L'autisme selon Kanner : Les différents types

Les symptômes liés à l'autisme sont répertoriés par Léo Kanner, durant la guerre, en 1943, ils présentent trois caractéristiques essentielles.

6 AOÛT 2024 · Dernière modification: 4 SEPT. 2024 · Lecture : min.
L'autisme selon Kanner : Les différents types

Les symptômes liés à l'autisme sont répertoriés par Léo Kanner, durant la guerre, en 1943, ils présentent trois caractéristiques essentielles.

Les différents types d'autisme selon Kanner

Leo Kanner, psychiatre américain (1894-1981), a décrit en 1943 le spectre autistique de manière exhaustive, en retenant trois caractéristiques majeures de l'enfant autiste :

1. Une grave et précoce altération des modalités de contact avec le monde extérieur (isolement, retrait), que ce soit avec des personnes comme les propres parents, ou les objets.

L'enfant ne met pas en place d'activités ludiques habituelles, il remplace ces jeux par des manipulations stéréotypées d'objets, ou des mouvements rythmiques du corps. Pour le nourrisson, cette altération se manifeste par un calme olympien, sans affects particuliers, sans pleurs, parfois des cris, sans sourires au stade oral primitif, avec un visage indifférent, sans élan affectif non plus, sans peur de l'étranger dans le stade oral-sadique.

L'enfant n'échange pas de regard, par exemple, avec sa mère ni ne cherche de réconfort auprès d'elle en situation de détresse. Il fuit les croisements de regards en général, il est comme absorbé par un « ailleurs ». L'individuation ne se fait pas après le sixième mois, le bébé ne délimite pas l'espace entre soi et autrui. Par exemple, il utilise la main de sa mère pour prendre un objet, car il perçoit cette main comme un prolongement de son être. Il peut se taper la tête, se raidir comme un caillou (immobilisation, congélation, pétrification) et présente une sorte d'apathie qui pourrait s'apparenter aux symptômes de la dépression. Il ne se lie pas avec les autres enfants, ne joue pas, reste seul dans un coin, immobile, et son angoisse est forte si on l'amène à jouer en société ou à se mêler aux autres.

Il peut devenir violent et frapper ses frères et sœurs ou s'automutiler. Cette altération du contact avec l'extérieur se perçoit dès les premiers jours du nourrisson et va généralement crescendo durant la première année de vie, sans intervention d'équipes spécialisées. En grandissant, l'enfant autiste présente peu ou pas d'empathie. Toutefois, ce retrait et repli sur lui-même, mécanisme de défense absolu contre le monde extérieur, peut évoluer : lorsqu'une équipe permet d'ouvrir un espace dans le retrait où se terre l'enfant, alors surgissent des potentialités, c'est le cas des enfants accompagnés par des équipes qui sont très actives et l'accompagnent quotidiennement durant des années.

Une remise en liaison avec le monde extérieur peut s'effectuer par des activités créatrices où l'enfant prend plaisir à participer. Certains autistes évoluent favorablement, malgré l'emploi d'un langage parfois inadapté (idiosynchrasie) : ils retrouvent un circuit scolaire classique, et réussissent leurs études, leur vie professionnelle et parfois une vie affective. Toutefois, ces cas demeurent rares. Des troubles moteurs peuvent apparaître également tels que : démarche un peu gauche, des sautillements, une marche avec les bras écartés...

2. Des troubles graves du langage, allant du mutisme (pas de langage du tout), à des anomalies de structuration.

Il peut crier ou émettre des sons de râle, imitant des animaux, mais aussi, en grandissant, répéter systématiquement les derniers mots des adultes (écholalie). Dans 75 à 80 % des cas, ce trouble est associé à un retard mental très marqué, avec un QI inférieur à 70. Dans très peu de cas, les autistes présentent des capacités de mémorisation visuelle ou/et auditive au-dessus de la norme, avec une aptitude pour la musique, le dessin, le calcul mental. : le syndrome du savant représente un cas pour 2000 autistes. Sur une population d'autistes d'environ 35.000 personnes en France, cela représente 18 autistes présentant ce genre de « génie » de mémorisation.

La capacité de conceptualisation et d'analyse demeure faible dans tous les cas, la créativité quasi absente mais la capacité de reproduction parfois fascinante. Enfin, dans les cas d'autisme Asperger, le niveau de langage est assez bon, le retard mental ne concerne que 20 % des individus, le QI est normal pour les autres.

3. Un besoin d'environnement toujours identique, sans changement, c'est un besoin d'immuabilité.

Un changement de place d'objets ou d'un vêtement peut générer une forte angoisse. L'enfant vérifie de manière obsessionnelle la place de chaque objet. Lorsqu'une équipe d'éducateurs parvient à guider l'enfant vers d'autres sources d'intérêt, il peut alors à se détourner de ses ritualisations répétitives, stéréotypées, rigides et codifiées. Des crises épileptiques caractérisent aussi bien souvent les enfants autistess, et surgissent également à l'adolescence dans 20 à 30 % des autistes restés indemnes de ce symptôme durant l'enfance. Adultes, ces autistes demeurent très dépendants d'un petit groupe social toujours identique, souvent leur famille ou leurs éducateurs, et leur vie sociale ne s'étoffe jamais.

