survivre au suicide de son conjoint

Question

Mon mari a mis fin à ses jours il y a 18 mois. Il avait rencontré de grandes difficultés professionnelles (sanctions disciplinaires suite à des agressions verbales et physiques).  Notre couple battait de l'aile depuis quelques années, on s'était éloignés l'un de l'autre mais étions encore amoureux.  A la suite de la découverte fortuite de contenu pornographique sur son PC, notre relation est devenue conflictuelle et de plus en plus violente. On ne se comprenait plus, on ne se respectait plus.   J'ai fait une tentative de suicide, et nous avons alors entamé des suivis psys individuels et de couple.  Malheureusement, l'escalade a continué, et mon mari a fait plusieurs TS que j'ai considérées, dans toute ma colère, comme des menaces et des ultimatums pour ne pas que je le quitte. Je ne comprenais pas, alors que c'était lui qui avait détruit notre relation basée sur le respect et la confiance, pourquoi il me demandait de tout oublier, pourquoi il refusait d'entendre ma souffrance.  Tu es forte , me disait-il.  Tu n'as qu'à te dire que c'est du passé puisque je te dis que j'ai changé.   Le jour de son suicide, il m'a envoyé des sms me disant qu'il allait se tuer. Il m'a envoyé une photo de ce qu'il préparait.  J'ai décidé, cette fois-ci, de ne pas  céder , de rester sur ma lancée d'une séparation inévitable même si j'en avais le coeur brisé.  J'ai fait le choix, si on peut dire, de ne plus lui répondre et de rentrer une fois calmée.  J'étais terrifiée, sidérée, comme dans un état second à l'idée de ce qui risquait de se passer.  Je l'ai découvert, il était passé à l'acte après m'avoir envoyé plusieurs messages me pressant de rentrer pour finir par me dire qu'il m'aimait.    Aujourd'hui, après des mois de thérapie, malgré les antidépresseurs, je m'enfonce...  J'éprouve une culpabilité terrible (à la fois de lui avoir dit que je le quittais, de l'avoir abîmé par mes propos humiliants et de ne pas être rentrée à temps) .  Je ne sais plus comment continuer à vivre avec ça...  Merci d'avance à ceux qui me répondront.

Livia CLARA-VILNAT · Accepted Answer

Bonjour chère Bad, Je comprends votre immense chagrin et vous avez bien fait de venir ici nous demander de l'écoute et du soutien. Ce que vous avez vécu a été terrible et continue à vous faire souffrir profondément.  Vous suivez toujours la thérapie avec votre psychologue? Je vous invite à lui parler de cette étape du deuil qui est très douloureuse, la culpabilité qui vous déchire doit pouvoir sortir et s'en aller afin que vous puissiez retrouver le calme et la sérénité.  Je pense que votre thérapeute vous l'a déjà dit que dans le suicide personne n'est responsable, quand une personne décidé que sa seule issue est la mort, son entourage ne peut rien faire. Je comprends le sens d'impuissance et l'immense tristesse que vous ressentez mais vous n'y pouvez rien, oui bien sûr il vous a dit de rentrer ... Il aurait pu donc attendre, s'il n'avait pas décidé de mettre fin à sa vie. Il ne l'a pas fait, il a pris sa terrible décision...  Si vous voulez écrivez moi à mon adresse email direct sur le site. Je vous dis courage, vous n'êtes pas seule. Bien à vous Livia CLARA VILNAT Dr en Sciences Humaines Praticienne en psychologie clinique et TCC

Caroline Gormand · Answer

Bonjour,  Vous traversez un deuil difficile car à cette difficulté vient s'ajouter celle de la culpabilité.   Il va s'agir pour vous, et votre thérapeute, de travailler en priorité sur cette culpabilité, en réalisant qu'il est impossible de  sauver  quelqu'un s'il ne décide pas de se sauver lui-même, et qu on ne peut pas  rendre quelqu'un heureux  ni  malheureux . Impossible d'abîmer  ou de  réparer  quelqu'un, à moins qu'il n'ait fait le choix d'être totalement dépendant d'autrui., ce qui est pathologique. Cette croyance que vous pouviez le  sauver  est un fantasme de toute puissance qui vous maintient dans le déni de la perte, et vous empêche de vivre le deuil.  Je ne peux pas vous en dire plus sur cheminement que vous allez faire, car cela fait partie des choses que vous découvrirez et intégrerez pas à pas.   Il est vraiment crucial de poursuivre votre processus de deuil et votre thérapie, quitte à changer de thérapeute si vous sentez que celui/celle qui vous a accompagnée ne vous aide pas à avancer.  Vous avez encore beaucoup de belles choses à vivre, il vous appartient de faire ce choix, pour préserver tous les êtres qui vous aiment et souhaitent que vous partagiez encore leur chemin.   Bien à vous,  Caroline GORMAND Psychothérapie, Hypnose, Sophrologie (Hérault) Consultations en cabinet et par Skype

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