Comment dépasser son deuil

Le deuil est douloureux mais nécessaire pour se reconstruire. Comprendre ses mécanismes et/ou se faire accompagner peut aider à le dépasser.

18 JUIL. 2024 · Lecture : min.
Comment dépasser son deuil

Le deuil est associé à une perte. C'est un processus psychologique par lequel nous passons lorsque nous sommes confrontés à une situation qui n'existera plus. Le deuil ne se limite pas à la perte d'une personne aimée comme pour un décès ou une séparation conjugale, mais à tout ce qui avait de l'importance pour nous comme un travail, un animal, une activité sportive, un rôle comme lors du départ des enfants du nid parental.

Pourquoi le deuil est-il nécessaire ?

Ce deuil est plus ou moins grave mais nécessaire, et chaque jour nous subissons tous des micro-deuils auxquels sont associées des charges émotionnelles plus ou moins fortes. Car la vie est faite d'attachements et de séparations nécessitant une succession de deuils pour se reconstruire. Cet attachement nait de la relation à l'autre, qui nécessite un déploiement d'énergie qui pourra être réinvestie dans autre chose une fois la perte dépassée.

Ces pertes engendrent un changement dans notre existence, la perte d'une présence, d'une habitude ou de gestes qui n'existent plus et qui faisaient partie de notre vie. On attribue à ces êtres ou choses perdus des signification personnelles comme si on les avait incorporées à soi-même. Et on a donc l'impression de perdre une partie de soi-même, et c'est en ça que le deuil est si difficile à dépasser, et que les étapes du deuil sont nécessaires.

Les étapes du deuil

Il y a 7 étapes principales du deuil, et leur temporalité et enchainement dépend de tout un chacun. On ne les passe pas forcément dans le même ordre ni même toutes, parfois mêmes elles se mélangent ou il y a des effets 'yoyo'. Ces étapes sont des mécanismes de défense qui protègent le psychisme :

  1. Quand nous apprenons la perte, il peut y avoir un état de CHOC ou sidération : notre cerveau se met en protection et n'entend plus rien car le psychisme reçoit une information insupportable à supporter. Cet état peut durer quelques minutes ou quelques heures, sauf en cas de dépression catatonique qui est un état de deuil pathologique anormal.
  2. Puis vient le DENI de la réalité : on est sorti du choc, on est conscient de ce qui arrive mais on refuse la réalité et n'accepte pas la perte, 'ce n'est pas possible que ça m'arrive'. Cette étape est tout à fait normale, sauf en cas de déni pathologique, où la personne continue à vivre comme si rien n'avait changé. On peut présumer que cette étape est encore plus difficile si l'objet de la perte n'est pas mort, car une réalité alternative reste physiquement possible.
  3. Intervient ensuite le MARCHANDAGE : on essaie de trouver une alternative pour changer la réalité. Cette étape a pour but de nous faire espérer qu'une autre réalité est possible et fait partie du processus, sauf en cas de marchandage pathologique.
  4. La COLERE permet d'imaginer qu'une autre réalité aurait pu être possible si quelqu'un avait agi différemment, ce qui soulage. Elle est soit tournée vers les autres ou soi-même. Par exemple on peut accuser un médecin de ne pas avoir fait les examens nécessaires résultant en la mort du proche décédé, ou bien on peut s'en vouloir d'avoir dit quelque chose qui aurait contribué à la perte d'un ami. Dans tous les cas cela cache une culpabilité projetée et donc la nécessité de trouver un.e coupable. La colère est un écran à la tristesse.
  5. Puis vient la TRISTESSE ou dépression passagère, quand les 4 autres mécanismes de défense ne fonctionnent plus. On n'a plus envie de rien, plus de plaisirs, et on pleure beaucoup. Parfois la tristesse est différée, parfois immédiate. Elle devient pathologique si elle tourne en dépression de plus de 6 mois et que la personne s'écroule avec la pulsion de mort qui prend le dessus sur la pulsion de vie.
  6. Les 2 dernières étapes augurent la fin du deuil : l'ACCEPTATION que la vie ne sera jamais plus la même, et la RESILIENCE où l'on cherche à construire à partir de ce qui a été détruit, comme monter une association d'aide aux victimes, écrire un livre. Elle émane d'un besoin de donner du sens à la perte. Ce mécanisme de défense peut ne jamais s'arrêter et être évolutif.