Concernant les troubles autistiques, les psychiatres s'accordent à penser que leur origine repose sur la génétique, la neurobiologie, la cognition, mais aussi la psychologie, mais aucune certitude n'est acquise. En ce qui concerne la partie psychologique, la dépression maternelle durant la grossesse comme après, ainsi qu'un manque de soutien du père à la mère, pourraient entraîner une altération des interactions précoces entre la mère et le nourrisson et ainsi à une viciation du développement affectif et/ou cognitif.

Les mères semblent présenter un isolement et une solitude fortes lors des grossesses et après l'accouchement, et perçoivent celui-ci comme une perte d'une partie vitale d'elles-mêmes. L'autisme serait alors une manière de se comporter particulière avec pour visée de protéger l'enfant contre une désorganisation par de trop grandes excitations venues de l'extérieur, mais aussi de la souffrance intolérable et insurmontable liée à la séparation, sentie par hypersensibilité durant la grossesse et le début de vie du nourrisson.

Les différents types d'autisme selon Kanner

Le déficit de communication serait alors une conséquence de l'altération précoce du lien à la mère, et non un trouble inné. L'enfant autiste utiliserait ainsi des manœuvres défensives pour éloigner ces dangers de séparation et de sollicitations extérieures. L'enfant ferait alors « le mort » pour se protéger d'une angoisse insupportable de la séparation corporelle avec sa mère, peurs d'abandon et terreurs archaïques (perte de sens de l'existence, peur des prédateurs). Il s'agit là d'un mécanisme animal où celui-ci joue le « mort » lorsqu'un prédateur le menace. Le débat reste ouvert dans le monde médical. Aussi, la prise en charge de ces désordres peut être exercée par plusieurs appuis :

  • Médicaments (notamment sédatifs, mais aussi la lévomépromazine qui prévient l'automutilation), programmes éducatifs et pédagogiques,
  • Psychothérapies individuelles et/ou institutionnelles (hôpital de jour, institutions privées telles qu'internats ou autres structures spécialisées pour
  • L'autisme telles que des centres d'accueil à temps partiel, peu nombreux en France encore en 2022).

Les institutions permettent un travail d'équipe en lien avec la famille, ce qui améliore la situation de l'enfant dans 50 % des cas, mais la situation est le plus souvent peu évolutive avec un état d'arriération mentale et un langage inexistant ou peu structuré. La scolarité n'est pas possible dans la plupart des cas. La psychothérapie est également dirigée vers la famille qui nécessite du soutien pour accompagner leur enfant et mieux comprendre le handicap afin d'agir au mieux dans toute situation qui les prend au dépourvu.

Selon Ph.J.Parquet, professeur de psychiatrie infantile à l'Université de Lille, et J. Hochmann, professeur de psychiatrie à Lyon, Université Claude Bernard, l'autiste peut, dans certains cas, réintégrer la société si l'intervention des équipes spécialisées se fait au plus tôt. L'évolution favorable n'est pas totalement impossible. Dans un programme pédagogique, l'enfant autiste aura tendance à se replier sur des activités répétitives qui maintiennent à l'écart ses angoisses de morcellement ou désintégration intérieur(e)s.

Toutefois, avec persévérance, l'objectif est de l'amener à une créativité et par conséquent vers un espace non immuable de son univers. Ainsi, les blocages peuvent être levés partiellement lorsque l'enfant sort de son univers aux codes fixés et rigides et que des opportunités sont données à son appareil psychique de travailler différemment. Un travail de différentiation entre lui et autrui attire l'enfant hors de sa forteresse intérieure et lui permet d'accepter un échange avec l'extérieur et de créer un espace de symbolisation propre au langage, bases de cette différentiation et du processus d'individuation.

Au final, sur une population adulte, 70 à 75 % des autistes vivent en institution, 5 à 20 % sont autonomes, et les autres semi-autonomes. 15 à 20% gagnent de l'argent. Enfin, selon F. Tustin qui travaille à l'association des psychothérapeutes d'enfants à Londres, il est dangereux de ne privilégier que des causes psychogènes à l'autisme. Cela signifierait qu'un signal d'espoir serait donné à toute famille, et cet espoir serait dans la plupart des cas, déçu. Ce serait également prendre le risque de faire porter une culpabilité insupportable aux mères qui seraient à l'origine du délaissement de leur enfant et de leur froideur affective, même si le discours des psychiatres tend à ne pas condamner ni accuser les parents…

L'accompagnement des parents et leur participation à l'effort d'éducation de leur enfant doivent s'opérer avec délicatesse avec un langage précautionneux qui ne les condamne pas mais en même temps les responsabilise dans leur action participative à un mieux-être de leur enfant : les causes psychogènes ne doivent pas effacer d'autres causes organiques par exemple. Tout est à nuancer sur les causes de l'autisme et les questions demeurent ouvertes.

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Écrit par

Robert Françon

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Bibliographie

  • Pascal Lenoir, Joëlle Malvy, Christèle Bodier-Rethore : L'autisme et les troubles du développement psychologique
  • Philippe-Jean Parquet, Claude Bursztejn, Bernard Golse : Soigner, éduquer l'enfant autiste ?

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