Conflit avec ma fille, famille recomposee
Bonjour,
Excusez la longueur et les détails, j'espère que ça favorisera la compréhension. Je suis mère de 4 enfants, dont 3 d'une première union. Ma fille aînée (13 ans depuis peu) m'en veut d'avoir quitté son père (avec qui elle est presque fusionnelle) et encore plus de former aujourd'hui une famille recomposée avec mon compagnon et ses deux ados. Je vais résumer ce qu'on vit depuis près de 4 ans:
- Dans les mois qui ont suivi la séparation, puis quand j'ai commencé à organiser des rencontres entre mon nouveau compagnon et mes enfants, elle était calme et ne semblait pas réagir négativement. Elle a accepté garde alternée avec mes deux fils un peu plus jeunes (j'avais un peu peur qu'elle demande à rester complètement avec son père vu qu'ils ont plus d'affinités). Elle ne semblait pas trop vouloir discuter du sujet;
- Quand mon compagnon et moi nous sommes installés ensemble et que nous avons eu un petit garçon (qu'elle n'est pas venue voir à l'hôpital et qu'elle refuse tjs de regarder), la situation est devenue progressivement infernale. Avec mon compagnon nous avons les mêmes valeurs éducatives donc nous avons décidé d'appliquer les mêmes règles à tous, de discuter souvent tous ensemble, et vraiment de créer du lien chacun avec les enfants de l'autre et pouvoir aussi faire respecter les règles, tout en respectant quand même le rythme des enfants et en excluant d'avance les punitions humiliantes, à rallonge ou trop sévères.
- Ma fille a commencé par de l'opposition passive à toute consignes de mon compagnon, puis de moi même, puis est passée à des provocations de plus en plus importantes, des insultes, un peu de violence physique aussi et des crises de colère (avec plaques rouges sur le visage, tremblement, hurlements, pleurs) qui laissent tout le monde terrorisé. Lors d'une discussion tous ensemble, on a notamment convenu d'un petit roulement pour mettre et débarrasser la table. Elle a dit qu'elle n'avait pas choisi de vivre avec tant de gens donc qu'elle refusait de participer. On lui a dit que les règles s'appliquait à elle aussi, qu'elle vivait en communauté, qu'elle ne pouvait pas toujours faire tout ce qu'elle veut, que ça ne servait à rien de se braquer dans une attitude pareille, que ça faisait du mal à tout le monde et à elle aussi . Elle a décrété qu'elle mangerait seule et plus avec nous, et juste des choses qu'elle ramène de chez son père et ses gd parents (des boîtes de maquereaux, de sardines, des pommes, des macédoines de légumes...) donc qu'on ne pourrait pas lui reprocher de ne pas participer. En fait après l'école elle allait manger chez ses grands-parents ou chez sa grande tante - qui est aussi sa marraine - avec son père et ne revenait que vers 21h, sans mon accord, elle me prévient par sms mais c'est tout. D'où de nouveaux conflits, car nous avions fixé à 21h30 l'heure du coucher pour les filles (la mienne et celle de mon compagnon qui ont à peu près le même âge), ce qui me semble une belle heure en période scolaire, et à 20h30 l'heure où les écrans doivent rester en bas, règles jamais acceptées ni respectées non plus par ma fille. Ma fille est traitée en enfant roi chez son père et dans la famille de son père - argent, vêtements, libertés... - et ne comprend pas que je veux lui transmettre des valeurs comme se respecter, avoir une bonne hygiène de vie, rendre service, surmonter les difficultés, vivre en communauté, s'exprimer librement mais en respectant les autres... Ça ne me semble pas être dépassé! Malgré tous ces conflits, mon compagnon n'est pas du tout méchant avec ma fille: il évite simplement d'intervenir vu la méchanceté des réactions. Mes beaux-enfants en ont voulu à ma fille quelques temps car elle avait insulté mon compagnon et lui avait lancé de l'eau après; et c'est leur père qui leur a dit qu'il ne fallait pas lui en vouloir, qu'elle vivait vraiment mal la situation, qu'il fallait lui laisser du temps, qu'elle n'est pas comme ça en temps normal...
- Elle est devenue froide et agressive avec ses deux frères car elle leur reproche d'apprécier mon compagnon. Mes fils font beaucoup d'activités sportives avec mon compagnon et ses enfants, vont dans la famille de mon compagnon... Ils disent spontanément qu'ils aiment bien mon compagnon car ils font plein de choses avec lui et que même s'il n'est pas leur père il est toujours là pour eux. Et ça ne les empêche pas d'aimer leur père, même s'il fait une nette préférence pour notre fille.
