Difficultés à construire sa vie
Bonjour à toutes et tous,
Je vais bientôt avoir 35 ans et je sens que j’ai encore du mal à me construire.
J’ai eu une enfance et une adolescence remplie de carences affectives avec une mère assez maltraitante psychologiquement, ayant des paroles et des attitudes violentes, une certaine violence physique, surtout envers mes frères et sœurs (je suis l’ainée et je pense que j’étais dans une stratégie d’évitement de confrontation, je ne faisais pas de vague). Par ailleurs ma mère avait (et a toujours) des attitudes très déroutantes et immatures, comme le fait de partir de la maison et aller « bouder » quelque part, tout ramener à elle constamment, se victimiser en permanence, faire du chantage au suicide etc. Nous avons vécu avec mon petit frère (nous sommes 2 enfants communs), une séparation de parents très tôt (j’avais 4 ans et lui 2 ans et demi), avec un divorce violent et conflictuel (tout comme leur vie commune), sans nous avoir rien épargné (conflits, manipulation, chantage affectif) à tous les deux.
Mes parents se sont tous deux remariés et ont eu d’autres enfants avec leur conjoint respectif. Nous avons grandi avec mon frère, au sein du foyer maternel, avec mon beau-père et mes demis frères et sœurs, dans un climat conflictuel (même si mon beau père a toujours temporisé et fait le dos rond), et une insécurité financière teintée d’une grande ambivalence créée par un train de vie bourgeois (pour être conforme à celui de l’environnement familial et amical), des problèmes identitaires car nombre de relations de ma mère ne savaient pas que mon beau-père n’était pas mon père (mes parents ont divorcé à une époque et dans un milieu ou c’était très mal vu).
Nous voyions mon père pendant les vacances scolaires car nous avions déménagé très vite loin de lui et nous avions des difficultés à avoir de ses nouvelles car ma mère filtrait ses appels sur le téléphone fixe (ça a du être réglé devant le juge).
Mon père, quant à lui, n’était pas beaucoup plus étayant dans son attitude, car vivant des épisodes dépressifs assez violents, et avec une tendance au chantage affectif importante.
Ce sont finalement les « beaux-parents » qui ont eu une attitude plus équilibrante et sécurisante. Mais pas suffisamment c’est certain.
J’ai poussé bon gré mal gré, en ayant des facilités d’apprentissage, ce qui m’a permis de faire ma scolarité, puis de suivre des études longues (dans un domaine choisi par mon père avec un chantage du type « tu peux venir habiter chez nous si tu fais ces études la »), sans problème, mais sans être excellente car pas vraiment bosseuse.
A l’adolescence, j’ai commencé à me sentir très complexée, par mon visage notamment (j’ai été opérée de la mâchoire à 25 ans), puis par ce que j’étais : très timide, mal à l’aise, pas à la mode, pas populaire, en ayant du mal à nouer des relations amicales.
Très vite j’ai eu un sentiment de rejet à l’école (parfois réel) et mon sentiment de solitude a commencé à se faire sentir à ce moment-là.
Ensuite, toute ma vie de jeune adulte a été marquée par la difficulté à être entourée d’amis et à construire une relation amoureuse.
Je vivais des relations amicales souvent toxiques avec des amis parfois dominants ou dévalorisants à mon égard, ou bien, avec des amis qui me « servaient » d’oreille attentive, étant dans un grand manque de soutien affectif et d’écoute depuis toujours, ce qui finissait inexorablement par amener à un déséquilibre et à une rupture du lien amical.
Mes relations amoureuses quant à elles, ne duraient guère plus de quelques mois, fortement teintées d’une peur panique de l’abandon, de mon côté, avec des hommes qui ne voulaient pas tellement s’engager et qui finissaient par rompre.
A mes 25 ans, après plusieurs années d’errance pour trouver un psychologue me correspondant, j’ai entamé une psychothérapie qui a duré 5 ans, jusqu’à ce que je décide d’arrêter brutalement et que je déménage à des milliers de kms de la France.
J’ai en effet déménagé il y a 6 ans, à des milliers de km, après plusieurs mois de réflexion, car je ne me sentais pas à ma place, mes liens amicaux (sauf quelques 3 amitiés durables débutées pendant mes études) et familiaux étaient, à mon sens, trop lâches et superficiels pour que je me sente ancrée. Mon sentiment de solitude était tenace, les liens avec mon père souvent compliqués. Je n’étais parfois pas intégrée aux fêtes de famille organisée par ma belle-mère avec sa famille à elle, et mon père (a Pâques par exemple). Bref, je me sentais constamment entre deux : je n’appartenais véritablement à aucun groupe. Pas totalement la fille de mon père et de ma belle-mère (cette dernière m’avait dit, quand j’ai eu mon premier appartement, en marge d’un stage professionnel long, que je n’avais pas à rentrer chez eux tous les we, car mon chez moi, c’était mon appartement désormais – j’avais 20 ans et mon appartement était dans une ville ou je ne connaissais personne). Pas totalement la fille de ma mère et de mon beau-père (même si ma mère a plusieurs fois évoqué le fait de me faire adopter, ce que j’ai refusé, car j’avais déjà un père, que je ne voulais pas évincer). Pas totalement intégrée à un groupe d’amis (j’ai toujours refusé d’avoir un seul groupe et j’ai toujours été électron libre, me sentant enfermée dans un unique groupe).
