Comprendre le manque de confiance en soi
Motif de consultation très fréquent, le manque de confiance en soi peut prendre plusieurs formes et déboucher sur des troubles variés et d’intensités différentes.
Ces troubles vont de la simple timidité au trouble anxieux généralisé.
Les symptômes peuvent être multiples, d'intensité et de durée différentes : préoccupations récurrentes sur la capacité à réussir, peur du regard des autres, manque d'assertivité, perte de moyens aux examens et compétitions (anxiété de performance), inhibition et/ou dévalorisation dans les situations sociales (anxiété sociale), jusqu'au trouble anxieux généralisé, très pénalisant. Ils s'accompagnent souvent d'hyper-vigilance et de perfectionnisme à outrance.
Il existe pourtant des solutions, à n'importe quel âge, pour restaurer et entretenir sa confiance en soi.
Comment se construit le manque de confiance en soi ?
Durant la petite enfance, l'image de soi du petit d'homme se construit à partir de ce que les autres lui renvoient. S'il a affaire à des parents et à un entourage (fratrie, instituteurs, nounous…) bien-traitants et bienveillants, il va construire un attachement sécure et une affirmation de soi qui lui permettront de se socialiser et de devenir autonome, sans se sentir « en danger ».
Mais lorsqu'au contraire l'enfant est exposé à l'abandon (physique, ou symbolique comme l'indifférence), à la maltraitance physique ou psychique (dénigrement, dévalorisations, insultes, humiliations, exigence de perfection) ; ou quand la protection a été excessive au point de devenir une « prison affective », il ne peut construire la base de sécurité nécessaire au développement de la confiance en soi et de l'autonomie.
Par ailleurs, Boris Cyrulnik rappelle, dans son livre « De Chair et d'Âme », qu'il peut exister une prédisposition génétique à l'anxiété, et qu'elle peut être ou non activée in utero (épigénétique*) par des événements prénatals, ou en fonction de l'état émotionnel de la mère.
Ce sera encore le cas après la naissance, selon l'environnement émotionnel dans lequel l'enfant va évoluer et l'aptitude de ses éducateurs/parents pour lui apprendre à s'autonomiser et à se socialiser.
Epigénétique : science des mécanismes modifiant de manière réversible, transmissible et adaptative l'expression des gènes sans en changer la séquence. (Wikipédia).
.... et comment le renforcer ?
Fruit de l'histoire singulière de chacun, la confiance en soi mobilise des processus complexes qui interviennent à différents niveaux.
La restauration de la confiance en soi va par conséquent passer par l'exploration (et la modification) de ce qui va à son encontre, à l'intérieur de ces différents niveaux. Car si l'on tente de booster sa confiance par l'application de « techniques » et de protocoles, tout en conservant ce qui va immanquablement la saboter, on épuise en vain ses ressources et l'on obtient l'effet contraire (le renforcement du manque de confiance).
- Au niveau environnemental : il va s'agir de repérer les situations de vie dans lesquelles l'on se sent en confiance et celles dans lesquelles, au contraire, nous fabriquons de l'anxiété. A partir de là il est possible d'identifier ce qui se joue pour soi dans ces situations, en le rattachant à notre histoire, afin de prendre de la distance et de relativiser ce qui a besoin de l'être, d'apprendre à se positionner différemment dans ses relations, de comprendre le rôle de nos émotions, d'identifier nos besoins et nos désirs dans chaque situation.
- Au niveau cognitif : de nombreuses études en neuroscience confirment l'influence de la pensée sur la biologie des émotions, et le pouvoir « auto-réalisant » (pouvoir suggestif) des pensées négatives. Cela fonctionne comme un cercle vicieux : on commence par fabriquer une pensée « négative » en laquelle on croit (croyance limitante), qui produit une émotion difficile, qui entraîne un comportement d'évitement inadapté, qui va confirmer et renforcer notre croyance de départ… Pour rompre le cercle vicieux, il va donc s'agir, avec l'aide d'un thérapeute, d'identifier les « biais cognitifs » qui entretiennent la dévalorisation : les distorsions, les interprétations, les lectures de pensées ; et aussi les injonctions, les comparaisons, les « messages contraignants » de notre « juge intérieur ». Une fois repérées il devient possible de les mettre à l'épreuve de la réalité… en recherchant des alternatives plus probables et surtout en les mettant en application au niveau comportemental. Par ailleurs, le cerveau humain étant programmé pour « penser le pire » (instinct de survie), en raison du monde ultra connecté et ultra informé dans lequel nous vivons, ce pire est largement sur-investi par les médias. L'antidote de cette surexposition consiste d'une part à sélectionner l'information qui nous « fait du bien », nous dynamise et nous ressource, et d'autre part d'apprendre à nous récompenser nous-même de nos réussites (plutôt que de nous condamner pour nos échecs). Nos réussites ne sont pas le fait du hasard, mais la récompense de nos talents et de nos efforts. Quant à nos prétendus « échecs », ils pourront eux aussi se transformer aisément en « feedback » pour progresser.
