Comment arrêter de faire passer les autres avant soi ?

Depuis quand n’avez-vous pas pris de temps pour vous ? Êtes-vous la personne la plus importante de votre vie ? Que faites-vous pour vous au quotidien ? Qui est là pour vous ?

11 MARS 2022 · Lecture : min.
Comment arrêter de faire passer les autres avant soi ?

Les enfants, le/la conjoint.e, la famille, le travail, les amis, la crise sanitaire, la guerre en Ukraine… tout vous paraît plus important que vous, et pourtant, cela ne devrait pas être le cas.

Lorsque vous prenez l'avion on vous explique qu'en cas de crash, il vous faudra d'abord vous équiper du masque à oxygène avant de vous occuper d'en mettre un à vos proches. C'est exactement pareil dans la vie : il vous faut vous recentrer avant d'apporter votre aide aux autres. Plus facile à dire qu'à faire bien entendu, surtout quand on a été formaté.e pour être le pilier des autres, la main qui se tend pour voler à leur secours.

Depuis quand n'avez-vous pas pris de temps pour vous ? Êtes-vous la personne la plus importante de votre vie ? Que faites-vous pour vous au quotidien ? Qui est là pour vous quand vous en avez besoin ? Parvenez-vous à prendre soin de vous ? Si vous êtes incapable de répondre à ces questions, ou bien si vous y répondez par la négative, c'est qu'il est temps de vous prendre en main et de vous rappeler une chose basique et essentielle : vous avez le droit d'exister et vous avez de l'importance.

Une éducation centrée vers les autres et non pas vers soi-même

La plupart du temps, nous apprenons à nos enfants à être altruiste, généreux, à aider ceux qui sont dans le besoin, à porter une attention particulière aux sentiments de leur entourage. Ce sont des valeurs essentielles, bien entendu, nous faisons d'eux des individus présents pour leur entourage, à l'écoute de l'autre. Cependant nous leur expliquons rarement qu'ils doivent s'aimer, s'accorder du temps, savoir parfois être égoïstes et se faire passer avant les autres pour mieux pouvoir s'intéresser à eux ensuite.

Dans les cabinets de consultation nous recevons des dizaines de patients qui nous disent avoir toujours vécu pour les autres, parce que c'est ce qu'on a toujours attendu d'eux. « Je devais m'occuper de maman parce que j'étais l'aîné.e », « Quand mes frères et sœurs ont un problème c'est moi qu'ils appellent parce que je suis toujours là pour eux, je ne peux pas leur dire non », « Je fais les courses pour mes voisins et je les aide à réparer de petites choses chez eux parce qu'ils sont âgés et seuls», « Je ne vis que pour mes enfants, sans moi ils seraient perdus, même s'ils sont adultes aujourd'hui »… Et ce mode de fonctionnement leur apparaît comme étant normal puisqu'il a toujours été le leur. Néanmoins, ces personnes-là se sentent terriblement seules, et n'ont plus le sentiment d'être des individus mais plutôt des objets qui ont une fonction bien spécifique et qu'on utilise à loisir, quand les autres en ont envie et besoin. A trop vouloir être humains, ils se sentent tout simplement déshumanisés.

Quand on leur pose la question : Mais qui êtes-vous réellement ? Il y a pour toute réponse, le silence, les larmes, parce qu'ils l'ignorent. Ils sont ceux qui sont là pour aider. Ils sont ceux dont on a besoin. Mais au fond d'eux, ils ne sont rien d'autre que cela.

Autre point non négligeable : être toujours tourné vers l'autre est également un mécanisme qui permet de ne pas se voir, s'entendre, se supporter. Pendant que je m'occupe des autres, je ne vois pas que j'ai pris énormément de poids, que ma santé décline, que mon couple se délite. Je suis dans le déni de mes propres problèmes, et afin d'éviter de les affronter, je gère ceux des autres. C'est une fuite, une échappatoire. Mais nos problèmes nous rattrapent toujours, quoi que nous fassions, alors autant les affronter une bonne fois pour toutes, et ensuite, peut-être, nous pourrons prêter l'oreille à ceux des autres.

Arrêter de porter le fardeau des autres

En étant toujours celui ou celle qui est là pour les autres (la personne qu'on appelle quand on ne va pas bien, celle qu'on sollicite pour régler un problème, remplir des formulaires administratifs, celle qui organise toujours tout parce qu'elle sait si bien le faire…) on devient spectateur ou spectatrice de sa vie. Dès lors que vous vivez pour les autres, votre vie ne vous appartient plus, elle est uniquement destinée aux autres, elle devient leur possession dont ils peuvent se servir comme bon leur semble, sans se soucier de vos besoins, de vos tourments, de vos états d'âme. Vous leur faites don de votre personne.

