Philosophie et psychologie : Comment se rapportent-ils ?

Comment pouvons-nous utiliser les connaissances philosophiques pour la thérapie psychologique ? Quel est le lien entre philosophie et psychologie ? Découvrez comment cela peut vous aider.

17 JUIN 2024 · Lecture : min.
Philosophie et psychologie : Comment se rapportent-ils ?

Un des textes philosophiques qui reflète le mieux la relation thérapeutique est le premier Alcibiade. Dans ce texte, nous découvrons le sage Socrate et son disciple Alcibiade. Pour contextualiser, Alcibiade est un jeune noble d'Athènes, qui nourrit une grande ambition politique et souhaite participer au gouvernement de la cité. Socrate, témoin des espoirs de son ami, décide de l’aider. Il lui pose une série de questions qui le mène progressivement à prendre conscience de son ignorance.

La Méthode Socratique et la Connaissance de Soi

Si Socrate met son disciple face à son ignorance, c’est pour son bien, car il sait que toute amélioration dépend de connaissances et de leurs applications. Constater son ignorance à un endroit, l'insuffisance de ses connaissances ou leur adaptabilité, est le premier pas pour progresser vers le type de connaissance qui fait défaut. L’ignorance est à mettre en relation avec un but, ce qui signifie que la prise de conscience de son ignorance peut être considérée comme un point de départ essentiel vers l'atteinte d'un objectif spécifique. Comme le dit Socrate :

“Les erreurs viennent lorsque l’on entreprend une action croyant savoir mais ne sachant pas.”

L'Éthique et la Gouvernance de Soi

En politique, le gouvernement de la cité dépend de l'application de connaissances dans le domaine légal, économique, diplomatique, militaire, etc.
Il en est de même pour l'éthique, c'est-à-dire la gouvernance de soi. Que nous en soyons conscients ou non, nous agissons selon des connaissances qui influencent notre vie sociale, affective, économique, etc. De la qualité des connaissances dépendent les effets. D’où l'interconnexion entre philosophie ancienne et psychothérapie moderne. Tout comme le vieux Socrate, le thérapeute questionne l’analysant pour qu’il révèle l’état de ses connaissances et de ses contenus psychologiques.

Analyse de Nos Connaissances

Analyser l’état de nos connaissances, c'est-à-dire de nos pensées, croyances, notre mémoire, c’est observer les contenus actifs dans notre économie
psychique. C’est remonter à la source de nos actions et de nos intentions. Sommes-nous satisfaits de leur état et de leurs effets sur notre vie ? Ces contenus nous permettent-ils d'atteindre nos buts ? Manquons-nous de ressources à un endroit, ou d’intelligence ? Sommes-nous en conflit ou en contradiction ? Les observer, c’est pouvoir les évaluer, les mesurer et potentiellement les faire évoluer pour le mieux. D’où l’antique invitation : “... très cher, laisse-toi convaincre par moi et l’inscription de Delphes : Connais-toi toi-même.” Se connaître soi-même, c’est agir avec prudence et questionner son âme, c'est-à-dire observer l’état de nos connaissances au sens large, de toutes ces influences et phénomènes de l’esprit qui agissent à travers nous.

La Psychothérapie et l'Élargissement de la Conscience

C’est l’intention de toute psychothérapie, de permettre un élargissement et un affermissement de la conscience de l’individu grâce à une meilleure connaissance de soi. C’est pourquoi la logique de la méthode socratique reflète si bien celle des premiers psychanalystes : L’éthique, la gouvernance de soi, dépend de la connaissance de son âme (âme ici à comprendre comme l’ensemble des faits et contenus relatifs à la phénoménologie de notre cerveau). Se connaître, c’est être conscient de ses manques, de son ignorance et pouvoir agir à cet endroit pour se cultiver et s’améliorer, mieux s'adapter et concrétiser ses aspirations.

La Souffrance et l'Inconscience

Pour les psychanalystes, la souffrance (les erreurs selon Socrate), dépend de l’état de notre conscience. Une inconscience trop importante nuit à l’autonomie, à l’épanouissement et à la croissance de l'individu. Elle mène au conflit, au refoulement, à la frustration. Autrement dit, l’inconscience mène l’individu à l’erreur. L’ignorance et l'inconscience sont des concepts analogues. Le fameux “Ce que je sais c’est que je ne sais rien !” de Socrate peut être traduit par “Ce que je sais c’est que je suis inconscient !” D’où la nécessité et l'invitation à apprendre et à prendre conscience.

Comment Répondre à l’Invitation de la Pythie ?

Alors, comment souscrire à l’invitation de la pythie, par quel moyen pouvons-nous nous connaître ? Socrate donne une réponse lumineuse. Il
explique que se connaître soi-même correspond à se “voir soi-même”, le paradigme qui nous intéresse ici est la vue. Voir ce que tu es, ce qui t’anime et ce qui participe à l’élan de ton existence.

L'Oeil et la Perception

L'œil symbolise notre perception des choses, notre appréciation de la réalité qui conditionne nos actes et nos états. En psychologie, nous savons que comme le temps, la perception est relative à un point de référence, à une ou des informations de référence, que l’on peut appeler le contexte interprétatif (inconscient, a priori). Chaque perception dépend d’un contexte interprétatif. Le prisme de notre œil, de notre vue, de notre vie, est relatif à nos contenus individuels. Notre réalité perçue est façonnée par ces données, par le contexte interprétatif. Observer notre œil est donc la condition pour connaître ce qu’il y a de plus significatif en nous, les conditions de notre perception (conditions sine qua non de notre être au monde).

La Méthode Socratique et la Connaissance de Soi

L'Oeil et le Miroir

Socrate explique que pour que l'œil se voie lui-même, il a besoin d’un objet, d’un instrument qui lui renvoie son reflet, son image.Il poursuit: “... lorsque nous regardons l'œil de quelqu’un qui nous fait face, notre visage se réfléchit dans sa pupille comme dans un miroir.”. “L’âme aussi, si elle veut se connaître elle-même, doit porter son regard sur une âme,...”.

La pupille d’un autre comme miroir pour observer le reflet de soi. Autrement dit, l’altérité comme moyen de prendre conscience de soi. Le thérapeute joue ce rôle de miroir, de pupille qui reflète par le dialogue les contenus de l’âme de l’analysé. Ses pensées, sentiments, aspirations, désirs, frustrations, peurs, colères, etc. Elles prennent forme dans le dialogue, le jeu de reflet, que permet l’altérité au sein de la thérapie. On se révèle à soi-même, on se voit dans ce miroir qui nous dit ce que nous sommes.

Prises de Conscience et Transformation

Les prises de conscience qui s'ensuivent peuvent nous permettre de transformer certaines ombres, insuffisances et infériorités de notre caractère. Sans leur prise de conscience, nous restons victimes de notre inconscience (ignorance pour Socrate) et aucun travail ne peut être accompli. Nous restons victimes de ces contenus négatifs qui continuent de jouir d’autonomie sous le seuil de notre conscience. L’attention et la volonté ne peuvent les altérer. Ces contenus négatifs agissent donc contre notre volonté à notre insu et nous mènent à l’erreur.

La Connaissance de Soi comme Remède à la Souffrance

Le remède pour minimiser l’erreur et la souffrance est et restera la connaissance de soi dans le sens que lui donnaient les sages. Elle permettra de rester à la barre de notre vie pour décider de sa trajectoire, pour nous gouverner avec excellence, comme le souhaitaient les Grecs des temps anciens

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Écrit par

Vincent Snickers

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