Jalousie obssessionnelle sur les questions liées à l'intelligence, que faire ?
Je m'appelle Lucas et j'ai 20 ans. Je souffre depuis plus d'un an d'un profond malaise sur les questions liées aux aptitudes innées liées à l'intelligence. En effet, l'intelligence, et en particulier le QI, semble être le meilleur prédicteur de la réussite sociale et même si éthiquement je refuse vivement de hiérarchiser les individus par rapport à cette donnée, j'ai l'impression qu'il n'y a aucune raison objective de ne pas le faire. Ce raisonnement m’amène à ressentir une insécurité extrême sur cette question, comme si mon potentiel humain en dépendait, et l'idée de pouvoir être globalement inférieur à de nombreuses personnes m'est purement insupportable.
Ayant été un enfant particulier que ce soit par mes centres d'intérêt où par mes troubles de motricité fine j'ai été testé intellectuellement à deux reprises dans ma vie. Le premier test passé à mes 6 ans concluait à une intelligence légèrement inférieure à la moyenne, là où le second passé à mes 9 ans abondait, au contraire, dans le sens d'un fonctionnement normal-supérieur des outils de pensée. Toutefois, les deux s'accordaient pour constater un très fort écart entre mes capacités dites "verbales" supérieures dans le premier test, très supérieures dans le second et mes capacités qualifiées de "performance" inférieures dans le premier test et à peine au dessus de la moyenne dans le second ce qui a eu pour conséquence dans les deux cas de rendre mon QIT incalculable. Le premier test s'étant passé dans des conditions bien plus chaotiques( à en croire les rapports du/de la psychologue) et étant plus ancien, j'ai tendance à me fier au second et je n'aurais donc, à priori, aucune raison de rougir de mon intelligence. Pourtant ce n'est pas le cas.
Ces données psychologiques, je n'ai jamais pris le temps de les consulter, étant trop jeune pour m'y plonger et ayant fini par les oublier, jusqu'à il y a à peu près 2 ou 3 ans où j'ai mesuré graduellement l'ampleur de l'importance que la société accordait à cette qualité que l'on appelle intelligence.
Je pense que le fait d'avoir débuté le dessin il y a de cela 6 ans m'a considérablement aiguillé sur cette voie via la question du "don" artistique. Existe-il et si oui, cela vaut-il la peine de continuer à dessiner si je n'ai aucune chance de pouvoir atteindre un jour le style graphique que je souhaite obtenir ? (que je n'ai toujours pas atteint à l'heure d'aujourd'hui). Cette question étant liée à la vitesse d'apprentissage et donc à l'intelligence, c'est tout naturellement que mon insécurité dans ce domaine s'est généralisée à à-peu-près toute activité intellectuelle du quotidien durant laquelle j'évalue ma vitesse et ma justesse d’exécution pour essayer de me comparer à mes fréquentations, dont je ne doute pas qu'elles ont un niveau d'intelligence élevé. Des fois j'en sors réconforté mais, souvent c'est plutôt l'inverse qui se réalise.
Ce complexe s'est transformé en deux choses :
Une jalousie obsessionnelle qui se manifeste par un immense sentiment de malaise et de stress à la lecture où à l'écoute fortuite des mots "QI", "Surdoué" etc.. Ce sentiment peut me conduire à me replonger des heures durant sur des articles traitant de l'intelligence humaine, sur des tests QI internets et dans mes bilans psychologiques infantiles. Je dois dire que cette tendance compulsive me lasse.
Une insécurité sur ma propre personne, si je n'ai aucun doute sur le fait que j'aie une culture générale élevée (j'ai toujours été congratulé comme tel), cela ne fait-il de moi qu'un idiot où qu'un type normal qui essaye désespéramment de s'élever à un niveau qui n'est pas fait pour lui ? Moi qui a toujours été un enfant particulier, et qui a même été harcelé pour cela, ne suis-je pas simplement qu'une personne sans capacité sociale là où espérer que cela soit du à une spécificité intellectuelle, une qualité qui compenserait ce défaut, serait illusoire ? Ne suis-je pas quelqu'un qui a constamment l'air plus intelligent qu'il ne l'est vraiment, ma destinée n'est-elle d'être quelqu'un de moyen avec une vie moyenne noyé dans la masse de la normalité. En clair j'ai peur d'avoir nourri trop longtemps l'illusion de mon caractère exceptionnel, je crains de n'être qu'un special-snowflake comme diraient les anglo-saxons. Pourtant je vis à travers l’espérance de réaliser des choses hors normes, si il s'avérait que je n'en avais pas la capacité, je dois dire que l'essentiel de mes passes-temps s'en verrait directement mis en cause.
Je suis conscient que ces questionnements viennent avant tout d'un immense ego de ma part, c'est sans doute un péché, mais j'ai l'impression qu'il est trop tard pour oublier ce que je sais, que ma destinée était peut-être écrite dans mon ADN et que si je devais devenir un être banal et sans talents particuliers, persévérer vers la volonté de puissance ne ferait de moi qu'un artiste raté.
En clair, j'ai toujours rêvé d'être plus riche à ma mort qu'à ma naissance, de pouvoir modulé ma vie comme je le souhaite et pourquoi pas, de me démarquer d'une façon ou d'une autre sur le plan artistique et/où intellectuel seulement, j'ai conscience que c'est un privilège extrêmement rare et j'ai peur de ne pas avoir les prérequis pour m'en emparer hors, la perspective d'une vie qui dépend de la bonne grâce de personnes supérieures à moi me rebute et me blesse profondément dans mon estime ce qui m'amène à avoir une fierté de plus en plus mal placée au fil du temps notamment vis-à-vis de la qualité la plus importante en société de nos jours, l'intelligence. Puis-je avoir le luxe persévérer dans mes passions où dois-je me résoudre à n'être que la brique intermédiaire de quelque chose qui me dépasse ?