- Avec ma belle-fille (la fille de mon compagnon), elle a d'abord appliqué le même "traitement" d'indifférence qu'à mon compagnon. Plusieurs fois ma BF m'a confié sa tristesse de cette situation et son envie de développer une complicité fraternelle ou au moins amicale avec ma fille. Je lui ai conseillé d'en parler directement avec ma fille, vu que sa colère est dirigée contre nous et non vraiment contre ma BF. Depuis quelques mois ma BF va de temps en temps en week-end avec ma fille chez les gd parents de celle-ci et ma fille va chez la mère de ma BF donc ma BF est contente, ce qui fait au moins une personne qui a une relation satisfaisante avec ma fille dans notre foyer... Ma BF avait auparavant protesté auprès de son père de devoir suivre nos règles alors que ma fille fait ce qu'elle veut, mais nous lui avons dit que sa confiance et ses efforts comptaient beaucoup pour nous, qu'elle ne devait pas hésiter à nous parler de ce qui est difficile pour elle, mais que la position de ma fille enfermée dans sa colère n'est franchement pas enviable. Elle était d'accord avec nous et ça n'a plus posé problème.
- Suite à un dispute banale avec moi il y a quelques mois, ma fille m'a dit des choses très blessantes et refuse désormais de m'appeler maman, de me sourire et que je la touche. Elle s'y tient très fermement et ça fait mal, évidemment.
Que dire d'autre? C'est une jeune fille très en avance scolairement, cultivée et qui s'investit beaucoup dans sa scolarité, toujours prête à aider les autres pour leur étude ou leurs devoirs ; elle est brillante et pourrait encore prendre de l'avance cette année. En dehors de l'école, elle a les amis de son village et de l'école, ses cousins... Elle fait du sport mais seule et à l'abri des regards; déteste les sports collectifs et tout ce qui est collectif d'ailleurs et s'arrange toujours pour être dispensée de cours d'éducation physique. Donc grande différence de "culture" avec mon compagnon et ses enfants, avec ses frères, avec moi. Comme son père elle revendique son individualisme. Elle refuse catégoriquement d'aller voir un psy (avec le soutien de son père, comme poUr tout le reste...). Je ne sais pas si c'est significatif mais il y a un an elle avait fait pipi au lit la nuit et avait eu une crise de larmes au réveil, j'avais essayé de la consoler. Depuis que notre conflit s'est aggravé, elle prend son linge chez sa marraine qui le fait faire par la dame d'ouvrage; elle me laisse la literie... Mais parfois elle la prend aussi! Je ne sais pas si c'est significatif mais je le mentionne.
Le dernier clash en date a eu lieu il y a un mois et demi, elle a frappé son frère de 9 ans et l'a pincé très fort à lui laisser un bleu, tout car il cherchait son attention alors qu'elle était au salon en train d'envoyer des SMS. J'ai voulu lui confisquer son portable, elle m'a répondu de la fermer, que c'était l'argent de son père et pas le mien. Je l'ai privée de sortie pour le lendemain, un samedi. Donc elle s'est "sauvée chez son père" et m'a provoquée en m'envoyant par smartphone des photos d'elle et ses amies à la patinoire et au restaurant le samedi ("super journée entre copines").
Elle n'est plus venue depuis et n'a répondu à mes messages (l'invitant à assumer ses responsabilités et à ne pas fuir dès qu'une difficulté se présente) que par des piques. La semaine dernière mon compagnon et ma bf l'ont croisée en voiture, elle était à pieds avec une amie et il leur restait encore une bonne demi-heure de marche dans le froid avant d'arriver chez son père , en plus il commençait à pleuvoir. Il a fallu toute la persuasion de mon compagnon, de sa fille et même de l'amie de ma fille - frigorifiee - pour qu'elle accepte de monter dans la voiture.
Mon compagnon lui a dit qu'elle n'était pas obligée de bavarder avec lui mais qu'elle allait être trempée et malade si elle continuait à pieds. Puis il y a quelques jours, ne voulant pas que le conflit s'éternise, j'ai demandé à sa GM paternelle - qui ne m'est pas très favorable mais qui est quelqu'un d'assez juste - de parler à ma fille pour qu'elle revienne à la maison.
Assez vite ma fille m'a dit qu'elle reviendrait vendredi mais qu'elle allait "peut-etre" demander à son père de la prendre en garde complète. Je lui ai répondu que son retour était une bonne nouvelle. Après, assez curieusement elle m'a demandé si elle devrait faire sa punition le lendemain de son retour ou le samedi suivant. Je n'ai pas encore répondu car je n'ai pas encore de réponse, cette question m'a prise au dépourvu vu son refus de mon autorité depuis un bon moment.
MES QUESTIONS:
- Comment faire pour qu'elle se sente bien à la maison tout en maintenant des règles? Comment l'accueillir au mieux vendredi?
- Sans trop bousculer sa personnalité, comment l'aider à être plus à l'aise avec les activités collectives? (ça peut sembler secondaire vu le contexte mais ça m'intéresse aussi)
- Comment réagir (moi d'une part, mon compagnon d'autre part) face aux crises de colère et provocations expliquées ci-dessus? (j'ai tendance à perdre un peu le contrôle, souvent par peur)
J'ai besoin de conseils car même si je n'ai pas l'impression d'être injuste j'ai l'impression d'être toujours un peu à côté de la plaque avec elle... J'ai bien conscience que les germes de tout ça étaient déjà présents avant le divorce mais c'était alors plus sujets de plaisanterie.