Comment changer de regard sur la sexualité après qqs mauvaises expériences ?
Bonjour,
Si j’écris ce message (un peu long, je m’en excuse), c’est parce que je me sens un peu perdue. J’ai 24 ans et j’ai commencé une nouvelle relation avec un homme de mon âge il y a 6 mois. Mon problème : mon rapport à la sexualité qui se traduit par une peur énorme, par des angoisses… J’aimerais qu’il en soit autrement mais j’ai l’impression que beaucoup de choses s’y opposent. C’est pourquoi vos conseils ne pourraient que m’aider à avancer, à y voir plus clair (un regard extérieur est souvent de bons conseils !).
Retour en arrière pour mieux comprendre : J’ai subi des attouchements pendant presque une année lorsque j’avais 13 ans (deux garçons qui se faisaient plaisir avec mon corps). 4 ans plus tard, harcèlement par le biais d’internet. Je recevais des messages semblables à des scenarii de films pornos (accompagnés d’insultes très humiliantes), des photos, des vidéos pornos … C’est à partir de ces expériences que j’ai construit ma vision de la sexualité. Vision qui, par conséquent, est assez négative (bien que sûrement erronée).
Par la suite, j’ai rencontré un homme qui avait huit ans de plus que moi et avec lequel j’ai bâti un semblant de relation de couple pendant un peu plus de 2 ans. 2 ans pendant lesquels j’ai été incapable d’avoir la moindre relation sexuelle. J’arrivais pourtant à avoir envie de lui mais uniquement lorsque nous étions physiquement séparés et que, par conséquent, il me manquait. Dès lors que je me retrouvais avec lui, je n’avais plus aucun désir. Si j’appréciais les moments où j’étais dans ses bras, la moindre caresse me paniquait totalement sans que j’arrive à identifier la raison de cette peur… J’admirais sa patience et sa bienveillance à mon égard dans ces moments-là : il ne connaissait rien de mon passé (j’avais trop honte pour lui en parler et j’avais peur que son regard change) et acceptait sans broncher que je le repousse sans cesse. Il était même rassurant. Je suis cependant tombée de haut quand j’ai appris qu’il entretenait une relation avec une autre femme et qu’il allait être père dans quelques mois. Culpabilisant énormément (comment avais-je fait pour ne rien voir ? Comment avais-je pu imaginer qu’un homme reste 2 ans avec une femme sans avoir la moindre relation sexuelle ? J’avais l’impression de l’avoir privé de deux ans de sa vie et contre toute attente, c’est moi qui me suis excusée), j’ai souhaité que la rupture se fasse sans aucune haine ni d’un côté ni de l’autre. Elle n’en fut pas moins douloureuse.
Quelques mois après, je rencontrais un homme de mon âge (de façon totalement virtuelle puisque mes copines lui avaient donné mon numéro mais nous ne nous étions jamais vus). Après 8 mois de discussion quotidienne, nous avons enfin réussi à nous voir et nous sommes rapidement tombés dans les bras l'un de l'autre. Cette relation actuelle est très différente de la précédente dans le sens où nous discutons énormément et de tout. La première fois que je suis allée chez lui, il m’a fait quelques caresses qui arrivaient beaucoup trop tôt à mon sens. Je l’ai donc repoussé et lui ai expliqué que j’avais eu des expériences qui m’avaient laissé un goût amer et que tout ce qui était sexuel me faisait réellement peur et qu’il me faudrait alors du temps. Il a accordé beaucoup d’importance à mes propos et m’a assuré qu’il prendrait le temps qu’il faudrait. 