Changer son conjoint, une illusion ?

Comme l'avait justement décrit Florence Foresti dans son sketch : on fini par détester ce qui nous attirait au départ chez notre partenaire .... ! C'est là que l'envie de vouloir la ou le changer peut pointer son nez.

Car, une fois passé la magie de la rencontre, une fois que ce que Stendhal appelait "la cristallisation amoureuse", notre regard sur notre partenaire change. Certains traits de caractères, certaines manies, certains comportements se font plus visibles, et finissent à la longue à carrément nous agacer. Alors qu'avant l'être chéri nous semblait revêtir toutes les qualités, une sorte de déception s'insinue petit à petit : cet être est un humain, normal, avec des défauts, un passé, des tics... Bref, pas exactement tel que nous le rêvions lors des premiers émois. S'envole alors l'illusion de former l'union parfaite avec une part manquante qui nous complèterait, comme dans le mythe de l'âme-soeur de Platon.

Il arrive alors qu'on vienne à caresser l'idée de pouvoir amener l'être aimé à changer son comportement, sinon sa personnalité afin qu'il s'améliore, parfois aussi afin qu'il se rapproche de cet idéal, même si nous n'osons nous l'avouer complètement.

Avec des chances de succès limitées.... Car nous nous connaissons tous l'expression : «Chasser le naturel et il revient au galop.»

Existe-t-il une différence entre les sexes à ce sujet ?

Oui... mais pas pour les raisons que nous pensons.

Que les couples aient ou non des enfants, il semble que les femmes soient souvent plus demandeuses de changements que les hommes. D'ailleurs c'est souvent elles qui initient des consultations en thérapie de couple. L'expérience de la clinique me montre qu'il peut y avoir beaucoup de raisons à cela. Premièrement, la plupart des femmes travaillent sur elles, lisent des livres psy, consultent et se prennent en main. De plus, culturellement, c'est surtout elles qui investissent le couple et en attendent plus. Enfin, les hommes eux, voudraient surtout que les femmes ne changent pas - et surtout après la naissance des enfants.

Ces différences vont alors créer des tensions dans le couple, qui parfois peuvent devenir insupportables pour les partenaires.

Car il faut différencier changer certains comportements et transformer la personne...

Il est évidemment impossible de modifier la personnalité de quelqu'un, de changer sa manière d'être ou de voir le monde.

Et souvent ça n'est d'ailleurs pas la demande. Souvent, les personnes attendent des choses plus simples, comme la participations aux tâches ménagères, plus d'attention, plus de temps de qualité, plus de soutien et de compassion quand la vie au bureau est pesante, ou avant les dead-lines cruciales...

Ultimatum ou méthode douce ?

Savoir bien exprimer ses demandes en plein conflit, tout en gardant son calme peut relever de l'exploit ! Tout reproche ou ultimatum devrait être à bannir, même si ils sont considérés comme justifiés sur le moment. Car cela ne fait qu'alimenter le cycle de la haine et continue d'envenimer encore plus le conflit.

Mais quand les partenaires sont de bonne volonté, la méthode douce reste la plus efficace. Changer est un travail difficile, long et parfois pénible, et en prendre conscience constitue une étape importante du processus. En clair, il ne faut pas en demander trop, tout de suite. En neurosciences, on sait que le but du cerveau est justement de créer une habitude, un automatisme pour nous faciliter la vie. En demandant à l'autre de changer, on lui demande donc de déprogrammer ce que sa conscience a mis en place durant plusieurs années voire tout un pan de sa vie. Il ne faut pas sous-estimer l'énergie que cela demande, ni même le temps que cela nécessite.

Quand faut-il consulter ?

Si la personne en face de vous n'entend pas, il est toujours temps d'envisager une thérapie de couple, ce qui est, à bien des égards, le meilleur moyen de lui faire prendre conscience de votre mal-être. Car c'est travail du thérapeute de mettre des mots sur les demandes des gens. Et attention, il est quasiment impossible de résoudre les problèmes conjugaux si seulement l'une des parties va en thérapie.

Le couple est une entité à part entière qu'il faut traiter en tant que telle. Il nous arrive de travailler en détail sur une personne dans le couple, sans laisser l'autre de côté pour autant. Inclure une tierce personne, dont c'est le métier et qui possède l'expertise et le recul nécessaire reste le meilleur moyen de venir à bout d'un déséquilibre.

Car très souvent, malheureusement, les couples nous arrivent trop tard, se sont déjà dit et fait beaucoup de mal, qu'il peut parfois être très difficile de récupérer, alors qu'il aurait été plus simple de demander plus tôt un soutien qui finit par s'avérer indispensable.

Photos : Shutterstock

Les informations publiées sur Psychologue.net ne se substituent en aucun cas à la relation entre le patient et son psychologue. Psychologue.net ne fait l'apologie d'aucun traitement spécifique, produit commercial ou service.