Je me sent différente
Bonjour
Je suis une femme de 36 ans, mariée, un enfant, un super cadre de vie qui me correspond, un travail , une famille et quelques connaissances ..
J'ai l'air d'une personne tout à fait lambda, rien ne laisse supposer de façon extérieure puisque je soigne les apparences, je suis respectueuse, mais au fonds je me sent différente,
Différente en quoi me demanderiez vous probablement?
Je me sent socialement différente, j'ai dut mal à nouer des amitiés ou des relations profondes. Ce qui ne fut pas le cas à l'enfance et adolescence, bien qu'ado çà devenait compliqué.
Pour retracer ma vie sur les lignes qui m'ont marquées:
C'est surtout mon père qui a voulu que je vienne au monde, rapidement ma mère m'a laissé en crèche au bout de 2 mois pour etre une femme libre... mais comme beaucoup d'enfants à l'époque.
A 3 ans, j'ai refusé de manger un plat de légumes, ma mère était seule avec moi, elle m'a menacé encore une fois de m'abandonner, et je l'ai mise au défi en lui disant que c'etait pas vrai, alors elle m'a attrapée, m'a collée dans la voiture et m'a déposée sur un trottoir seule dans la nuit.
Elle est revenue me chercher quand meme.
Je suis devenue très difficile niveau alimentaire.
Mon frère est né, peu de temps après, ils ont découvert son handicap neurologique et moteur au fil des mois,
Désormais la vie de famille tournait autour de mon frere, et ce fut irréversible, (le mot est fort mais bien choisi)
Je n'avait aucune affection, pas de bisou, pas de calin sauf le bisou du matin et le soir, mon pere etait peu démonstratif mais je ressentait qu'il m'aimait beaucoup. Je sentait la différence entre moi et les autres petites filles qui avaient l'amour maternel.
Au fil du temps, à l'Age de 5 ans, j'ai compris que j'étais exclue de la famille, tout tournait autour de mon frère, et ses besoins,
Les miens étaient pour autant partiellement comblés : avoir une chambre à moi, de quoi manger et boire, des vetements, aller à l'école, avoir des amis que je pouvait voir aussi en dehors de l'école. Des cadeaux pour noël et anniversaire.
A l'Age de 10 ans, nous sommes partis sur une plage bondé de monde, je voulait faire un château de sable, du moins, bâtir le plan en 3 d de ma future maison, mes parents sont partis faire un tour avec mon frere, j'étais seule au milieu de ce monde. J'avais bâti une maison plus grande que moi avec toutes les pieces, j'étais inspirée, elle me semblait aboutie cette maison, le soleil se couchait, mais mes parents n'étaient pas revenus, alors j'ai pleuré, j'ai cru que je devrai me trouver un abri pour la nuit, de quoi boire et manger...j'ai explosé en sanglots et j'ai été recueillie par des passants. Mes parents sont revenus l'air de rien.
A 12 ans j'ai intégré un collège de quartier, dans le 93, ma mère refusait que j'aille au collège privé catholique tout comme mes amies de toujours, qui elles, avaient cette chance. Il n'était pas question de moyens financiers,
Je n'avait pas de repères, ni de paires en arrivant la dedans
Ce collège était fréquenté par des personnes agressives, et moi plutôt timorée, c'était dur, très dur,
D'autant plus que ma mère refusait que je m'habille comme les autres, elle choisissait mes vêtements, quel que peu enfantins, alors on se moquait de moi. Je l'expliquait à ma mere elle me disait tu n'a pas a t'habiller comme les autres, défends toi !
Je me sentait exclue de ma famille Et désormais de la société !
A 13 ans tentatives de suicide, et personne n'a vu ou voulu voir mon mal etre. A part une prof qui a alerté mon pere, lui disant que je devrait voir un psy, il a répondu je ne croit pas au psy !
Je me sentait différente de plus en plus et l'échec scolaire me guettait moi qui était bonne élève.