Il y a aussi cette question de déséquilibre avec mes demis frères et sœurs, qui ont évidemment un vécu différent du nôtre, avec mon frère. Ils n’ont pas connu de séparation (mais tout n’a pas été rose pour eux évidemment) et ils ont grandi dans un contexte financier beaucoup plus favorable. Ils ont eu plus de chances et de souplesse pour leurs études et ont une aisance financière de part leur parent respectif. J’ai dû passer au-dessus de mes sentiments de jalousie et d’injustice face à ces chances la que nous n’avons pas eues mon frère et moi.
Dans ma vie d’aujourd’hui, je connais pas mal de gens mais je me sens seule. On ne pense pas toujours à moi, je ne me sens jamais totalement en phase avec les gens, que ce soit en termes de valeurs, en termes de sensibilité ou en termes de besoins relationnels (intimité, authenticité). J’ai parfois eu des coups de cœur amicaux, mais qui n’ont jamais évolué en grande amitié (excepté quand j’étais ado). Je suis souvent une copine isolée qu’on voit de temps en temps pour déjeuner ou pour un verre. Ou parfois dans un groupe mais je m’aperçois que je n’ai de lien privilégié avec personne et les liens sont assez superficiels, on ne connait pas tant de choses les uns des autres.
J’ai été en couple pendant un peu moins de 2 ans et j’ai été en ménage pendant 18 mois, pour la première fois de ma vie, avec un homme. La relation s’est terminée il y a quelques mois pour plein de raisons mais j’ai quand même eu la sensation d’avoir un peu avancé et grandi sur le sujet.
Viens la question des enfants, qui était problématique avec mon ex, qui en était loin. De mon côté, j’avais depuis des années la sensation d’être infertile (même si je n’ai jamais tenté d’avoir un enfant), j’ai fait des tests qui ont confirmé que ca n’allait pas être simple pour moi de faire des enfants. J’ai entamé une démarche de conservation d’ovocytes, toujours en cours, avec un résultat pas catastrophique mais en demi-teinte, pour le moment.
Enfin, j’ai lâché définitivement mon boulot d’origine (celui pour lequel j’ai fait de longues études non choisies) il y a deux après en avoir bavé pendant 10 ans dans un métier qui ne me correspondait pas, dans lequel je me sentais nulle et incompétente et qui m’a valu quelques expériences de harcèlement moral (notamment parce que je faisais beaucoup de bourdes dans mes dossiers) ou simplement d’environnement toxique. Je suis restée si longtemps car je ne savais pas réellement comment faire ce que je voulais (j’avais eu plusieurs envies de métiers plus jeune) et ce métier m’apportait une sécurité financière que je ne voulais pas abandonner sur un coup de tête
Je suis maintenant sur un nouveau poste qui ne me satisfait pas encore à 100 %, bien que de nombreux aspects de ma vie professionnelle se soient améliorés de manière spectaculaire. Je suis donc encore dans une réflexion.
Par ailleurs, j’ai été testée haut potentiel à 30 ans. En parallèle de ça, j’ai une très grande sensibilité doublée d’une anxiété. J’ai été sous antidépresseur pendant 9 mois quand j’avais 27 ans, suite à une rupture amoureuse très douloureuse (et à du harcèlement au boulot).
Enfin, j’ai repris un travail de psychothérapie pendant 4 ans, qui s’est terminé avec la retraite de mon psychologue. J’ai maintenant entamé un travail avec un nouveau psychologue.
Me voilà donc à 35 ans, en train d’essayer de construire une 2nde vie professionnelle, propriétaire de mon appartement, célibataire sans enfant, avec un réseau social pas très solide et je me sens seule et souvent un peu à part. Un peu confuse dans mes désirs certainement.
J’ai de nombreuses pistes de réflexion, surement déjà beaucoup avancé et progressé mais j’ai le sentiment que le temps file plus vite que je guéris de cette enfance compliquée et j’ai un peu peur de passer à côté de ma vie.
Merci de m’avoir lue dans ces longs développements.
Bien à vous,
Marie