Comment annoncer à nos filles qu'elles ont une demi-soeur dans un autre pays ?
Bonjour,
Je vis une situation similaire que je qualifie comme un hold-up dans ma vie de femme et de mère.
J'avais des doutes et j'avais questionné mon mari. Mais il a préféré le mensonge. Lorsqu'il m'a annoncé sa liaison, je n'étais donc pas surprise, je connaissais même le nom de cette personne. L'histoire en détail serait trop longue à raconter. Mais je ne pouvais pas imaginer qu'il y avait un enfant. Pareil, mon mari ne souhaitait pas qu'elle garde l'enfant mais il n'a pas, dans un premier temps, franchement était clair sur l'avenir de leur relation. Il a continué à avoir des relations avec elle presque jusqu'à ce qu'il me l'annonce, à la fin du troisième mois de grossesse.
Cet enfant est né en Allemagne, ce qui pose d'autres gros problèmes dans notre vie. Pour voir sa fille (à 500 kms de chez nous), mon mari, qui voyage déjà beaucoup pour son travail, s'absente un we entier, parfois en semaine, il a pris "en cachette" l'été dernier une semaine de vacances pour s'en occuper. Il y a eu beaucoup de mensonges, même après l'aveu de cette relation et de l'enfant à naître.
Mon mari ne se prononce pas sur l'investissement qu'il aura auprès de cet enfant qui va bientôt avoir un an. Ma belle-mère essaie de me convaincre que c'est comme une famille recomposée. Je lutte contre cette comparaison car, pour moi, cela n'a rien à voir, c'est de l'hypocrisie cette comparaison. Par contre, dans le cas d'une famille recomposée, il y a une organisation. Impossible de se projeter dans l'avenir avec mon mari. Il se retranche derrière la loi allemande pour dire qu'il ne sait pas à quel rythme il ira voir son autre famille.
Actuellement, il me prévient toujours au dernier moment parce qu'il n'arrive pas à s'organiser d'avance je suppose. Mais pour moi, c'est très douloureux, cette nouvelle vie n'est pas celle que j'ai choisie, j'ai l'impression d'être celle de qui on peut tout exiger. Quant à la mère de l'enfant, qui a décidé seule d'avoir cet enfant (elle était sensée ne pas pouvoir avoir d'enfant après 10 ans d'essais avec son ex-conjoint), elle reproche à mon mari de ne pas s'occuper assez de leur enfant. Pour autant, quand mon mari, qui a une femme et trois enfants avec moi, veut aller voir leur enfant à un moment plus arrangeant pour nous, si elle a un truc de prévu, elle ne se rend pas dispo et mon mari doit reprogrammer sa visite.
Mon mari dort à l'hôtel mais il n'a jamais voulu me montrer de facture. J'en avais besoin pour me rassurer. Depuis peu, nous communiquons quelques fois en session vidéo, ce qui m'a rassuré sur le fait qu'il ne couche pas chez elle. Mais j'ai passé de longs mois à me demander ce qu'il en était. Je me disais qu'à sa place, j'aurais fait tout ce qui est possible pour mettre l'autre en confiance. Après plus d'une année de mensonges, on peut faire quelques efforts, même si cela n'est pas très agréable.
Par ailleurs, les lois en Allemagne étant différentes, le coût financier n'a rien à voir avec une pension alimentaire en France. Aujourd'hui et apparemment pour les premières années, elle demande et est en droit de demander quasiment la moitié du salaire de mon mari. J'en parle aussi parce que c'est quelque chose de difficile à accepter et qui alimente le ressentiment. Comme souvent, c'est moi, la mère, qui ai "sacrifié" ma carrière pour avoir une vie de famille plus équilibrée. Mon mari a une très belle carrière, il a grandi en s'appuyant sur moi, le pilier qui fait tourner la maison.
