La séparation : les conséquences sur les partenaires et les enfants

Les séparations sont aujourd’hui une réalité courante. Parmi celles-ci, le divorce concerne environ 1 couple marié sur 5. Qu'en est-il au niveau de chacun des partenaires ? Et des enfants ?

30 NOV. 2021 · Lecture : min.
La séparation : les conséquences sur les partenaires et les enfants

Séparation, divorce, quelle différence pour les couples mariés ?

La séparation représente la première étape du processus. Elle marque un moment crucial où se concrétise la décision, parfois après des mois voir des années d'hésitation. La séparation laisse aussi l'éventuelle opportunité de reconstruire la relation. Ce n'est pas « définitif ». Le divorce, quand à lui, acte une reconnaissance légale : séparation reconnue devant la loi, avec une reprise de son autonomie sentimentale, matérielle et psychologique. Elle peut ainsi être vue comme une expérience libératrice. La durée de certaines procédures, très étalée dans le temps, ne permet pas d'y accéder tout de suite : l'organisation du droit visite, le partage des biens du couple, l'établissement pension alim, … Cette « apnée » de situation, retarde la libération totale de l'esprit et la reconstruction définitive d'une autre page.Du point de vue psychologique, le divorce acte la séparation « au yeux des autres ». C'est par ailleurs la fin de l'espérance d'une amélioration possible de la relation : cette rupture peut être vue comme un véritable échec et une remise en question de sa valeur (« Suis-je encore aimable ? ») et de ses disposition à d'aimer à nouveau.

La séparation est un bouleversement

Certaines caractéristiques ressentis peuvent ressembler à ceux du deuil :

  • la perte : perte des attentes, des idéaux sur la vie amoureuse, sur le modèle familiale, perte de lien, perte de temps avec les enfants, etc ;
  • la peur : la vie en solo suractive une inquiétude quand à la sécurité matérielle, physique, organisationnelle, les regards ou discours jugeant de la société sur ces nouveaux parents, la responsabilité de l'éducation des enfants et de leurs questionnements, la réorganisation de l'équilibre entre la vie personnelle et professionnelle, la peur de ne jamais pouvoir revivre une relation équilibrée ;
  • la colère : l'impression d'échec dans le ménage, la bataille des responsabilités, le ressentiment, les accusations de l'ancien conjoint, ...
  • l'épuisement psychologique : les insomnies peuvent être fréquentes, dues aux préoccupations vis à vis du futur, les remises en question, les retours sur le passé, l'impression d'inadaptation, etc.

Quand la communication est rompue...

«On ne s'entend plus ! » lorsque la réflexion est conflictuelle En effet, on peut observer que pour chaque question, chaque conjoint dispose d'une réponse ! Est-ce que cela signifie que quand la communication est rompue, on observe qu'à une même question, chacun aurait une réponse différente. Il est maintenant identifié que cette profonde crise relationnelle qu'est la séparation conflit réactive nos valeurs profondes, notre histoire personnelle, voire parfois celles de nos lignées … difficile alors d'y être raisonnablement compréhensible.

La bonne communication n'est pas une question d'intelligence mais de sécurité affective. Toutes les émotions et peurs réveillées par la séparation sont rarement entendues/comprises/accompagnées car elles correspondant à des blessures plus anciennes, transférées sur le conjoint. L'entente commune se retrouve difficile, voire impossible, et l'intervention d'un médiateur, d'un thérapeute aide à analyser ses ressentis pour ne pas les reproduire dans une future relation et mieux comprendre les enjeux de la rupture.Citons par exemple : les personnes qui s'autocensurent mettent de côté la haine et le ressentiment, celles qui effacent les bons moments, celles qui ne font pas face à la réalité et qui restent dans l'attente d'une réconciliation qui ne vient jamais, ou celles qui oublient en trouvant un autre conjoint/partenaires successifs.

La séparation pour l'homme et la femme : c'est pareil ?

La séparation d'un couple n'active pas les mêmes ressentis chez l'homme et la femme. Chez la femme, sa nouvelle solitude peut générer une l'inquiétude source de grande fatigue, pour assumer quotidien, car elles ont souvent la garde majoritaire des enfants. La peur du jugement culturel extérieur engendre lui aussi une tension psychique forte, même si elle n'est pas consciente (« Comment va-t-elle assumer ? », « Que va-t-elle devenir ? », « Avec ses enfants, ça va être compliqué de retrouver un compagnon »,….). Elles peuvent en outre craindre pour l'acceptation des enfants par leur futur partenaire.

Pour les hommes : la solitude peut créer un grand vide, suite à la perte des enfants le cas échéant, ainsi que des habitudes organisées du foyer et de l'écoute. Le questionnement sur ses compétences de « chef du foyer » peut entraver sa confiance et ses projets. Il peut ressentir des regrets sur ces années de vie « perdues » , et s'endurcir. Les attentes sociétales non dites sur l'homme sont une remise rapide en couple et cette pression inconsciente peut l'amener, soit à multiplier les conquêtes, soit à se remettre hâtivement en couple, sans avoir vécu le temps de recul nécessaire à expliciter cette crise. Cette crise leur procure fréquemment un inconfort, par manque de compréhension et de rationalité : ils ont besoin de distinction et de clarté sur l'évolution de leur ancienne vie de couple.

