Injonction à la parentalité parfaite, et si on en parlait ?
Devenir parent est un grand bouleversement dans la vie de chacun. Il est fréquent de s’interroger sur ses capacités à être « un bon parent ». Mais que cela signifie -t-il vraiment ?
Les parents et futurs parents disposent aujourd'hui d'une multitude d'informations relative à la parentalité, livres, blogs et réseaux sociaux traitant de plus en plus du sujet.
Les contenus relatifs à la parentalité, et notamment à la parentalité positive et bienveillante, sont tellement nombreux qu'il peut être difficile de s'y retrouver.
La parentalité positive, qu'est-ce que c'est ?
La parentalité positive ou éducation bienveillante est une parentalité qui agit en faveur du développement positif de l'enfant, sur les plans cognitif, moteur, affectif et social.
Elle repose sur les principes suivants :
- l'enfant est naturellement bienveillant et empathique. Comme l'explique très bien Héloïse Junier, psychologue et docteur en psychologie du jeune enfant, la bienveillance naturelle de l'enfant tend à être conservée à l'âge adulte lorsque celui-ci bénéficie d'une éducation chaleureuse et empathique.
- le respect de l'enfant en tant que personne, le respect de son individualité, de son corps et de ses émotions,
- s'interroger sur les émotions de l'enfant et les accueillir en faisant preuve d'empathie,
- le respect du rythme du développement de l'enfant,
- encourager la responsabilisation et l'autonomie de l'enfant,
- laisser une marge de manoeuvre à l'enfant en le rendant acteur : inviter l'enfant à coopérer plutôt que de se soumettre.
- montrer l'exemple en verbalisant ses propres émotions en tant que parent. Par exemple, ne pas hésiter à s'excuser auprès de son enfant lorsque cela est nécessaire.
- formuler des règles plutôt que des interdits en privilégiant des consignes positives. En effet, il est important de formuler des règles claires et non négociables permettant à l'enfant de développer un sentiment de sécurité nécessaire à son bon développement.
- une éducation non violente excluant tout châtiment corporel ou psychologiquement humiliant.
L'éducation bienveillante et positive encourage les démonstrations d'amour des parents envers leurs enfants et vient déconstruire la vision verticale de la parentalité : la relation parent / enfant ne se base plus sur un rapport de force mais sur une communication sans violence et bienveillante.
L'application des principes de l'éducation positive a entraîné un changement majeur dans le rôle parental et peut être vécue comme une injonction à offrir le meilleur de soi-même en permanence, menant certains parents à sur-investir leur rôle parental.
La quête de la perfection, en route vers l'épuisement ?
S'il est indiscutable que les principes de la parentalité positive servent l'intérêt de l'enfant et lui sont donc bénéfiques, il est illusoire de penser que ceux-ci puissent (et même doivent) être appliqués au pied de la lettre.
En effet, malgré ce que l'on peut entendre ou lire, il n'existe pas de recette miracle pour être un parent parfait, ni même un bon parent.
Plus encore, il est impossible d'être un parent positif et bienveillant tout le temps ! Il s'agit d'ailleurs d'un très bon exemple pour l'enfant, qui apprend à travers sa mère ou son père qu'il est normal d'être imparfait et de faire des erreurs.
Il est plus juste de considérer l'éducation bienveillante ou positive comme un idéal, un phare sans être un but en soi et revenir à des objectifs réalistes en terme de parentalité positive.
Source d'une importante culpabilité, ce perfectionnisme parental peut également mener certains parents ne disposant pas des ressources nécessaires pour faire face aux stresseurs liés à la parentalité à l'épuisement, au burn-out parental.
La quête de la perfection entrave souvent le plaisir de faire les choses. Ainsi, nombreux sont les parents qui, se sentant submergés, ressentent une perte de plaisir à s'occuper de leurs enfants.
Le rôle de parent étant par essence particulièrement stressant, les injonctions à la parentalité parfaite contribuent à augmenter ce stress en incitant le parent à en faire toujours plus pour son enfant.
Cette quête de la perfection est encouragée par la pression sociale qui pèse sur les parents : dans notre société, il est inconcevable de ne pas s'investir dans son rôle de parent.
Les réseaux sociaux qui souvent prônent une parentalité lisse et parfaite, sans difficultés ni inquiétudes, renforcent également cette pression et contribuent au sentiment de culpabilité des parents.
Réussir à être le parent que l'on voudrait être ou que la société nous dicte d'être semble alors impossible et peut mener au découragement et à l'épuisement.
Accepter d'être un parent imparfait
Comme évoqué précédemment, le parent parfait n'existe pas. En effet, être parent est un apprentissage quotidien, il est donc tout à fait normal de se tromper, de faire des erreurs.
Il est bénéfique de prendre de la distance avec l'image du parent parfait véhiculé par les réseaux sociaux ou les médias, très éloigné de la réalité quotidienne, et d'apprendre à être indulgent avec soi-même.
Faire de son mieux avec ses ressources, choisir ses combats et s'accorder le droit à l'erreur.
Reprendre confiance en sa compétence parentale est primordiale : les parents sont ceux qui connaissent le mieux leur enfant et sont donc les plus à même de leur apporter ce dont ils ont besoin.
Photos : Shutterstock
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