Ghosting-Éviter la confrontation, mais ignorer le coût

Le ghosting, c'est-à-dire la fin soudaine et inexpliquée d'une relation, découle souvent d'un désir d'éviter la confrontation. Si les "ghosters" éprouvent un soulagement initial, ils ressentent ensuite des émotions complexes.

1 JUIL. 2024 · Dernière modification: 5 JUIL. 2024 · Lecture : min.
Ghosting-Éviter la confrontation, mais ignorer le coût

Il est universellement reconnu que le traitement silencieux est extrêmement douloureux. Il élimine toute possibilité d'aborder le problème sous-jacent, laissant le destinataire dans la détresse et le sentiment d'être puni. Ces dernières années, le terme "ghosting" est apparu pour décrire la rupture brutale et inexpliquée d'une relation par l'une des parties. Ce phénomène ne se limite pas aux rencontres amoureuses ; il se produit également entre amis et membres de la famille. Compte tenu de sa prévalence et des troubles émotionnels qu'il provoque, les chercheurs ont cherché à mieux comprendre la dynamique du ghosting.

Dans une étude récente menée par Wu et Bamishigbin (2023), des entretiens avec 34 étudiants de premier cycle qui avaient chassé d'autres personnes ont été analysés. La répartition démographique de l'étude comprenait 68 % de femmes et 32 % d'hommes, 65 % s'identifiant comme Latinx, 15 % comme Asiatiques/Américains, 12 % comme Afro-Américains, 3 % comme Européens/Américains d'Europe, 3 % comme Natifs d'Hawaï/Pacifique et 3 % comme Moyen-Orientaux. Cette diversité contraste avec les échantillons majoritairement caucasiens souvent utilisés dans la recherche en psychologie, ce qui suggère la nécessité de mener des études plus approfondies sur différents groupes démographiques.

Wu et Bamishigbin (2023) ont exploré trois aspects principaux du ghosting : les raisons du ghosting, les attitudes des ghosters à son égard et les conséquences émotionnelles pour les ghosters. Les résultats de cette étude offrent des informations précieuses non seulement sur le processus de ghosting, mais aussi sur les caractéristiques des individus susceptibles de ghoster d'autres personnes.

Pourquoi les gens font-ils du "ghosting" ?

La raison la plus fréquemment citée pour expliquer le ghosting est une cause claire, telle que l'incompatibilité, l'attachement, un comportement inapproprié ou des sentiments non réciproques. La deuxième raison la plus fréquente est le désir d'éviter la confrontation. La troisième raison, décrite comme une orientation à court terme, fait référence à une préférence pour des interactions à court terme plutôt que pour une relation à long terme. La quatrième raison est que la personne ghostee ne répond pas aux critères du ghoster ou qu'elle est perçue comme socialement inférieure. Les ghosters décrivent souvent les personnes qu'ils ont rencontrées comme étant dans le besoin, insistantes, agaçantes, peu sûres d'elles, jalouses, et bien d'autres traits indésirables. Cela correspond à la théorie psychanalytique, qui suggère que le ghosting peut être un mécanisme de défense pour éviter l'anxiété associée à la confrontation et à l'intimité émotionnelle (Freud, 1923).

Le processus de ghosting

Il est intéressant de noter que la plupart des Ghosters n'ont pas commencé le processus de coupure en bloquant la personne gostee. Dans un premier temps, ils ont tenté d'ignorer les efforts de communication de la personne ghostee. Si ce dernier persiste, le ghoster recourt alors au blocage. Les ghostees ont souvent eu recours à diverses méthodes pour communiquer, notamment en contactant des relations mutuelles ou en s'engageant dans des activités sur les médias sociaux. Dans certains cas, les ghosters ont déclaré avoir été victimes d'un comportement de harcèlement, ce qui les a amenés à bloquer la personne ghostee. Le concept psychanalytique de la compulsion de répétition (Freud, 1920) peut expliquer pourquoi certains ghostees tentent à plusieurs reprises de se reconnecter, car ils cherchent inconsciemment une solution à la brusque déconnexion.

Conséquences du ghosting pour les ghosters

Les ghosters ont fait état d'une gamme complexe d'émotions après la disparition. Si certains ont ressenti du soulagement et du bonheur, d'autres ont éprouvé de la culpabilité, des remords, des regrets, de la tristesse et même le sentiment d'avoir fait quelque chose de mal. Beaucoup ont justifié leurs actes par une dissonance cognitive, se convainquant que la personne ghostee était une mauvaise personne qui méritait d'être coupée. Au fil du temps, certains ghosters ont développé davantage de remords pour avoir blessé quelqu'un, tandis que d'autres sont devenus plus satisfaits de leur décision. Un sous-ensemble de ghosters n'a signalé aucun impact émotionnel. Ce détachement émotionnel peut être compris à travers le prisme de la théorie psychanalytique comme un mécanisme de défense visant à protéger l'ego de la culpabilité et de l'anxiété (Klein, 1946).

Conséquences du ghosting pour les ghosters

La plupart des ghosters reconnaissent que leurs actions ont été blessantes et que la communication directe aurait été plus appropriée. Cependant, ils ont adopté un comportement d'évitement pour éviter le malaise de la confrontation. Cet évitement prive les ghostees de la possibilité de tourner la page, ce qui est crucial pour la guérison émotionnelle. D'un point de vue psychanalytique, ce comportement peut être considéré comme une répétition inconsciente de conflits non résolus, où le ghoster projette son propre malaise et ses problèmes non résolus sur le ghostee (Freud, 1917).

Le ghosting, un phénomène moderne très répandu, implique des dynamiques psychologiques complexes. Les ghosters agissent souvent par désir d'éviter la confrontation et de maintenir une distance émotionnelle, mais ce comportement a des conséquences émotionnelles importantes pour les deux parties. Comprendre cette dynamique peut aider les individus à gérer leurs relations de manière plus réfléchie et à prendre en compte l'impact émotionnel de leurs actions. Pour les "ghosters", reconnaître la douleur causée par le "ghosting" et s'efforcer d'établir une communication directe peut favoriser des relations plus saines et plus respectueuses.

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Écrit par

Lorena Salthu

Formation pluridisciplinaire approfondie, 4 années de formation de conseiller psychologique (Argentine), puis 2 années de psychoneuroimmunologue (Espagne et USA), et 2 années supplémentaires en psychanalyse (France). Elle propose différents types de thérapies adaptées au rythme et aux besoins de chacun, offrant une écoute active, solidaire et empathique.

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Bibliographie

  • Freud, S. (1923). Le moi et le ça.
  • Freud, S. (1920). Au-delà du principe de plaisir.
  • Freud, S. (1917). Deuil et mélancolie.
  • Klein, M. (1946). Notes sur quelques mécanismes schizoïdes. International Journal of Psychoanalysis, 27, 99-110.
  • Wu, T., & Bamishigbin, O. (2023). An Analysis of Ghosting Behavior: Interviews with Undergraduates. Journal of Social and Personal Relationships, 40(2), 345-367.References
  • Wu.K.and Bamishigbin.(2023)When silence speaks louder than words:Exploring the experiences and attitudes of ghosters.Personal Relationships.30:1358-1382.

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