Quel est l'enjeu de se souvenir de ses rêves ?

Quel est l'enjeu de se souvenir de ses rêves ? L’Inconscient qui s'ouvre à nous est le monde immense de la révélation de la richesse de nos vies. Le rêve en est la porte.

17 MARS 2021 · Lecture : min.
Quel est l'enjeu de se souvenir de ses rêves ?

Pourquoi le rêve ?

L'inconscient est un océan, une mer, symbole d'immensité, de profondeur, d'inconnu, et de sauvagerie. Il est une forêt, profonde, infinie, sombre et dangereuse. Il est un brouillard épais qui ne laisse rien passer, dans lequel nous avançons avec peine.

Il y a encore beaucoup de comparaisons possibles, chacun se fait une image de l'endroit où il se sent perdu, petit, impuissant.

Mais on peut voguer sur la mer, ou bien tailler une clairière dans la forêt. Un peu de chaleur chasse le brouillard, ...

Cette navigation, et cette ouverture, cette lumière chaleureuse sont les signes que notre conscience, à l'intérieur de cette masse cherche sa route. Cela se fait depuis la nuit des temps, l'être humain est sur ce chemin depuis toujours.

L'Inconscient, cette masse énorme, est faite de toutes les expériences, toutes les histoires, toutes les joies et tous les malheurs de tous les êtres, et il nous est commun. Jung l'a appelé l'Inconscient collectif ; nous le partageons avec notre famille, notre pays, notre condition d'être vivant humain parmi les humains.

Notre naissance est notre premier acte de différenciation de cette masse, c'est par là que nous venons à la Conscience. A chaque moment du présent notre vie est un chemin incessant de différenciation. Chaque fois qu'un être incarné choisit une voie, affirme ce choix et le vit, il se différencie. C'est le mouvement vital.

Sur ce chemin de vie, il y a beaucoup d'embûches : car nous ne naissons pas indépendant et en pleine possession de nos moyens : notre condition de petit être, héritier de tous les êtres, commence par être totalement soumis à la masse ; cette masse, que l'on peut appeler matrice nous apparaît en premier sous les traits de notre mère dont nous dépendons entièrement pour notre survie à la naissance, puis ensuite de nos deux parents pour encore pas mal d'années ; nous mangeons de la matrice, de l'Inconscient collectif, nous nous en nourrissons, nous sommes les enfants de cet Inconscient.

Notre mission d'être est de nous en différencier pour que la vie existe

Reproduire, répéter, copier, c'est rester dans la matrice ; nous sommes les seuls animaux à avoir cette faculté de nous différencier, de sortir de la répétition trans-générationnelle. Nous avons notre destin en main. C'est notre présent, agir pour être Autre.

Être Autre c'est sortir de l'Inconscient, mettre de la lumière, éclairer les zones d'ombre, se confronter à la forêt, à l'océan, au brouillard. Mettre de la Conscience est autre chose que être conscient : être conscient est notre condition humaine, nous sommes dans un réel, qui nous demande d'agir, de décider, d'avancer, de manger, de dormir, de travailler et se reproduire ; être conscient c'est être fonctionnel ; c'est le domaine du Moi.

Mettre de la Conscience c'est ouvrir, se laisser inspirer, se mettre en lien avec notre mission de vie, s'interroger, douter, demander de l'aide, partager, aimer, être soi même, c'est le domaine du Soi.

Lorsque nous agissons, décidons, gérons, prenons pouvoir sur les choses, sur les gens aussi, lorsque nous avons raison, lorsque nous fermons la porte, lorsque nous avons peur, et que nous devenons agressif, alors nous nous éloignons de ce chemin du Soi, nous restons campé sur le domaine du Moi.

Lorsque nous méditons, nous posons, lorsque l'émotion est là, lorsqu'une grande joie nous traverse, nous donne le frisson, lorsque nous jouissons de la vie, lorsque nous souffrons aussi, lorsque nous accueillons notre vulnérabilité, notre petitesse, lorsque nous lâchons prise, lorsque nous rêvons, nous nous approchons de la lisière de la forêt, nous avons mis notre esquif à l'eau, nous tâtonnons dans le brouillard.

Le rêve, moment où notre Moi Conscient lâche prise, est le lieu d'expression direct de l'Inconscient qui nous sous-tend. C'est le lieu du message du Soi à notre Moi pour accomplir notre vie, c'est ce message qui donne le sel de la vie, qui donne le sens. C'est un lieu éminemment spirituel, plein d'images extraordinaires, et d'aventures parfois complètes d'une vie intérieure riche et précieuse.

Nous ne devons pas négliger nos rêves

S'intéresser à ses rêves est une voie essentielle de guidance. On peut appeler cette guidance comme on veut : le Soi , le divin, l'intuition, la voix intérieure, l'ange accompagnateur, Dieu, ou Bouddha, tous sont des noms donnés à ce chemin de vie qu'est l'ouverture, l'accueil de l'Inconscient en nous et son chemin de différenciation.

Ouvrir la porte des rêves nous permet d'approcher le mystère de nos conflits, de nos malaises, de nos croyances limitantes, de comprendre qu'ils sont immémoriaux et qu'ils ne nous appartiennent pas toujours; nous ne sommes par fautifs, ni responsables, notre seul travail est de les mettre à la lumière pour s'en différencier. Se différencier c'est guérir de nos maux, du tragique et de la matrice.

Poser un carnet et un crayon près de nos nuits, avoir la foi dans notre capacité à accueillir nos rêves, les attendre, les chérir, les confier pour les regarder, en partage, sont des premiers gestes du chemin de la découverte de notre entièreté, de notre unité retrouvée.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Aline Galipaud

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Bibliographie

  • Pierre Trigano, Agnès Vincent, Le Sel des Rêves : une Refondation spirituelle de la psychothérapie par une lecture nouvelle de C.G.Jung. DERVY

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