Le développement sain des enfants nécessite la cohérence et la sécurité affective

Une séparation ne signifie pas ignorer ses responsabilités en tant que parents. Il s'agit de la séparation des parents, pas de l'enfant.Cependant, la prise en charge des séparations se limite généralement à la dissolution du couple, le partage de l'autorité parentale, sur les plans économiques et des temps d'accueil respectifs. Les nouveaux rôles parentaux sont rarement soutenus. Par ailleurs, les enfants peuvent être impliqués, voire au centre du conflit parental, dans un climat de ressentiments, de culpabilisation, ou de violence : instrument de chantage, vengeance, de messager vulnérable, objet d'espoir de réconciliation...

Les enfants devraient toujours être préservés du désaccord du couple. Ils ne sont pas des membres du couple et ont besoin de se construire dans un climat de sécurité affective et émotionnelle. Lorsqu'il est possible, le lien avec les deux parents est nécessaire pour grandir sereinement, se développer de façon équilibrer.Il est fréquent de voir comment l'une des parties prétend avoir un amour plus important et offrir davantage de soin, suggérant que l'affection de l'autre n'est pas nécessaire ou de volonté insuffisante.Les enfants ont besoin que les adultes soient capables de trouver entre eux les solutions adaptées, pour être rassuré dans leur épanouissement affectif et leur maturation, sans prendre en charge, consciemment ou non, une partie du malaise de ses parents.

Lorsque l'enfant « perd » l'un des parents

Lorsque les enfants font l'objet de pressions, généralement dissimulées, pour se rapprocher de l'un ou de l'autre et, n'en prennent pas parti, ils se sentent isolés et déloyaux envers le parent. En revanche, s'ils décident de s'impliquer, pour garantir leur protection, ils auront également l'impression de trahir l'un des deux. Cette dynamique familiale, dans laquelle la loyauté à l'un des parents implique la déloyauté envers l'autre, place l'enfant dans une tension psychique dissonante intense et déséquilibre sa relation à chacun d'eux.

Il arrive que l'un des parents se désengage de son rôle (moins présent, délaissement de son droit de visite, éloignement géographique). L'enfant vit une absence déstabilisante, dont il se croit en partie responsable. Il peut développer une diminution de son estime en imaginant ne pas être suffisant, ainsi qu'un rapprochement surinvesti du parent qui en a la charge, pour contrebalancer cette perte de stabilité. L'enfant pourra ainsi nier une partie de sa personnalité, de ses ressentis, de son monde, de ses envies, pour ne pas « rajouter » aux difficultés du parent.

L'accompagnement de la séparation

L'accompagnement juridique et social des couples est globalement bien connu et ces derniers en bénéficient presque dans tous les cas de séparation et de divorce. L'aide psychologique est moins usuelle en France, lorsque les conflits sont gérés de manière inadéquate, avec de l'insatisfaction, de l'agressivité et de la tension pour les parties.

Cela produit généralement une plus grande détresse émotionnelle et une distanciation chez les membres de la famille.

  • Pour les adultes : le soutien thérapeutique leurs permettent de se libérer des enjeux, de faire le point sur les fantômes du passé, d'éviter de mettre les enfants en porte à faux ou en insécurité. Cette aide psycho-thérapeutique peut être un appui pour réguler les émotions, gérer les conflits, prendre des décisions, gérer les responsabilités, rechercher du soutien, etc. En définitive, être capable de faire face à une nouvelle étape en surmontant et en fermant la précédente. C'est la façon dont les adultes gérerons le conflits qui le rendra constructifs ou destructeurs.
  • Pour les enfants : leur proposer un espace thérapeute bienveillant va leur offrir l'occasion d'accepter la séparation tout en les rassurant dans leur l'insécurité profonde, de rééquilibrer une posture agressive, impulsive, réactive ou au contraire totalement intériorisée et soumise en l'autorisant à manifester l'hostilité et la colère réprimées.Le travail sur la déculpabilisation de l'enfant sera fondamentale dans sa traverser de la séparation, en l'aidant à distinguer ce qui se passe pour ses parents et sa synergie à eux. Le rééquilibrage de la fonctions maternelles et paternelles permettra de libérer l'enfant des jugement de valeurs de ses parents, et de leur conflit d'adulte.

« La sagesse commence par l'acceptation de l'inévitableet se poursuit par la juste transformation de ce qui peut l'être »Frédérique Lenoir

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Ricaud Carol

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Bibliographie

  • Les enfants du divorce G. Poussin, E. Martin-Lebrun

  • Guérir de la blessure d'abandon S. Tennenbum

  • Avoir le courage de ne pas être aimé I. Kishimi F. koga

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