Le père de mon mari est un tyran domestique

Réalisée par Charlotte · 30 nov. -1 Violence faite aux femmes

Bonjour, j'aurais besoin de conseils face à une situation qui génère chez moi un stress régulier et un mélange d'indignation et de culpabilité depuis plusieurs années.

J'ai 31 ans, sans enfant, je suis en couple depuis 8 ans, mariée depuis 2 ans. Lorsque j'ai rencontré les parents de mon amoureux en 2016, j'ai d'abord été charmée. Ma belle-mère est un petit bout de femme adorable, joyeuse, généreuse, toujours prête à accueillir les gens pour des moments conviviaux. Elle est assez distraite et dit tout ce qui lui passe par la tête sans forcément réfléchir, ce qui la rend un peu bécassine, mais la constance de son caractère et son côté "facile à vivre" compense largement ce petit défaut ! Elle est attachante, je l'aime beaucoup.
Mon beau-père, lui, est un cérébral pur jus : esprit vif, connaissances poussées sur tous les sujets, humour très (trop) subtil (il perd régulièrement son auditoire dans les méandres de ses calembours), sportif de haut niveau hyper exigeant avec lui-même, sensibilité... C'est un hôte excellent, délicat et drôle qui plaît à tout le monde au premier abord, à moi y compris bien sûr. Je suis moi-même très sensible et cérébrale, et j'ai tout de suite reconnu une sorte d'alter ego en lui, ce qui est par ailleurs, à la lumière de ce qui va suivre, source de beaucoup de questionnement pour moi.

Il se trouve qu'après une première année ponctuée de rencontres très agréables, il y a soudain eu un changement d'atmosphère notable : mon BP s'est mis à faire moins d'efforts pour être sociable, à montrer plus souvent "son vrai visage" : fermé, affreusement grincheux, maniaque à l'extrême, hypersensible au bruit... . C'était comme si, d'un coup, je faisais partie des meubles, qu'il pouvait enfin cesser de me respecter suffisamment pour se montrer sous son vrai jour. Sans transition.

À partir de plusieurs petits épisodes qui m'ont énormément refroidie, je me suis tenue sur mes gardes. Pour ne citer que quelques exemples, aussi vrais à l'époque qu'ils le sont aujourd'hui : il passe son temps à houspiller sa femme pour TOUT. Pour un set de table mal mis, pour un éclat de rire jugé "trop bruyant" (!), pour une question qu'elle pose... Tout est stupide, tout est sujet à la moquerie. Il ne la laisse jamais tranquille. Jamais, jamais, jamais. Il l'épingle et la tourne en dérision en public pour la manière dont elle prononce certains mots (je pense qu'elle a une légère dyslexie et elle écorche très souvent les mots, même les plus simples), comme s'il avait honte d'elle et qu'il voulait surtout bien signifier que lui connaissait bien le sens des mots, que sa femme était certes un peu concon mais qu'il ne fallait pas le mettre dans un même panier. Il fait des remontrances ridicules à son fils de 30 ans parce qu'il a fait tomber sa fourchette, ou parce qu'il coupe le fromage dans le mauvais sens... Je n'avais encore jamais rencontré un tel emmerdeur. Tout est grave, tout est important... Et puis, dans la même minute, il peut se montrer affectueux à l'extrême en posant sa main sur la hanche de sa femme ou en donnant une tape sur le dos de son fils, en employant des mots tendres d'une voix aiguë terriblement cul cul. Il oscille constamment entre ces 2 extrêmes. Mais pour ma part, depuis la première fois où j'ai assisté à ce volte-face, je me sens fermée et incapable de lui faire à nouveau confiance.