Comment faire face au deuil ?

Comment faire face au deuil ?

Les premières expériences d'attachement et de séparation sont liées à la souffrance psychique causée par un deuil. L'attachement anxieux exacerberait l'angoisse de mort et accentuerait la souffrance de la perte ultime. Malgré le grand chagrin, la sérénité de l'endeuillé proviendrait d'un attachement sécurisant.

Selon Boris Cyrulnik, pour se reconstruire d'un traumatisme, et le deuil en fait partie, il faut tout d'abord se sentir en sécurité. Celles et ceux qui dans l'enfance se sont sentis en sécurité, auront davantage de résistance à la douleur ; Car résilience et attachement vont de pair. En effet, la résilience se construit dans la relation avec autrui et donc dans les liens d'attachement que la personne endeuillée aura eu en amont du traumatisme et de ceux qu'elle pourra créer dans son processus de reconstruction.

Le deuil nous affecte d'autant plus quand l'attachement à l'être perdu était fusionnel et qu'on a donc l'impression que c'est une partie de nous-même que nous perdons, celle crée par la relation avant qu'elle ne soit perdue. Par exemple en cas de décès d'un parent dont nous étions proche, c'est la personne que nous étions avec ce parent, par exemple son enfant, que nous pensons perdre. En cas de perte d'emploi, c'est la personne avec un certain statut dans la sphère professionnelle, que nous perdons. Quand nos enfants quittent le cocon familial, c'est le rôle de mère ou de père nourricier et protecteur que nous perdons.

En fait les choses extérieures ne nous définissent pas mais néanmoins elles font partie de nous. Un proche nous est extérieur, de même qu'une maison à la campagne ou un animal de compagnie. La perte de ces éléments n'enlève rien à la personne qu'on est, on reste l'enfant ou le parent de, on reste la personne qui aime la campagne, on reste une personne qui aime les animaux, même si la perte change notre situation. La perte d'un proche certes met fin aux échanges avec cette personne, mais les idées et pensées que vous avanciez lors de ces échanges vous appartiennent et restent en vous.

Quand le deuil est très douloureux ou qu'il perdure, un accompagnement par un.e thérapeute peut aider à gérer la souffrance et le dépasser. Dans un premier temps, une thérapie de soutien et d'écoute à toutes les étapes du deuil permet d'abaisser la souffrance, et de faire externaliser les émotions dans un but de catharsis.

Il est aussi utile de conscientiser la situation de façon plus concrète, cela peut passer par un rituel, comme l'enterrement. Transformer la vie avec ce proche en souvenir par les photos est aussi un moyen de dépasser le deuil. Et en cas de deuil pathologique, il est fortement conseillé de se faire accompagner. Les symptômes du deuil pathologique comprennent : des états anxieux, un traumatisme de séparation, des symptômes physiques, une culpabilité exacerbée, des accès mélancoliques, des épisodes maniaques, des troubles de l'addiction, des comportements à risques.

En cas de non-acceptation, on peut dire que le deuil n'est pas abouti, le.la thérapeute peut aider à comprendre par une psychothérapie analytique. Cela peut être rattaché à la culpabilité, les étapes de colère et de dépression peuvent renvoyer à un processus inconscient, un refus de la réalité que: pourquoi ce refus de la réalité ? y a-t-il un conflit de loyauté qui empêche d'en sortir ? y a-t-il des schémas répétitifs ? ne pas avoir fait le deuil du parent idéal ? que représentait la chose ou la personne aimée ? Quelque soit notre cheminement, le dépassement de nos deuils permettent une délivrance, la possibilité de nous investir dans de nouvelles personnes ou choses, et la perspective de nouveaux commencements...

PUBLICITÉ

Écrit par

Sandrine Bowen

Voir profil

Bibliographie

  • Elizabeth Kubler Ross « Sur le chemin du deuil » https://www.actionenfance.org/actualites/boris-cyrulnik-entre-concept-de-resilience-et-theorie-de-attachement/
  • Boris Cyrulnik « Sous le signe du lien »

Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

derniers articles sur deuil

PUBLICITÉ