Qu'est-ce qu'une famille?

Introduction à la psychogénéalogie. Quelques notions pour comprendre l'utilité d'un travail d'analyse d'un génosociogramme. Les transmissions transgénérationnelles nous impactent et nous construisent. A nous d'en faire quelque chose.

22 AVRIL 2024 · Lecture : min.
Qu'est-ce qu'une famille?

Qu'une vie soit courte ou longue, elle contient des quantités de souvenirs. Chaque personne, chaque être humain a des souvenirs, jamais semblables à ceux de son entourage. L'oeil qui voit, l'oreille qui entend enregistrent et mémorisent les événements vécus et quand ils le sont par plusieurs personnes en même temps, il y a autant de récits particuliers que d'individus. L'interprétation fait son travail et laisse sa trace dans la mémoire. Ensuite, au fil des années, les souvenirs subissent des transformations et des distorsions au détriment de la vérité mais qu'importe! Une transmission se fait d'une génération à l'autre parfois romancée, parfois dramatisée, parfois embellie mais elle se fait. Tout est mieux que le silence, l'amnésie d'une famille, le jugement sévère et la honte. Un travail sur les transmissions transgénérationnelles permet de comprendre une pathologie, un trouble psychique, une angoisse permanente ou à certains moments de l'année chez un(e) patient(e) qui a déjà essayé d'autres thérapies mais qui, malgré des améliorations, voient leurs "symptômes" revenir parce que "ça insiste". Bien sûr il y a les traumatismes que l'on vit depuis sa naissance mais il y aussi l'héritage des traumatismes ayant agi sur nos ancêtres et qui ne les ont pas réglés alors ils les ont transmis à leurs descendants. Parfois tous leurs enfants sont impactés, parfois un seul enfant récupère "le cadeau empoisonné" qui lui-même le transmet à un de ses enfants. Il y a une part de mystère dans cette histoire de transmission mais il y a aussi une certaine logique. On connaît l'expression "les chiens ne font pas des chats", alors on peut imaginer qu'un parent ayant vécu des événements graves (un inceste, un accident, un deuil...) n'ai pas pu surmonter cette épreuve parce qu'autrefois les soins psychologiques n'étaient pas très répandus sauf peut-être dans les grandes villes et pour une certaine classe sociale et qu'ensuite la même sensibilité d'un enfant induit cette transmission. Aujourd'hui la psychogénéalogie offre une approche originale d'aborder son histoire personnelle. Ce travail peut se faire individuellement mais parfois en groupe. Ecouter les histoires familiales des autres est enrichissant pour soi. En formation, je me souviens de deux soeurs qui avaient 13 ans d'écart et avaient présenté leurs arbres généalogiques ou génosociogrammes chacune leur tour. On avait l'impression d'entendre parler de deux familles complètement différentes. L'aînée avait bien connu ses grands-parents, la plus jeune pas du tout. L'une avait des enfants, l'autre non. Leurs vies étaient opposées et leurs relations avec leurs parents également.

C'est un véritable "chantier" que l'on entreprend quand on se lance dans une introspection dans son histoire familiale, une "sorte d'enquête". La prise de conscience des répétitions, des exclusions, des morts prématurées, des problèmes d'héritage... aide à comprendre certains comportements que l'on a dans notre famille ou dans nos liens sociaux.

Le choix des prénoms que l'on croit toujours original et nouveau est souvent en lien avec l'histoire familiale. Les rencontres amoureuses ou amicales offrent aussi des surprises. Il n'est pas rare de rencontrer une personne ayant le même prénom ou la même date d'anniversaire à un jour près qu'(e) ancêtre ayant été exclu(e) ou étant décéd(e) de manière tragique.

Exemple de cas (prénoms modifiés): Suzanne met au monde le 7 mai 1987 une petite fille prématurée qui ne vivra que 5 semaines. Elle et son mari la prénomme Nina. En 2018, Suzanne fait un travail de psychogénalogie au moment de ses 60 ans, âge du décès de son père (1992). Passage de dizaine difficile à vivre. Elle met en évidence que le choix du prénom Nina, apparemment choisi suite à une projection de film où l'héroïne portait ce joli prénom, était l'anagramme du prénom Annie (phonétiquement) porté par une cousine morte à 18 ans en 1964 dans un accident de ski qui avait entraîné un traumatisme dans toute la famille paternelle de Suzanne. Des années après, un neveu de Suzanne fête son anniversaire (11 mai) ainsi que celui de sa compagne (6 mai) qui a 4 ans de plus que lui. Rentrant chez elle, Suzanne réalise que la fiancée de son neveu est née le 6 mai 1987 et a donc l'âge qu'aurait sa fille Nina si elle n'était pas morte (à un jour près). On dit dans ce cas, que l'enfant décédé(e) est ramené(e) dans l'arbre inconsciemment. Cet exemple est un détail de ce que l'on peut découvrir dans une recherche généalogique et permet de comprendre le mécanisme d'une famille.

Le travail de psychogénéalogie est vraiment passionnant et ne peut apporter qu'un éclairage constructif à toute personne perdue voulant comprendre son focntionnement. Dominique Dhaine (psychothérapeute/psychogénéalogiste).

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Écrit par

Dominique Dhaine

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