Pleurer, c'est pour les courageux !
Si nous nous efforçons d’éviter les émotions négatives, je vous explique aujourd'hui le rôle qu’elles jouent et pourquoi pleurer est courageux.
Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de cette idée si universelle selon laquelle pleurer est pour les lâches. Nous fuyons la tristesse comme si c’était notre pire ennemi et nous croyons que si nous nous sentons tristes, nous sommes faibles et vulnérables. Il y a des gens qui, même quand ils sont émus en thérapie, me demandent pardon. Quand cela arrive, je rappelle à la personne que de la même façon qu’on n’a pas à demander pardon quand on rit, on n’a pas à le faire quand on pleure. Pleurer n’est pas une mauvaise chose, même si nous nous efforçons de le faire croire.
Et si cette demande de pardon se produit en thérapie, qui est en principe un espace pour le soulagement et la naturalité, que se passera-t-il dehors ? Normalement, on évite par tous les moyens que l’on remarque quand on n’est pas content/e, c’est-à-dire qu’on évite les émotions négatives. Mais on ne peut pas fuir quelque chose qui est en nous et qui est essentiel pour les personnes.
La tristesse est une émotion primaire et est donc nécessaire pour tout être humain. Le problème, c’est qu’on essaie de la cacher parce qu’on n’aime pas la sentir. Évidemment que non, personne n’aime se sentir mal, c’est une émotion désagréable, mais nous ne pouvons pas l’éviter, nous ne pouvons pas être en permanence sur le haut de la vague. La tristesse nous aide à détecter quelque chose qui ne va pas, que nous n’aimons pas ou que nous devons changer ou simplement accepter. Sentir la tristesse est comme un réveil, il vous dit qu’il est temps de changer quelque chose ou de gérer quelque chose d'une autre manière.
Il y a des problèmes qui peuvent être résolus, et la tristesse sert à les comprendre et les résoudre, mais il y a d’autres problèmes qui ne peuvent être résolus (comme la perte d’un être cher) et dans ce cas, il ne reste que l’option d’élaborer cette perte en nous soulageant et en relâchant la peine, en laissant couler l’émotion et en laissant le temps nécessaire pour nous remettre sur pied.
Se permettre de pleurer
J’ai l’habitude d’expliquer le processus de digestion comme une similitude des émotions. Comme pour la nourriture, les émotions doivent être mâchées calmement et leur dédier le temps qu’il faut pour ne pas qu'elles ne fassent pas encore plus mal.
C’est comme quand vous mangez quelque chose que vous n’aimez pas : si vous mâchez peu, mangez vite et avalez, cette nourriture va probablement vous indisposer, vous serez pendant des heures à ne pas vous sentir bien jusqu'à ce que la nourriture soit finalement digérée ou jusqu’à ce que vous l’expulsez de votre corps par le vomi. C’est la même chose avec les émotions. Si la tristesse n’est pas bien préparée, elle reste coincée, à tourner en rond, jusqu’à ce qu’on décide de l’écouter. Et ce n’est que lorsque nous y consacrerons le temps qu’il faut, qu’elle sera digérée et qu’elle ne sera plus là en vous.
Un exemple de cela est un processus de deuil. Je suis sûr que vous connaissez quelqu’un (ou même vous-même) qui a souffert d’une rupture sentimentale et au lieu de se permettre de se sentir mal, triste et apathique, la personne a choisi de rencontrer des garçons ou des filles sous prétexte qu’elle allait bien ou que c'était déjà passé. Et des mois, voire des années après, cette personne se rend compte qu’elle ne trouve personne parce qu’elle pense toujours à la personne avec qui elle a rompu parce qu’elle continue à garder la tristesse de la perte en elle, car elle n’a pas laissé sortir cette tristesse auparavant.
Pourquoi évitons-nous de pleurer ?
Les larmes soulagent la tension du corps. Nous pleurons quand nous ressentons beaucoup de joie, lorsque nous nous mettons à la place d’autres personnes, nous pleurons de colère, d’impuissance et nous pleurons aussi de tristesse. Chaque fois que nous le faisons, c’est parce que nous avons beaucoup d’émotion accumulée et que nous avons besoin de nous en libérer. Cette expulsion du corps se fait à travers les larmes et quand elle se produit, elle génère soulagement et bien-être. C’est comme un barrage : lorsqu’il atteint sa capacité maximale, il doit ouvrir les vannes et laisser couler l’eau pour pouvoir continuer à accumuler pour les prochaines pluies.
De plus, les larmes aident à réduire l’anxiété, nous permettent d'être en accord avec ce que nous ressentons, elles tendent et détendent notre corps et nous permettent d'éliminer les toxines.
Comme vous pouvez le voir, pleurer et se permettre d’être triste est courageux car il vous fait faire face à ce que vous ressentez, mais nous continuons à penser que ce sont des lâches qui disent des phrases comme "vous êtes un/e lâche", "vous pleurez pour rien", "ce n’est pas si grave" ou simplement en riant de cette personne qui pleure pour quelque chose que vous considérez comme absurde (comme un film par exemple).
Nous nous autocensurons depuis l’enfance parce que les adultes nous l’imposent et nous finissons par l’intégrer dans notre système de valeurs dès le plus jeune âge. Ne pas montrer ses émotions négatives nous rend fiers et permet de cacher notre propre sensibilité aux autres. Être sensible ne signifie pas être faible, mais être humain.e.
Je vous propose comme défi d’essayer d’écouter vos émotions et de les laisser vivre, vous deviendrez des personnes plus courageuses, vous vous sentirez mieux, plus libres et vous arrêterez de censurer vos enfants, car même si vous laissez l’émotion aux enfants, si vous ne les montrez pas, ils continueront à penser que c’est une mauvaise chose et arrêteront de le faire.
Rappelez-vous que les enfants apprennent plus par imitation que par modelage.
Comme l’a dit Dalai Lama : "Acceptez, ce n’est pas de la résignation, mais rien ne vous fait perdre plus d’énergie que de résister et de combattre quelque chose que vous ne pouvez pas changer".
La psychologue Encarni Muñoz Silva
Photos : Shutterstock
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