A force de répondre toujours positivement aux sollicitations des autres, on vide ses batteries, on se décharge et on n'a plus d'énergie. On devient une éponge, qui absorbe le malheur, la tristesse, la douleur, la peine. Par conséquent, on se sent vidée, épuisée, incompris.e et on ne sait plus qui on est, et c'est là qu'on peut craquer et que la dépression peut insidieusement s'installer.

Qui suis-je si je n'aide pas les autres ? Entend-on souvent en consultations. Eh bien vous êtes vous, une personne à part entière, avec des sentiments, des émotions, des failles aussi. Parce qu'on oublie souvent que ceux et celles qui répondent toujours présent.e.s à l'appel ont des faiblesses, des fêlures, des angoisses, on les considère à tort comme des rocs.

À force de répondre toujours aux sollicitations des autres, ils en oublient que vous êtes un être humain, avec des envies, des douleurs, des peines. Vous devenez leur pilier et seulement cela. Mais même les monuments les plus anciens et les plus robustes finissent pas s'user et s'écrouler.

Comment éviter de s'effondrer sous le poids des autres ?

Votre bien-être physique, moral, émotionnel est plus important que tout le reste et doit être placé au centre de votre vie.

Il ne faut pas attendre d'avoir du temps pour soi, les autres ne vous en laisseront jamais, il faut tout simplement savoir le prendre, et pour cela il faut savoir dire non, il faut apprendre à dire stop. C'est difficile quand on a toujours répondu oui, mais cela s'apprend, avec le temps. On n'est pas obligés de céder à toutes les requêtes qu'on nous adresse, on n'est pas obligés d'être toujours disponibles, prêt.e.s à servir l'autre. On peut aussi leur dire : « Désolée, aujourd'hui ce n'est pas possible, j'ai déjà prévu quelque chose ». Et ce quelque chose, c'est vous, vous avez prévu d'être avec vous-même, de vous occuper de vous. Demain peut-être, si vous avez suffisamment fait le plein d'énergie, vous pourrez aider, mais pas aujourd'hui.

De nos jours le téléphone joue un rôle considérable dans cette aliénation à l'autre : je suis joignable 7 jours sur 7, à toute heure du jour et parfois même de la nuit. Savoir couper son téléphone, éteindre son ordinateur, se déconnecter des autres est un point essentiel. Vous n'êtes pas à la disposition des autres et ils vont bien devoir le comprendre.

Comment prendre du temps pour soi ?

On nous dit souvent « Oui, mais je ne sais pas quoi faire pour moi ». Et en effet, quand on ne l'a jamais fait, cela peut paraître extrêmement compliqué. Commencez à lors par prendre cinq minutes par jour pour vous, pendant une semaine, seulement cinq minutes et répétez-vous : Je suis important.e, ma vie compte, en boucle, un peu comme un mantra. Puis petit à petit, semaine après semaine, vous augmenterez ce temps jusqu'à parvenir à une durée satisfaisante pour vous, un temps que vous vous accorderez qui vous sera bénéfique, qui vous permettra de recharger vos batteries. Alors, que faire pendant ce temps-là ? Voici quelques suggestions, mais la liste est loin d'être exhaustive :

  • Exercices de cohérence cardiaque
  • Séances de méditation pleine conscience
  • Du sport
  • Des soins corporels (massages, hamman…)
  • De l'ayurvéda

Mais aussi, tout simplement s'asseoir au soleil avec un bon livre, boire un verre installé.e en terrasse en regardant le paysage, écouter de la musique, aller au cinéma…

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Vardis Christelle

Psychopraticienne et hypnothérapeute certifiée, je propose des psychothérapies analytiques, « par la parole », en face à face. Avec la plus grande bienveillance possible et sans aucun jugement, j'apporte mon aide pour permettre à mes patients de mieux se comprendre afin d’avancer, de sortir de ce qui leur semble être une impasse et d’améliorer leur bien-être.

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Bibliographie

  • Nathalie Sarthou-Lajus, de La Défaite de la volonté (Seuil, 2005)
  • J. E. Young & J. S. Klosko, Je réinvente ma vie, (Broché, 2018)
  • D. Midal, Foutez-vous la paix ! (Poche, 2018)

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