L’interdit du toucher et les limites de soi
L'interdit primaire du toucher "impose une existence séparée à l'être vivant en voie de devenir un individu".
Il interdit le retour dans le sein maternel, retour qui ne peut plus être que fantasmé". "L'interdit secondaire du toucher s'applique à la pulsion d'emprise : on ne peut pas toucher à tout, s'emparer de tout, être le maître de tout. " Créer-Detruire, D.Anzieu, p.240,241, Dunod).
"Jusqu'à l'instauration de l'interdit du toucher, le psychisme enfantin tend à confronter entre elles et entre eux les parties du corps propre, les objets environnants, animés ou inanimés, et les régions de l'espace. Ce sont ces réalités que l'intérêt du toucher contribue à différencier : ton corps est distinct des autres corps ; l'espace est indépendant des objets qui le peuplent ; les objets animés se comportent autrement que les autres objets inanimés. Sans cet interdit, ces distinctions ne peuvent s'acquérir". " Créer-Detruire, D.Anzieu, p.240,241, Dunod).
Si les limites n'existent pas, si nous formerions un tout avec ce qui nous entoure, nous serions comblés de tout, nous perdrions le sens de l'espace et du désir, nous vivrions sans manque, nous ne pourrions pas sentir le soleil sur notre peau, apprécier le grand bleu du ciel, être bercés par les chants des oiseaux ou du vent dans les arbres et faire le plein d'un air pur et frais qui entre dans notre bouche et les parfums des arbres dans nos narines. La poésie perdrait tout son sens, les toiles des artistes leurs couleurs, il n y aurait plus de marche, plus de mouvement pour aller chercher ailleurs ce qui nous manque puisqu'il n'y aurait pas d ailleurs, pas d autres.
Je rebondis sur le fait que le cadre en psychanalyse inclut justement et entre autre la règle du non toucher. Cette règle là n a jamais empêché la rupture de la relation. Bien au contraire! La juste distance qui permet cette zone de sécurité tant pour l'analysant que pour l'analyste est nécessaire à la relation.
C'est le bon moment de ne pas confondre « distance » et « séparation », qui sont deux choses différentes. Ce n est pas parce qu on est éloignés qu on est séparés. Le lien, c'est symbolique. La distance aussi.
Le lien et les limites sont deux problèmes sociaux très actuels, nous les psy le savons bien avec chaque jours des troubles de l'attachement et des addictions importants dans les suivis. Il en est de même avec les débordements émotionnels, les passages à l'acte qui expriment une difficulté à contenir le système du penser cohérent et rationnel face à l'angoisse.
L'époque est franchement borderline. Repanser pour repenser le lien pour éviter régressions et brèches narcissiques, comme un air d'urgence, si l'on s'en réfère à la montée en puissance des doudous sous bien des formes dans une société contemporaine clairement voire de plus en plus addict et des passages à l'acte, la violence et le harcèlement de plus en plus questionnants sur les limites entre soi et l'autre.
« Les mots sont des vibrations sonores, les images des vibrations lumineuses, les sensations des vibrations de la chair, et en physique, une vibration est un espace ayant une existence réelle. Lorsque je prononce un son, un mot, je crée un espace vibratoire continu de ma bouche à votre oreille. Ce qui signifie que si nous ne vivions que dans des espaces vibratoires, si nous n'avions pas de corps, pas de matérialité, pas de toucher et pas d'yeux pour nous rendre compte, nous ne pourrions jamais nous vivre comme séparés les uns des autres ».
Citation de Françoise DOLTO « C'est la parole qui fait vivre »
Photos : Shutterstock
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