- Au niveau comportemental : prendre conscience des comportements à adopter pour renforcer la confiance en soi, comme une exposition progressive aux situations anxiogènes, la pensée positive, l'assertivité... ; et de ceux qui, au contraire, vont la diminuer ou la détruire à coup sûr : le déni, la fuite, les stratégies d'évitement... La timidité et l'anxiété sociale entraînent souvent une difficulté à rester Sujet dans la relation à l'autre. La personnalité anxieuse s'adapte beaucoup aux désirs et aux demandes des autres pour essayer de leur plaire et pour ne pas les décevoir, en se faisant passer au second plan, voir en s'oubliant complètement. Souvent, elle aimerait dire « Non » mais n'y parvient pas, par peur de déplaire ou d'aller au conflit. Grâce à l'accompagnement thérapeutique, il est possible d'apprendre à se positionner à la juste place, à se recentrer sur ses désirs, à poser des demandes claires, à dire « non » à ce qui ne convient pas, dans une communication bienveillante respectueuse de soi-même et des autres.
- Au niveau des capacités : il va s'agir de mieux se connaître, au-delà des préjugés, des conditionnements du passé, d'identifier les compétences, talents, qualités dont on dispose, mais également d'accepter ses limites et ses émotions pour ne plus s'en plaindre et les transformer en talents.
- Au niveau des croyances et des valeurs : comme je l'ai évoqué plus haut, il se peut que l'on soit conditionné(e) par des valeurs et des croyances, limitantes ou aidantes, qui viennent de l'enfance et de l'éducation reçue, et par les différents "discours" que les adultes ont tenu à propos de soi. Ces injonctions constituent alors une sorte "loyauté familiale", une dette inconsciente que l'on s'efforce peut-être de payer, inconsciemment. En prendre conscience pour "rendre à César ce qui appartient à César" et se doter de ses propres valeurs et croyances aidantes sera une des étapes importantes sur le chemin vers la confiance retrouvée.
- Au niveau identitaire: ce dernier niveau est en lien direct avec la "mission de Vie" de chacun, sa vocation. Certains êtres savent très tôt ce qu'ils veulent faire de leur vie... Pour d'autres, c'est un chemin d'exploration et de connaissance de soi. Il n'est jamais trop tard pour apprendre à mieux se connaitre et donner un sens à sa vie…
- Au niveau spirituel ou trans-personnel : En résumé, la confiance en soi est un dont les fondations se construisent dès la petite l'enfance, et qu'il est toujours possible de renforcer tout au long de l'existence. Il existe des personnes qui, malgré des circonstances tout à fait dramatiques, parviennent à résilier et restent animé d'un élan et d'une force qui dépasse l'entendement. Ces personnes qui perdent tout, privées de liberté, de leurs droits fondamentaux et de leur humanité, qui auraient pu sombrer mais qui n'ont jamais renoncé et ont pris appui au contraire sur des circonstances à priori « négatives » pour vivre un chemin de transformation. Comment ne pas penser à Nelson Mandela, Etty Hillesum, et même Henri Charrière (« Papillon ») à sa façon. Ces exemples viennent illustrer comment un individu parvient à mobiliser tous les « ingrédients » précédemment évoqués pour en faire une forme de Foi en la Vie, marqueur de résilience, qui permet de rester solide en toutes circonstances. Ce n'est pas l'absence de souffrance, mais la prise de conscience que nous sommes quelque chose de plus que cette souffrance, qu'il est possible de la transformer en quelque chose de bien. Et cela change tout. Après tout, si c'était cela la vraie quête alchimiste ?
Photos : Shutterstock
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