3 mois, 6 mois, 1 an s’il le fallait. Il me rassurait en me disant qu’on ferait les choses progressivement, étape par étape (dormir ensemble, se voir nus, se caresser, … jusqu’à une relation sexuelle « complète »). Mais les choses se sont passées différemment. Deux semaines après cette discussion, je passais la soirée chez lui. Tout allait très bien, on passait un bon moment, bisous, câlins, on était bien. Et puis, il m’a fait quelques caresses par-dessus les vêtements, je n’étais pas à l’aise avec ça et j’avais peur de l’évolution de ces caresses mais ça ne me dérangeait pas plus que ça. Au moment où il est passé sous les vêtements, je l’ai repoussé et je lui ai dit que c’était trop tôt. Il m’a dit que c’était une des étapes qu’on avait fixées et qu’il savait que j’étais capable de la franchir. Le mot « capable » était assez important pour moi. Je suis très exigeante avec moi-même et ne supporte pas l’échec. Alors je me suis dit que j’allais réussir cette étape. Je l’ai donc laissé faire. Il a voulu me déshabiller mais à mon sens, ça dépassait notre première étape. Au sien, non. Il souhaitait qu’on se retrouve tous les deux torses nus et qu’on prenne du plaisir à être peau contre peau et n'a pas vraiment accordé d'importance à mon refus. Premier moment de stress intense qui m’a fait réaliser que j’avais peur de la nudité. Je ne voulais pas qu’il voit mon corps, mes seins que je n’aimais pas. J’avais une grosse boule dans la poitrine. Après près de 10 minutes de négociation, j’ai fini par changer mon « non » en un « si tu veux ». Dans un premier temps, j’étais extrêmement mal à l’aise, je le lui ai dit et il m'a promis qu'il n'irait pas plus loin que ce peau à peau. Ses paroles et le fait de le sentir aussi excité, de le voir prendre du plaisir m’a rendue vraiment heureuse pour lui et, même si je n’avais aucun plaisir, je me suis détendue. Il l’a probablement senti et il est devenu beaucoup plus entreprenant. Ses gestes, ses caresses, son souffle ont déclenché une crise d’angoisse : je ne respirais plus, je ne bougeais plus, mes muscles se sont contractés d’un seul coup et j’avais les larmes aux yeux. Il l’a vu et me chuchotait des mots rassurants mais ne me lâchait pas pour autant. Je me suis libérée comme j’ai pu et me suis roulée en boule dans un coin. Il m’a laissé 5 bonnes minutes et est venu se blottir contre moi. Puis les caresses ont recommencé. Je lui ai dit que c’était trop tôt pour moi, que je le vivais mal, que ça allait trop vite même s’il était très doux mais à chaque fois il argumentait jusqu’à ce que je finisse par me taire et le laisser faire. C’est étrange mais c’est un peu comme lorsqu’on nous force à reprendre un morceau de gâteau. On dit non une fois, on enchaîne avec un non, ça va j’ai vraiment plus faim. Et puis lors de la 3ème invitation forcée à reprendre du gâteau, on finit par dire « allez, un tout petit bout alors ». Les enjeux ne sont pas les mêmes mais finalement, mon premier rapport sexuel s’est un peu joué comme ça nous conduisant petit à petit à la pénétration. Autre gros moment de stress qui s’est en plus fait dans la douleur. Je n’étais pas prête à aller jusque-là, j’étais très stressée, j’avais peur et j’avais mal. Je lui ai dit que ça suffisait pour aujourd’hui, qu’on essaierait une autre fois, je le poussais gentiment mais il avait d’autres arguments : la première fois, la douleur, c’est normal, ça ira mieux quand je serai passé. Ou alors, il ne faut jamais rester sur une expérience négative ou sur une erreur parce qu’après, on ne veut pas y revenir. Il n’a pas tort, rester sur du négatif, ce n’est pas l’idéal. J’ai essayé de me décontracter : je pensais à lui, au fait qu’il m’aimait et qu’il avait juste envie de partager un bon moment avec moi. Mais la pénétration restait douloureuse et impossible, j'avais envie que ça se termine et vite ! J’ai opté pour une autre solution : m’évader par la pensée. J’ai complètement fait abstraction de ce moment dans le lit et me suis imaginée sous l’eau, allongée tout au fond. Sensation étrange : mon corps était dans le lit et je sentais ce qui se passait mais je n'avais plus l'impression d'être dans mon corps. Quoi qu'il en soit, grâce à ça, la pénétration a été possible. Douloureuse, sans aucun plaisir, mais possible. Une fois ce moment terminé, il est parti dans la salle de bain et j'ai sauté dans mes vêtements avant de rentrer chez moi au plus vite. Je me suis sentie tellement minable, tellement faible et sale en fait. Je me suis rhabillée pour me cacher mais je n'avais aucune envie de poser mes vêtements propres sur mon corps qu'il avait touché, caressé, léché...