Je ne dis pas que j'avais les capacités à faire aussi bien que lui, mais si j'avais su qu'on en arriverait là, je n'aurais pas accepté ce déséquilibre, ma vie professionnelle aurait pu être différente car, aujourd'hui, elle est loin d'être à la hauteur de mes petites ambitions et ne suis pas très loin de la sénioritude professionnelle (environ 45 ans). On vit normalement longtemps aujourd'hui et donc, quand les enfants partent, il faut encore continuer son chemin.
Bien entendu, je n'ai rien contre cet enfant qui n'est pas responsable de sa naissance mais mes enfants ne sont pas responsables non plus et je me sens impuissante à défendre leurs intérêts. Bref, j'ai beaucoup de mal à avancer. Je consulte un psy. J'ai fait, grâce à cette histoire, connaissance avec la crise d'angoisse et le sentiment de mort imminente, j'ai fait connaissance avec les antidépresseurs et le lexomil, l'insomnie chronique depuis l'automne 2010 (j'ai vécu pendant plus d'un an avec des soupçons mais sans preuve).
Quand mon mari me dit qu'il faut voir le verre à moitié plein et pas à moitié vide, que cela peut-être enrichissant pour nos enfants d'avoir une petite sœur allemande, je prends cela pour de la démagogie !
Bref, je passe sur beaucoup d'autres choses douloureuses. Mon mari m'a demandé si j'étais d'accord pour accueillir cet enfant chez nous, il imagine l'emmener en vacances avec nous (quand cela arrangera la mère bien entendu !). Il veut que nos enfants la connaissent. Je ne veux pas interdire à nos enfants de voir leur petite soeur mais, en même temps, j'estime qu'il n'a pas à imposer cette petite fille dans la vie de nos enfants, s'ils n'en ont pas envie.
Ma fille aînée va avoir 14 ans, les ados c'est toujours imprévisible. Je ne préjuge pas de leur réaction. Cela peut bien se passer ou moins bien. Cela peut être différent pour chacun d'entre eux, en fonction de leur âge et de leur personnalité. Mon psy me dit même qu'un de mes enfants peut m'en vouloir d'accepter cette situation. Mes amis me disent que je me mets en danger vis-à-vis de mes enfants car, actuellement, je fais la même chose que mon mari, je mens à mes enfants, car ils ne sont pas encore au courant. C'est tellement dur de parler à ses enfants quand on ne sait pas où on va. Cette petite qui va bientôt avoir un an est née le même jour exactement que notre fille aînée.
Je trouve que c'est difficile de trouver dans des livres ou sur Internet des témoignages de ce genre d'histoire. Pourtant, on a besoin d'aide et de repères. En ce qui me concerne, je n'ai pas envie d'endosser le rôle de la méchante, je voudrais aussi sortir grandie de cette histoire, mais je ne veux pas non plus être la serpillère sur laquelle on s'essuie les pieds. C'est tellement difficile de trouver les limites, de savoir ce qui est acceptable ou pas. C'est personnel, bien entendu, mais cela n'empêche pas les autres de nous juger. On me dit de faire ce qui est bon pour moi mais je ne vis pas seule en dehors du monde. Ce qui est bon pour moi est ce qui est juste et ce qui est juste est lié à notre culture du juste qui ne dépend pas que de moi.
Par ailleurs, je crois qu'il y a une grande différence de conception de la parentalité entre moi et mon mari. Pour moi, ce n'est pas le biologique qui fait le lien. Pour mon mari, cela semble être le nerf de la guerre. Je ne me sentais pas capable physiquement d'avoir notre troisième, j'ai parlé d'adoption à mon mari. Mais il pensait ne pas réussir à aimer autant un enfant adopté que nos enfants biologiques. J'ai donc pris mon courage à deux mains et fait notre troisième et j'en suis très heureuse. Aujourd'hui, c'est un peu la situation inverse. J'ai du mal à entendre que mon mari me dise qu'il met cet enfant au même plan que les enfants que nous avons ensemble alors que cette petite fille ne répond pas à un choix, à un projet de famille.
J'ai été très longue et il y a tant à dire encore.
Merci