No sex, un sujet tabou : pourquoi est-il important de reconnaître l’asexualité ?
Que signifie être asexuel ? Pourquoi devrions-nous accepter et reconnaître l’asexualité ? Découvrez de quoi il s’agit et comment un psychologue peut vous aider.
Le « no sex » dérange. C'est même souvent considéré comme anormal voire inhumain. Mais cela pourrait être le signe d’une société qui se délite et révéler, que faire l'amour, prend bien d'autres formes ! Ne pas avoir de rapports sexuels désigne une orientation ou un choix (subi ou en plein accord avec soi) s'expliquant par des raisons médicales, philosophiques, religieuses, contextuelles, etc.
Qu’est-ce que l’asexualité ?
L'asexualité, selon la définition officielle, c'est le fait de n'éprouver aucune attirance sexuelle pour les autres (indépendamment de son genre). C'est donc une orientation sexuelle qui est reconnue et que l'on trouve dans la mention LGBTIA+. Une personne asexuelle n'est pas dégoûtée du sexe ni même dans l'incapacité d'avoir des rapports sexuels, elle n'en a simplement pas envie. Elle peut être amoureuse, en couple et avoir des enfants. L'asexualité est une absence d'attirance sexuelle pour les autres mais il est possible qu'il y ait la pratique de « la masturbation et éventuellement des rapports sexuels dans la mesure où un comportement sexuel ne vient pas redéfinir une orientation » (La révolution du No Sex : petit traité d'asexualité et d'abstinence de Magali Croset-Calisto).
Certaines personnes seront donc abstinentes et d'autres non. L'asexualité n'a rien à voir avec une baisse de désir. Ce n'est ni une maladie, ni un trouble. Une personne asexuelle peut aimer l'intimité (les câlins, les baisers, les caresses, etc), cela ne dépend pas non plus de son genre (Asexualité : comprendre l'orientation invisible de Julie Sondra-Decker et le documentaire No Sex diffusé sur Arté). L'asexualité peut aussi s'éveiller chez des personnes seules et/ou en couple qui, à travers un parcours personnel et spirituel, vont transformer leur énergie sexuelle en une intimité et créativité qui ne nécessitent plus de rapports sexuels. Une personne asexuelle qui s'accepte est épanouie.
Pourquoi est-il important de reconnaître l’asexualité ?
L'asexualité devient une souffrance lorsque la personne n'est pas en accord avec son orientation sexuelle, bien souvent due à une pression extérieure et sociétale (qui peut juger, humilier, harceler, insulter, stigmatiser, violer, etc). Les conséquences vont de la déprime à la dépression, elles peuvent générer de l'anxiété, le repli sur soi, des questionnements, des appréhensions, du rejet, des jugements et comportements autodestructeurs, etc. L'asexualité est susceptible de mettre le couple en difficulté quand le ou la partenaire n'est pas asexuel-le et que l'absence de rapports sexuels se transforme en tensions. Un suivi psychothérapeutique individuel est une voie pour aller vers l'acceptation de soi. Un suivi psychothérapeutique de couple est également une possibilité pour trouver une voie commune.
L'abstinence, c'est refuser d'avoir des rapports sexuels. C'est donc un choix même si parfois il est subi, il peut être temporaire ou permanent. Les raisons d'une abstinence sont très variées : dégoût du sexe (suite à un traumatisme sexuel ou autre, personnel et/ou transgénérationnel par exemple), être dans l'incapacité d'avoir des rapports sexuels (raisons médicales, absence de partenaire, etc), baisse ou perte de désir et/ou de libido, troubles sexuels (vaginisme, trouble érectile, dyspareunie, etc), consommation de substances illicites, stress, dépression, burn-out, dans le cadre de violences dans le couple, etc. Ce choix se manifeste aussi dans des convictions religieuses, philosophiques ou autre. Il peut également exprimer une envie de se mettre en pause et de se retrouver. La temporalité peut est très large. La personne abstinente peut être seule ou en couple.
L'abstinence lorsqu'elle est un choix, en plein accord avec soi, est très bien vécu, elle peut ainsi exprimer une forme de ressource et de recharge permettant de se ressentir dans son être et son désir profond. L'abstinence peut aussi s'expérimenter comme un parcours initiatique et introspectif du corps et de l'esprit.
Mais l'abstinence peut également représenter une zone de frustration, de déception, de doute pouvant entrainer de la déprime, dépression, interrogations, colère, violences. Il est aussi possible, qu'une personne abstinente se sente obligée d'avoir des rapports sexuels alors que sa tête et/ou son corps s'y refuse. La pression sociétale et/ou du partenaire est alors perçue comme autant de violences. Les personnes qui subissent l'absence de sexualité peuvent se sentir anormales et culpabiliser, ne pas se sentir à la hauteur/inférieure. L'abstinence peut se transformer en souffrance dans le couple quand notamment un-e des partenaires ne l'est pas et ne comprend pas et/ou n'accepte pas/plus l'absence de rapports sexuels. Un suivi psychothérapeutique individuel et/ou de couple peuvent permettre de traverser cette souffrance.
Ne pas ou ne plus vouloir avoir de rapports sexuels par orientation ou choix révèle donc juste une part de l'être à écouter.
Dans une société où le sexe est partout, où la pornographie influence l'intimité, où le sexe est utilisé comme arme de guerre, où prône la culture du viol, etc, l'acte sexuel est souvent amalgamé à de la violence et de la destruction. Il bascule alors dans une pulsion de mort. L'absence de sexualité peut alors se révéler être un contrepoids et se percevoir comme une pulsion de vie. La jeunesse d'aujourd'hui affiche ce changement. En effet, selon le sondage de l'ifop pour le compte de sidaction, en 2022, 43% des jeunes des 15-24 ans déclaraient ne pas avoir eu de rapports sexuels durant les douze derniers mois. La liberté sexuelle des années 68 n'a donc certainement plus la même définition aujourd'hui. Cette jeunesse interroge ainsi la sexualité : doit-elle est forcément pénétrative ? Procréative ? Hétéronormé ? Qu'est-ce que le plaisir sexuel et comment se traduit-il ? La révolution sexuelle actuelle invite à sortir de la pression de performance, des obligations et des injonctions (notamment de perpétuer l'espèce) pour tendre vers une sexualité plus ouverte, dans la joie et respectueuse des êtres comme des corps.
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