Par la suite, nous avons eu une discussion sur ce rapport. Je lui ai dit que c'était vraiment anxiogène pour moi et que je ne voulais pas recommencer pour le moment. Il s'est excusé, m'a dit qu'il n'avait pas pu résister et a fini par ajouter que c'était de ma faute et que mon "non" n'était pas assez clair et que si je lui avais crié dessus, il aurait mieux compris. Il m'a même reproché de n'avoir pensé qu'à mon plaisir en refusant de lui faire une fellation. J'ai alors beaucoup culpabilisé. Finalement, il n'avait pas tort : il a eu ce qu'il voulait uniquement avec des mots, il n'a jamais été violent. Certes j'ai dû lui dire une quinzaine de fois que je voulais qu'il arrête, que je ne voulais pas qu'il aille plus loin mais je ne me suis pas réellement débattue.
Nous avons eu 2 autres rapports dans les mêmes circonstances. Il ne prenait même plus le temps de me caresser, il me déshabillait, se faisait plaisir (pour moi, c'était réellement douloureux) et c'était fini.
Je ne l'ai pas vu depuis 3 mois : je me suis réfugiée dans le travail et accepte de plus en plus de travail pour ne pas avoir à y penser et pour ne pas avoir de temps à lui accorder, pendant mes périodes de vacances, je suis systématiquement malade (hasard ? je n'en suis pas sûre). Et pourtant, je n'arrive pas à le quitter. C'est juste une question de peur : peur de le faire souffrir, peur de ne pas trouver mieux (oui ... j'ai beaucoup d'estime pour moi-même [ironie])
Pourquoi vous dire tout ça ? Parce que j'ai besoin et envie d'avancer, besoin de comprendre et de dépasser surtout ce blocage sexuel. Je voudrais avoir une vie tout à fait ordinaire et ne plus ruminer en permanence (ce qui serait, d'après mes médecins, en partie responsable de problèmes de santé et de sommeil que je me traîne depuis 10 ans). Mais je ne sais pas exactement comment m'y prendre pour avoir une sexualité épanouie et épanouissante.
Bien sûr, j’ai quelques idées quant aux causes éventuelles de ce blocage :
- Mes expériences passées qui font que j’ai tendance à voir les relations sexuelles comme un rapport entre dominé / dominant. Je ne me suis jamais sentie femme dans ce genre de moments mais plutôt objet. Je me sens honteuse à chaque fois que j’éprouve du désir et même sale dès qu’on me touche … C'était déjà le cas avant mon expérience sexuelle avec mon dernier copain mais c'est pire aujourd'hui.
- La peur de la nudité : manque de confiance en soi, beaucoup de complexes …
- La peur du lâcher prise : j’ai besoin de tout contrôler dans ma vie, d’être performante, d’être la meilleure (sans pour autant avoir un esprit de compétition, je ne cherche pas à écraser les autres mais je me fixe des objectifs toujours très hauts et même lorsque je les ai atteints, je ne suis pas satisfaite de moi-même). J’ai créé une sorte de coquille impénétrable, je me réfugie derrière un éternel sourire qui ne laisse voir aucun sentiment, aucune de mes émotions alors que je suis une véritable éponge. Mais tout est sous contrôle, en permanence.
- La peur de la pénétration
Pouvez-vous m'aiguiller ? Que faire ? Comment avancer ?
Mon texte est encore plus long que ce que je pensais… Je me suis dit que la parole serait peut-être libératrice et que ce serait peut-être une première étape pour aller mieux.
Je vous remercie par avance d'avoir pris le temps de me lire et pour votre réponse qui ne pourra que m'aider.
C.