Schizophrénie chez les adolescents : Comment la détecter ?

Comment détecter la schizophrénie chez les adolescents ? Que pouvons-nous faire pour aider ceux qui en souffrent ? Découvrez comment l'aborder.

24 MAI 2024 · Lecture : min.
Schizophrénie chez les adolescents : Comment la détecter ?

La schizophrénie se déclenche généralement à l'adolescence, et plus spécifiquement entre 16 et 25 ans. En France, on compte environ 600.000 cas de schizophrénie, en 2023, ce qui représente quasiment 1 % de la population.

Premiers signes de schizophrénie chez les adolescents

Les premiers signes avant-coureurs, chez le jeune adolescent, sont :

  • Le retrait, le repli sur soi
  • Un arrêt de la communication avec l'extérieur
  • Une fuite de toute vie sociale
  • La perte ou l'absence de camaraderie ou d'amitié
  • Puis des réactions inappropriées au monde extérieur, un comportement inadapté aux situations quotidiennes, des propos confus et bizarres. L'ado est méfiant, parfois violent avec lui-même et son entourage, parfois négligent sur son apparence physique et son hygiène.
  • Il présente des envies de suicide, et peut s'automutiler.
  • Le langage analogique (expression du corps) s'efface au profit d'un mutisme.
  • Le langage digital (les mots) devient désordonné et confus.
  • La vie devient stéréotypée, car les gestes répétitifs, les repères rassurent le malade.
  • Dans certains cas, le mutisme évolue vers la catatonie (stéréotypes à outrance, grimaces, gestes répétitifs, dialogues répétitifs, etc).
  • L'humeur est considérablement changeante comme dans les cas de bipolarité.

Très généralement, les résultats scolaires sont en baisse de manière significative, les capacités de concentration diminuent fortement, de même pour la capacité à s'organiser. L'adolescent peut, parfois, expérimenter des expériences maltraitantes : sexe à outrance, alcool, drogues, défis sportifs dangereux, délinquance.

Si les symptômes perdurent au-delà de 3 mois, ils peuvent déboucher sur des bouffées délirantes ou un épisode dépressif. La schizophrénie appartient aux pathologiques psychotiques, c'est-à-dire qu'elle revêt une sortie du monde réel par des fantasmes éveillés, des hallucinations tant auditives que visuelles, et parfois associées à un profond sentiment de persécution, de paranoïa, et des angoisses insurmontables. Parfois, l'ado peut montrer des signes de « divinité, se croyant l'élu de Dieu avec une mission à réaliser, et des « super pouvoirs ».

Causes de la schizophrénie chez les adolescents

Les causes sont multi-sectorielles :

Globalement, 50 % de causes de nature génétique avec un « terrain » favorable au développement de la maladie. Celle-ci demeure « en dormance » durant l'enfance, et est activée par la puberté et le développement de certaines hormones. Il est à noter que des maladies durant la grossesse peuvent engendrer un terrain favorable (grippe, herpès, rubéole, toxoplasmose, etc).

Certains soucis obstétricaux peuvent jouer en faveur de la maladie, également. 50 % des causes sont environnementales, et l'apparition de la maladie dépend fortement du développement psycho-affectif. Les carences affectives à répétition sont un lit idéal pour développer la pathologie.

Comment traiter la schizophrénie chez les adolescents ?

Il est admis qu'une famille de type «nucléaire», c'est-à-dire repliée sur elle-même, avec des parents hyper anxieux, favorise l'apparition et l'entretien de la maladie. Le cercle fermé nourrit la pathologie. L'adolescent ne parvient pas à devenir un être à part entière, il conserve le besoin de proximité physique avec papa et/ou maman.

Enfin, il est utile de remarquer qu'une grossesse difficile, un accouchement prématuré, une carence de soins durant les 6 premiers mois du nourrisson, sont des facteurs hautement aggravant pouvant déboucher sur une schizophrénie.

Comment traiter la schizophrénie chez les adolescents ?

Un traitement chimique, prescrit par un médecin psychiatre, est utile pour enrayer angoisses, dépression et hallucinations. En parallèle, un suivi et accompagnement psychologique, permet de se libérer de certaines émotions encombrantes et envahissantes, et parfois, permet une meilleure fluidité psychique. La piste thérapeutique, est de créer ou recréer une situation de lien normal avec le monde extérieur. La personne malade doit s'approprier un mode de fonctionnement autonome, en dehors des relations étouffantes, avilissantes, et menant à une régression.

A noter, qu'un peu plus de 10 % des personnes atteintes de schizophrénie, se suicident. Associée à un mode de vie sain, à l'abri de trop de stress, d'une alimentation équilibrée, d'une pratique sportive régulière et d'un travail adapté, la vie sociale peut se trouver. Une vie professionnelle et privée peuvent parvenir à se développer de manière quasiment « normale » (plus de 30 % des personnes atteignent cet objectif).

Enfin, une personne schizophrène est un sujet hypersensible, et peut utiliser, de manière positive, cette perception du monde extérieur, pour parfois mieux se réaliser. Aussi, le handicap de départ peut faire advenir des qualités intéressantes pour le futur, avec souvent une créativité très développée en matière artisanale, informatique, artistique, etc.

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Écrit par

Robert Françon

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Bibliographie

  • Hanna Segal « Introduction à l'oeuvre de Mélanie Klein », (Edition PUF - 10ème édition 2003)
  • Mohamed Saoud, Thierry d'Amato « La schizophrénie de l'adulte - Des causes aux traitements » (Edition Masson 2006)
  • Harold Searles « L'effort pour rendre l'autre fou », (Edition Folio 2003)
  • Donald W. Winnicott « De la pédiatrie à la psychanalyse » (Edition Payot 2018)

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