Quand l’hypersensibilité permet de lire dans les esprits

De nos jours, de nombreux troubles peu connus mais souvent évoqués (TDAH, HPI), deviennent un effet de mode sans que l'on sache vraiment pourquoi. De fait, on en oublierait presque qu'il s'agit au départ d'un même phénomène ; la faculté de ressentir les émotions (les siennes et celles d'autrui) de manière extrême. Cette définition plutôt vulgarisée résume malgré tout très bien la vie des hypersensibles. La course aux diagnostics de ces lettres majuscules illustre le fourvoiement d'une grande partie de la population quant à la mise en avant de ces étiquettes et des lourds bagages qu'elles comportent. 

Un exemple assez récurrent depuis quelques années; dès qu'un enfant abuse des caprices, pleure "un peu trop", ressent beaucoup de colère, etc. on a tendance à vouloir l'étiqueter. Parfois pour rassurer, parfois pour briller. En tous les cas, la remise en question n'est pas la priorité mais pouvoir orienter la responsabilité vers autre chose que nos propres choix de vie, nos propres comportements, est une solution bien opportune.

Pourtant, quand on est hypersensible, on sait, on voit, on constate qu'on ne ressent pas les choses de la même manière que « tout le monde » et on n'a pas besoin qu'on nous le confirme. Les seules recherches de validations pourraient être éventuellement la réassurance ou l'appartenance à une catégorie pour se sentir moins seul.e.

L’importance de diagnostiquer l’hypersensibilité

Cependant, un diagnostic mal posé peut faire des ravages. A l'inverse, un diagnostic avéré mais qui donne lieu à une batterie de soins est tout aussi préjudiciable. Avant de vouloir absolument tout « soigner », il est judicieux de s'interroger sur le bien-fondé de l'acte et sur ce que la personne concernée est prête à perdre.

S'il n'est pas toujours facile de vivre intensément, c'est malgré tout une force sans commune mesure et une faculté indiscutable que d'avoir la capacité intuitive de comprendre immédiatement l'autre même quand il parle de tout sauf de ce qui le tourmente. Effectivement, quand on arrive à dépasser nos propres angoisses et projections, l’hyper-empathie devient un réflexe salvateur qui nous permet une compréhension instinctive sans charge mentale supplémentaire.

En ma qualité de psychologue, j'ai compris qu'il fallait développer la thérapie autour du fait que tous nos bagages font partie de nous et qu'au lieu de les traîner comme un poids, ils peuvent, au contraire, nous servir d'appui au quotidien, tout comme Mary Poppins, ne serait pas qui elle est sans son sac à malice. Aussi, je suis certaine que, si je n'avais pas été hypersensible, je n'aurais pas été aussi pertinente dans l'appréhension de mon métier. Le temps gagné à la fois pour le professionnel et le patient peut être mis à profit pour aller encore plus loin soit dans la résolution de problème, soit dans le développement personnel.  

Les confrères qui partagent ce point de vue ont tous à cœur de laisser leur autonomie à leurs patients qui ont seulement besoin de changer leur perception d'eux-mêmes en ne se voyant plus comme un fardeau mais comme la solution de leur propre bonheur. La valorisation qu'ils gagnent au passage n'a pas de prix.  Pour résumer, je dirais que jamais nous ne devrions priver qui que ce soit de l'un de ses traits de caractère tant que nous pouvons trouver ensemble des solutions pour en faire un atout, une spécificité, une nourriture pour la confiance en soi.

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