14ans déménagement dans une ville paisible, je me fait pleins d'amis, j'impose mon style à ma mere, je ne porte plus ses vetements je m'y refuse,
Mon frere deviens insomniaque de façon irréversible, la nuit il ne dort pas mais il dort parfois le jour ou pas..., je dors 3 ou 4 H max, ma chambre est à coté de la sienne j'entends ses rires nerveux toute la nuit, ma mere refuse que je dorme au rdc dans le calme , je doit subir un manque de sommeil, je suis a moitié endormie en classe. Je suis épuisée. Je redouble encore.. Cette situation de fatigue durera jusqu'à mes 19ans,
16 ans mon premier amour qui deviendra mon mari,
Des hauts et des bas, il a parfois senti mes faiblesses, en a profité, et me parlait mal, j'ai appris à m'imposer et il m'a respectée.
A 19 ans je part enfin, je suis heureuse, je part vivre dans une petite maison , sans eau, ni électricité, mais je peux dormir la nuit et en plus avec mon cheri.
-Ayant quitté le domicile familial, ma mere me le reproche, puis elle me glissera subtilement que le handicap de mon frere est de ma faute ayant contracté la varicelle quand il est né !-
De là, avec mon mari, nous batissons notre premiere maison plus grande, 10 ans de travaux, n'ayant pas d'argent, je termine mes études en alternance bac +2 et j'ai un salaire, lui aussi, et le temps libre c'est pour bâtir.
A la fin de la construction nous choisissons d'avoir un enfant après mure réflexion.
Je m'en occupe à 100% pendant un an puis je reprend le travail, mon enfant a bien grandi et est épanoui, il est en avance niveau scolaire, il a des amis, se passionne de tout, il est né avec le sourire et ne l'a jamais quitté ou presque.
Ma mere n'a jamais eut de cesse de me dire que je m'occupait pas de mon frere, que je n'était pas attentionnée envers lui.
Pour ma part, je n'avait rien à lui offrir, ni de mon énergie, ni de mon temps. Elle m'en voudra terriblement, et je ne m'étonnerait pas qu'elle m'en veuille encore.
Elle aurait aimé que Ma vie tourne aussi autour de mon frere, que je m'en occupe de temps à autre en dehors de son centre de jour, et surtout elle aurait aimé savoir que le jour ou mes parents disparaissaient, je serait la pour m'occuper de lui !
Il en a toujours été hors de question, j'ai jamais eut l'énergie (ou que sait je)pour le faire et celà ne changera pas.
Nos relations semblent apaisées depuis quelques années, mes parents me proposent de l'aide parfois, et gardent mon fils de temps à autre.
Je me sent différente de la plupart des gens, qui s'intéressent à des futilités, qui aiment danser, qui aiment faire la fete, qui peuvent parler des heures pour ne rien dire,
Je sait dire merci quand la plupart des gens ne remercient pas ou se croient tout permis,
J ene suis pas une boute en train,
je sourit je rit quand c'est vraiment drole,
Je me régale devant un bon plat,
Je ne suis pas extravertie, je ne m'enthousiasme pas à l'euphorie dans les aigus,
Je suis posée, calme, mais je m'emporte vite à la moindre agression
J'aime la nature, les voyages, les enfants et leur innocence, leur vérité dans leur spontanéité,
J'aime peindre, dessiner, imaginer
J'aime marcher, faire du sport seule
Je plait physiquement aux hommes,
J'aime mon métier
J'aime la vitesse de propulsion d'un avion ou d'une voiture
J'aime apprendre de nouvelles choses
Ces " j'aime" n'ont rien de superficiels, je me délivre là en transparence à travers eux, d'ailleurs les réseaux sociaux trop peu pour moi,
Je déteste les influenceurs qui ont besoin de se poster sous toutes les coutures pour rassurer leur égo, et vendre leur image, fléau d'un monde en dégénérescence,
Je déteste les magasins, temples de la surconsommation, de l'appauvrissement économique et intellectuel.
J'ai tendance à beaucoup analyser les autres , à ressentir certaines de leurs émotions, parfois interpréter aussi c'est le risque.
Je suis complexe peut-etre, différente, surement, j'ai un bon fonds, surement,
Je vous remercie de m'avoir lue,