoire qui ont émergés durant les séances en Psychogénéalogie par une Analyse Transgénérationnelle. Cette dernière permet de poursuivre la libération en approfondissant l’impact sur la personne mais également de rompre ou restituer les liens transgénérationnels problématiques. Le travail en constellation familiale peut également être un complément efficace à la libération de l’héritage psychologique familial.

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Comment savoir si un travail en psychogénéalogie peut vous convenir ?

Répondez aux questions ci-dessous :

  • Êtes-vous curieux de votre histoire personnelle et familiale ? oui / non
  • Avez-vous quelques fois la sensation que des secrets/non-dits existent dans votre famille ? oui / non
  • Avez-vous, sur certains aspects de votre vie, un sentiment de répétition sans pouvoir trouver de solution ? oui / non
  • Avez-vous la sensation fréquente de ne pas trouver votre place dans votre famille et de manière générale ? oui / non
  • Vous avez déjà effectué un travail thérapeutique qui ne vous a pas permis de dépasser votre difficulté ? oui / non

Si vous avez une majorité de « oui » aux questions ci-dessus, le travail en psychogénéalogie pourrait être indiqué pour vous. 

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Christine Courtois

Psychopraticien en Relation d'Aide certifiée, spécialisée en Psychogénéalogie de l’institut Cassiopée à St Leu la Forêt, elle consulte à son cabinet de Saint Leu la Forêt. Son approche thérapeutique est un face à face. Cette thérapie repose sur le postulat selon lequel chaque individu possède la faculté d'évoluer au mieux de ses possibilités.

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Commentaires 7
  • Marie du 53

    Bonjour, j'ai vécu 3 deuils, mon père, mon mari et un petit -fils. Je me pose une question, ma mère à été veuve trois fois, elle est deuxième dans sa fratrie. Moi je suis deuxième dans ma fratrie, j'ai perdu mon mari. Mon deuxième fils à perdu son fils qui était son deuxième enfant également ! Qu'est ce que cela signifie ? Cordialement Mme Leroi Maryline.

  • Corinne

    Bonjour , les femmes de notre familles ne reste pas en couple je penses que peut-être es ce dû au parcours de ma grand-mère qui a laissé mon grand père qui s en est suicide et ensuite elle s est remariée avec un monstre et est morte à son tour d une pneumonie

  • Anne

    Très intéressant, je suis en train de démêler tout cela, avec des maladies psychiques sur au mins deux générations. Pense- vous que la maladie psychique puisse se retrouver dans une famille , et comme le diabète il peut y avoir un terrain favorable dans cette famille ?

  • Chloé

    Existe-t-il des psychologues utilisant l'approche transgénérationnelle dans la ville de Québec ?

  • Tatounette

    Je suis une psychothérapie, il semble que je porte le poids d'un héritage complexe. Dans la lignée de mon père ( des suicides, des décès précoces, des remariages..) Dans la lignée de la mère, des générations de fils et filles uniques. Alors que l'an a donné naissance à 3 enfants dont je suis l'aînée. Je vis dans une maison de famille, ou mon arrière grand mère semble t il s'ennuyait. Moi, j'y ai vécu avec mon ex concubin violent. J'ai quitté ma maison a czuse de ces violences ( conscient), aujourd'hui je dois retourner y vivre seule, j'ai peur de m'y ennuyer. Je n'ai pas d'autre solution. Je suis hébergée chez mon frère depuis 3 ans. Cette maison je l'aimais, je l'ai rénovée 2 fois. Je l'aime encore mais peut d'y vivre seule ( je n'ai pas eu d'enfant) j'ai 63 ans. Est ce normal ?

  • safraval

    Très bel article... J'ai moi même participé à plusieurs Constellations familiales... Merci ! Franck (88)

  • Cath Bargo

    Très intéressant ! Merci pour cet article.

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