J'ai notamment assisté à un débordement autrement plus grave, en 2018 je dirais, qui m'a tellement choquée que j'en suis encore folle de rage en y pensant ! Et j'ai beau comprendre le mécanisme sous-jacent de la sidération, je culpabilise encore de n'avoir pas réagi ce jour-là : nous étions une fois de plus à table, ma belle-mère nous expliquait, avec son énergie habituelle, qu'ils s'apprêtaient à partir en week-end à ... "Mararlei ? Marheimen?" La voilà qui ânonne le nom alsacien du village où ils vont séjourner, sans réussir à le prononcer correctement, et en interrogeant mon BP du regard. Ce dernier se lève et, sans un mot, sort de la pièce. Bon. La conversation se poursuit. Et tout à coup mon BP refait irruption dans la pièce, saisit ma BM par la nuque et lui met un écran de téléphone sous les yeux en lui disant d'une voix pleine de rage, entre ses dents serrées, tout contre son oreille : "Combien de fois je vais devoir te répéter les choses pour que ça rentre dans ta tête, hein? HEIN? Regarde la carte. REGARDE! C'EST MARLENHEIM !!!". Et il lui serre la nuque, elle est coincée sous son étreinte, elle bredouille un "oui oui" étranglé. Je suis sidérée et aussitôt au bord des larmes. Je n'ai encore jamais vu un homme violent avec une femme, j'ai envie de hurler, de le gifler, de m'enfuir. Pourtant, je reste tétanisée et silencieuse. Le degré de violence et d'humiliation de cette scène m'écrase, elle révèle tellement de choses de leur relation. Et puis, comme si de rien n'était, voilà celui que je tiens désormais pour un malade qui retourne tranquillement s'asseoir, remet sa serviette en place sur ses genoux, pousse un soupir (d'exaspération ? De satisfaction ?) et nous invite à reprendre le cours du repas d'un geste vers nos assiettes.
Et personne ne dit rien. La mère garde les yeux baissés vers la table, se frotte un peu la nuque, puis reprend le fil de sa conversation, timidement d'abord, puis avec de nouveau son entrain habituel. Le fils ne dit strictement rien. Il ne prend pas partie. Il se tient à carreau. Je viens d'assister à quelque chose de normé chez eux.
Moi, la pièce rapportée, je me tais et je les observe, je suis en train de découvrir la dynamique de leurs relations à tous les 3, et je suis horrifiée. Horrifiée par l'empire de ce "chef de famille" sur sa femme et sur son fils, qui ont la même docilité, le même caractère facile et gentil. Horrifiée par l'absence de remise en question des autres, par le silence, par la révolte que je sens bouillonner en moi et qui, je le sens va m'étouffer pendant longtemps. Horrifiée à l'idée de ce que mon mari avait pu vivre, enfant, en grandissant dans cette atmosphère, avec un père colérique et tout-puissant, mais toujous assez tendre pour se faire pardonner et aimer. Je commence à comprendre beaucoup de choses sur son manque de confiance en lui, sur sa timidité, sur sa difficulté à exprimer ses émotions. À part cela, c'est un homme merveilleux et très équilibré !

J'ai beaucoup discuté avec lui. Je lui exposé mon ressenti. Régulièrement, j'ai essayé de l'amener à s'exprimer sur le sujet afin de comprendre comment il vivait cette situation, et s'il avait conscience du problème. Il m'a avoué que, s'il avait en effet pu souffrir du caractère ombrageux de son père dans son enfance et son adolescence, il ne lui en tenait pas rigueur et que, chose importante, il se sentait beaucoup mieux depuis qu'il avait quitté le cocon familial ! Quant à savoir si sa mère en souffre, il ne le pense pas. Et moi-même, quand je vois à quel point elle encaisse docilement les humiliations, sans broncher, sans se vexer, sans jamais renoncer à s'exprimer, sans jamais prendre de distance, je ne sais plus quoi penser ! Mais je vois surtout en elle une petite fille brimée qui préfère ne pas faire de vague, qui veut être aimée et protégée coûte que coûte (énorme dépendance affective, manque total d'autonomie car elle ne conduit pas, ne fait rien sans mon BP, aucun libre-arbitre car elle doit faire ce qu'il lui dit de faire au moment où il l'a décidé...). Quelle emprise ! Quelle soumission ! Pour moi qui vient d'une famille bohème, fille d'un couple d'artistes passionnés, amoureux et mutuellement respectueux qui m'ont transmis leur liberté d'esprit, leur compassion, leur sens critique, je conçois que d'autres modèles existent mais je ne peux pas accepter une telle rigidité d'esprit. Elle se manifeste chez mon mari par un sens de l'organisation aiguisé, beaucoup de rigueur et un manque de flexibilité handicapant parfois, que nous parvenons à équilibrer dans notre couple car je suis... tout l'inverse ! Il est mon pilier sur la terre ferme, je lui apprends à rêver et à s'ouvrir à l'inconnu.

Au fil des années, j'en suis venue à ne plus pouvoir regarder mon BP dans les yeux. Je ne ris plus à ses blagues, qu'il énonce systématiquement en me regardant du coin de l'œil pour voir si j'ai saisi son humour (complètement moisi par ailleurs). Je lui réponds par monosyllabes. Lorsqu'il "faut" passer un week-end chez eux à la campagne, je ne dors pas de la nuit tellement je suis en colère par anticipation avant d'y aller, puis après les avoir vus. Je ne peux plus voir cette face toujours contrariée, je ne peux plus entendre cette voix de vieillard grincheux, cassant, méchant, autoritaire. Dès que je peux, je le "recadre" par une remarque coupante, pour lui signifier que je n'aime pas comment il s'adresse à ma BM ou à leur fils, que je le trouve lourd, méchant ou ridicule. Mais ma politesse et ma gentillesse m'amène toujours à me montrer conciliante et souriante, à "passer l'éponge"... jusqu'à la prochaine crise. Et régulièrement, je sens que je vais faire une scène, que je vais tout déballer et le crucifier.

J'ai pourtant conscience que ce n'est pas à moi de réagir et de dire les choses. Je ne suis pas une justicière. Mais comment comprendre qu'on agit comme un gros con si personne ne nous dit jamais rien ?? Comment devenir une meilleure personne si on agit en toute impunité ? Souvent, je me dis que je suis peut-être justement LA personne dont il avait besoin pour se réveiller de son délire de vieillard grincheux (il a 65 ans). Mais je ne veux pas blesser mon mari, ni ma belle-mère. Je vois bien qu'ils s'accomodent de leur vie...

Je suis perdue. Avez-vous des conseils ?

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