Relation toxique depuis plus de 30 ans

Bonjour,

Je viens aujourd'hui vers vous pour obtenir des pistes de réflexion (ou plutôt sur les actions à mener car je ne sais plus quoi faire).
J'ai 33 ans et j'ai une relation toxique avec ma mère depuis toujours.

Pour resituer le contexte, j'ai un frère ainé, je suis la plus jeune.
Du plus loin que je me souvienne, mes 3 ans environ, j'ai toujours détesté ma mère mais j'ai "fait avec" (pas trop le choix à priori). Elle s'est peu (pas ?) occupée de moi car elle travaillait beaucoup – et ça je ne lui en veux pas à vrai dire. Elle m'a toujours donné l'impression de ne pas s'intéresser à ses enfants : elle monopolisait l'attention, nous demandait de nous taire ou de nous en aller pour qu'elle soit tranquille quand elle était à la maison, ou se moquait régulièrement de tout le monde (son mari qui est un « bon à rien », ses enfants qui « sont idiots »). Elle n'a jamais trop su ce qu'il se passait dans ma vie (dans quelle classe j'étais, si j'étais en CE2 ou CM2 ne changeait pas grand chose), n'a jamais regardé mes devoirs, m'oubliait les rares fois où elle devait venir me chercher quelque part. Si elle devait m’emmener à l’école (maternelle), c’est moi qui devait la lever pour lui rappeler que nous devions partir dans 15 ou 20 minutes ; elle grognait dans son lit pour ne pas se lever. A côté de ça, je me gérais seule pour me préparer le matin, me lever (régler un réveil seule à 3-4 ans ?!), m’habiller. Une nourrice s’occupait de moi en fin d’après-midi, c’était une vraie bouffée d’oxygène. Ma mère ne s’occupait de rien à la maison, ni le ménage, ni les repas etc…(partagé entre mon père et ma nourrice) et considérait que tout était mal fait.

Nous n'avions donc aucune relation si ce n'est que je la croisais de temps en temps et qu'elle hurlait (par exemple en brandissant un sac poubelle, menaçant de jeter toutes nos affaires, si elle voyait un pull trainer, alors qu'elle est elle-même très bordélique). Mon seul souhait quand j’étais enfant était qu’elle ne rentre pas à la maison, définitivement – tellement j’avais une boule au ventre quand je la voyais et la peur de me faire frapper (ce qui n'est jamais arrivé, bizarrement). Je sentais au fond de moi que quelque chose ne tournait pas rond car son discours entre la maison et l’extérieur n’était pas le même (elle se faisait passer pour une maman aimante, très fière de ses enfants, ce qui est toujours le cas aujourd’hui pour se « cacher »). Si j’essayais de m’exprimer, de dire que je ne me sentais pas bien, elle me disait que j’étais insolente et que « bien entendu ma pauvre chérie, tu as tout pour être malheureuse » (sous-entendu, j’avais à manger et un toit sur la tête donc je n’avais rien à dire).
Plus le temps passait, plus j’essayais de me défendre et pire c’était. Je sentais que quand elle n’avait plus l’attention sur elle, il fallait qu’elle se déchaine. J’ai donc eu pendant 30 ans ce type de remarques : « Tu n’as jamais eu la taille mannequin de toute façon, c’est pas étonnant que tu rentres pas dans du 36 » « Avec la tête que t’as, je vois pas comment tu peux être crédible » « Vu comment tu es, je doute que tu te trouves un mari un jour » « Tu n’arriveras jamais à concrétiser ce projet, faut pas rêver, tu es incapable » « Tu es malade ? Tu rêves ma pauvre, tu seras pas remise demain ». Un jour, je suis rentrée en pleurs après une dispute avec mon copain de l’époque, elle m’a dit « si tu t’es fait larguée, tu l’as bien mérité de toute façon ». J’ai donc pris ma clé de voiture pour partir. Elle m’a attrapé le bras pour me retenir, d’abord en disant que j’allais avoir un accident si je conduisais dans cet état, puis m’a relâché en disant « finalement, vas-y, ça m’arrange ». J’ai eu un accident 5 minutes plus tard tellement j’étais bouleversée. Elle s’est excusée une semaine plus tard, en pleurant comme jamais et en se roulant par terre comme une petite fille.

Je n’habite pas loin de chez mes parents et n’ai jamais songé à déménager car toute ma vie est ici. Le reste de ma famille, mes activités, mon travail, mes amis. Je tente depuis les dernières années de couper court à cette relation toxique mais elle tente de « garder la main sur moi ». Elle veut mon double de clé pour venir quand je ne suis pas là, mes accès à mes comptes bancaires, connaitre mon emploi du temps exact et cherche à connaitre le maximum de mes voisins par exemple. J’ai coupé court à toutes ces manipulations depuis plusieurs années mais elle essaye toujours d’avoir quelque chose à laquelle se raccrocher.
Les autres personnes de ma famille ne s’en mêlent pas ou très peu. Je suis la seule célibataire et ses attaques se font particulièrement plus importantes s’il n’y a pas de témoin. Son but (j’en ai l’impression), est de me descendre jusqu’à ce que je pleure – ce qui a l’air de lui faire plaisir comme si elle avait accompli ce qu’elle voulait (elle est en général heureuse du malheur des autres, du moins c’est ce que je ressens).
Je la vois donc de moins en moins, je l’évite. J’ai tenté de lui expliquer plusieurs fois mais la communication est impossible : elle crie, se braque et part en claquant la porte. Elle m’a demandé de ne plus appeler mon père, avec qui j’essaye de garder une relation malgré son indifférence totale à ce problème. Je lui ai demandé une fois de l’aide, il m’a clairement répondu non. Au milieu de ses hurlements, elle m’a traité de sale égoïste car je ne prends pas de ses nouvelles et je ne m’intéresse pas à elle (sans blague ?). Les autres membres de la famille se ferment également, comme s’ils avaient peur d’elle.
Je ne supporte plus son comportement, qui n’a jamais vraiment changé : un manque total de respect envers les autres et un désintérêt de tous les gens qui l’entourent, son attitude d’adolescente (elle se lève à midi, traine en pyjama toute la journée, mange n’importe comment) sans compter son racisme et son homophobie que je ne tolère plus.

Je me sens donc coincée dans cette situation où je n’ai pas de soutien du reste de ma famille mais avec qui je garde un lien important. C’est un sujet tabou : personne n’en parle comme ça il n'y a pas de problème. Mon rêve est seulement de lui balancer tout ce que je pense d’elle après autant d’années – cela me tourne dans la tête depuis maintenant quelques semaines par « flash » sur ce que j’aurais envie de lui dire de vraiment affreux (par exemple, que je ne l’aime pas et que beaucoup de gens qui l’entourent sont hypocrites avec elle, que je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi mal élevé etc)
Je précise que moins je la vois, mieux je me sens et je vis une vie tout à fait normale. Je ne pense pas devoir me poser de question existentielle sur pourquoi elle est comme ça (elle va mal et cela doit remonter à bien loin. Malheureusement pour elle, ce n’est pas à moi de porter ce poids) Je ne supporte pas ce harcèlement dont je n’arrive pas à me défaire malgré tout ce que je tente (communication, y aller par la force en lui supprimant des clés par exemple, en parler avec les autres etc..)

Merci à vous de m’avoir lu.