4 JANV. 2023
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Bonjour Laurine,
Votre message transcrit vos émotions à fleur de peau et votre attachement immense à votre cocon de protection et d'amour inconditionnel que représentent vos deux parents. C'est très beau, à mon sens.
Lorsque nous entrons dans la vie de "jeune adulte", nous aspirons à trouver une émancipation, une plus grande liberté d'agir sans avoir l'approbation parentale.
Pour autant, nous sommes comme le funambule sur son fil, entre deux points d'ancrage, le passé représenté par notre enfance et notre évolution d'ado et de l'autre côté, la nouvelle existence, celle des responsabilités, des prises de ses propres décisions, de ses choix même si nous savons que pas bien loin de nous, nos parents seront toujours ces êtres qui ne nous décevront pas et qui ne nous laisseront jamais seul en cas de panique ou d'émotions vives.
Vous avez partagée avec votre soeur cette amour parental mais votre lien d'attachement est encore extrêmement prégnant, votre corps l'exprime par des larmes, vius êtes angoissée à l'idée de partir et de rejoindre votre propre appartement.
Peu importe que votre soeur ait pu vivre au début de vos années d'étudiante avec vos côtés, vous l'aimez indubitablement mais d'un amour différent. L'amour filial reste unique, incomparable, il n'a pas de prix.
Votre cercle amical est une bonne chose, vos sorties vous permettent de vous évader et de ne pas procrastiner, les ruminations sont toujours mauvaises conseillères, vous avancez petit pas après petit pas, chaque personne est différente de par son tempérament, sa sensibilité, vous n'avez pas à vous sentir coupable ou différente, à vous culpabiliser de partager tant d'amour avec vos imagos parentaux.
Au contraire, ils prouvent qu'ils sont votre socle, votre base refuge, votre repère envers et contre tout. Ils sont là, pour vous et je pense qu'ils seront extrêmement fiers et heureux de voir que à un moment donné, vous les regarderez en partant de chez eux comme le petit enfant regarde sa mère ou son père pour valider ses pas, s'assurer qu'il peut marcher seul , en confiance, en sérénité.
L'indépendance ( affective) s'acquiert de manière différente selon le lien noué dans la petite enfance, notamment les trois premières années de la vie.
Je pense que la source de votre angoisse, de vos crises de pleures et de votre souffrance psychique lors de ces séparations se trouve simplement à cette période de votre vie dont vous ne pouvez plus avoir de souvenirs mais des empreintes dans votre mémoire. Sauf "exception", on dit que les souvenirs débutent vers l'âge de 3 ans selon le développement cognitif et psycho-affectif des petits.
Un petit travail d'analyse, tout simple, pour découvrir qui est la petite fille cachée dans la jeune femme que vous êtes devenue, Laurine, avec des projets et des études, des amis, des centres d'intérêt, qui était cette enfant et quel a été votre lien d'attachement avec vos parents?
Les émotions se vivent, elles se partagent et elles se régulent dans cet espace de la famille. L'attachement évolue quand nous nous engageons dans la vie, de par les études, puis la profession et la construction d'une famille ensuite aussi...
Echanger sur la vie de vos émotions pour les mettre un peu à distance et ne pas en éprouver de la souffrance serait judicieux.
Vous savez, le professeur Marcel Rufo a dit: " Détache-moi! "
il faut se séparer pour grandir et mûrir mais là aussi, quelque part, nous attendons la validation, l'accord même inconscient de nos parents comme l'enfant attend que sa mère lui dise: vas-y, tu es une grande maintenant, tu as mon estime.
Votre maman vous a apporté l'estime de vous-même, votre papa est venu parfaire le travail an vous conduisant vers le monde ( la société) et il vous a, lui, apporté la confiance en vous.
Vous possédez ces facteurs existentiels fondamentaux, il suffit désormais juste de les éclairer et de les mettre sur le devant de la scène de votre vie, vos parents n'en seront que plus fiers encore et également soulagés, ils savent et auront la confirmation que leur mission de parents a été remplie au mieux devant cette jeune femme indépendante et sûre d'elle même.
Je voulais vous dire une dernière chose, même si je suis un peu longue dans ma réponse mais proportionnelle à mon ressenti lié à votre appel à conseils:
votre refus de manger au début de votre séparation est le parfait reflet que l'alimentation est donnée en premier à travers le lait - maternel ou infantile si biberon, mais cette alimentation n'est pas simplement qu'à usage nourricier, elle est le lien affectif entre vous - bébé- et votre maman.
Rejeter l'alimentation c'est éprouver peut-être chez vous une détresse émettant un signal d'appel à votre maman pour lui dire:
" ne m'oublie pas, je suis toujours là, même si je n'habite plus dans ta maison! "
Je vous demande d'excuser cette longue réponse mais vous avez fait émerger pas mal de facteurs que nous utilisons en psychologie d'aide à la parentalité et de manière globale en thérapie analytique.
Je reste à votre entière disposition en téléconsultation si vous avez besoin d'être ré-assurée pour avancer en sérénité et vivre votre plein épanouissement.
Surtout restez confiante.
Avec toute mon empathie et ma bienveillance.
Béndicte Escaron
Praticienne en Psychothérapie
Psychanalyste
Thérapeute d'aide à la parentalité
Sophrologue
Praticienne PNL
Diplômee en Neurosciences ( Paris ) et Psychautraumatologie (Nancy).