Traiter les TCA grâce à l'EMDR ?
La thérapie d'intégration neuro-émotionnelle dans les troubles du comportement alimentaire ... Comment ça marche ?
Une personne atteinte d'un trouble du comportement alimentaire souffre d'une profonde dissociation, sensorielle et émotionnelle. Une thérapie d'intégration neuro-émotionnelle permet au patient de s'approprier les événements douloureux de la vie et de les retraiter pour désamorcer le traumatisme et l'anxiété qui en découlent.
La thérapie d'intégration neuroémotionnelle a pour objet d'intégrer sensations et cognitions. Elle utilise la stimulation oculaire : EMDR (eye movement desensitization and reprocessing). Cette intégration somato-psychique est l'un des objectifs de la prise en charge des troubles du comportement alimentaire (TCA), où l'anxiété, le manque de confiance et le sentiment de ne pas peser bien lourd sont au centre de la problématique.
L'intégration neuroémotionnelle
L'intégration neuro-émotionnelle est l'acceptation en soi de tous les souvenirs comme constructeurs de l'être. Il s'agit de s'approprier les événements d'une vie (y compris traumatiques) et de les retraiter pour en faire une source nouvelle d'expériences. C'est une démarche opposée à celle qui consiste à subir les épisodes de sa vie et à les refouler.
"Retraiter une expérience" permet à la personne de "désamorcer" le traumatisme et l'anxiété qui y sont liés.
Il s'agit de :
- "décharger" la zone-mémoire émotionnelle et reclasser le traumatisme dans la zone de mémoire explicite et élaborée (donner du sens et relativiser) ;
- transférer, en termes physiologiques, le traumatisme du mésencéphale (thalamus) vers l'hippocampe (système limbique, clarification, mémoire explicite), l'hypothalamus (homéostasie) et enfin vers le cortex (conscience, comportements et cognitions) ;
- démêler des associations qui se sont faites (ancrages sensoriels, conditionnement dysfonctionnel) pour générer un processus cognitif (idées, pensées, réflexions) et des comportements plus adaptés que la restriction, les crises et l'hyperactivité physique ;
- conserver ses expériences de vie pour en faire une source d'enseignement.
Une patiente atteinte de TCA présente une physiologie "sous stress", notamment [ dossier ] FORMATION [ N° 29 - Janvier-Mars 2012 – Pratiques en nutrition — 21 ] du fait même de sa dénutrition ou malnutrition.
Raconter des épisodes traumatisants de sa vie va réactiver des processus d'angoisse et de peur, ou de dégoût. Il faut donc créer un espace de calme et de sécurité pour pouvoir générer de nouvelles connexions neuronales, sources de comportements positifs "générateurs de bien-être". L'attitude du thérapeute sera centrée sur le "renvoi en miroir" : il faut faire fonctionner les "neurones-miroir" (ceux qui font copier ce qui est ressenti) de posture, de gestuelle, de rythme de parole et de reformulation mot à mot. Le thérapeute peut ainsi transmettre au patient son propre état de sécurité. Chez les malades souffrant de TCA, ce besoin de guidage est primordial.
Photos : Shutterstock
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