Dans le flou d'une vie
Bonsoir,
je ne sais pas exactement pour qui, ni pour quoi je viens m'exprimer ici. Ce qui m'a poussé à venir ici, c'est la fameuse question : dois-je consulter un psychologue ?
Cette question, j'aurai dû me la poser dès mes années de lycée (de première et terminale) en réalité. Ces années ne remontent seulement qu'à 3-4 ans, mais elles sont, je pense, la source de mon état aujourd'hui. Après le grave accident de mon père en première, mon arrivée dans une nouvelle classe où tout le monde se connaît et où j'intègre un groupe en me sentant l'imposteur, "le fantôme" qui n'a pas sa place légitime dans ce groupe, et enfin avec l'arrivée du confinement, j'ai commencé à "sombrer". Cela a commencé par le fait que je m'insultais intérieurement lorsque je parlais avec ce fameux groupe d'amis, "ta gueule", "arrête de parler, cela ne les intéresse pas", "la prochaine fois ferme là". Puis doucement, j'ai développé de l'anxiété, du stresse (lié au covid, aux règles strictes, et à l'arrivée des épreuves de bacs sur lesquelles ma mère me mettait beaucoup de pression). Je suis allée voir un médecin qui m'a recommandé des médicaments pour me calmer (notamment les battements de mon coeur, et les pincements à celui-ci). J'ai commencé à faire des fatigues passagères, où je dormais toute la journée sans me sentir motivée et énergique après. Le soir, je restais à pleurer pour je ne sais qu'elle raison, je me sentais "vide", je regardais mon plafond, et j'attendais... j'attendais une réponse à ce vide, à ces émotions qui me maintenaient dans une tristesse, une incompréhension à la vie, à son sens, à mon utilité dans ce monde, le sens de mon existence même.
Que ce soit pour aller au lycée, ou rentrer chez moi (dispute parentale, violence du frère qui avait des problèmes d'impulsivité et qui se défoulait sur moi verbalement, et plus rarement physiquement, dans le dos des parents. Je ne l'ai jamais rapporté aux parents parce que je me sentais coupable de la situation familiale, et je m'isolais dans ma chambre pour éviter de vivre cette ambiance) je n'avais plus de motivation, et pourtant.. je pensais que j'allais bien, je continuais d'aller "bien". Je continuais de sourire, à aller aux soirées, à partager de "bons souvenirs" avec eux. Et je suis heureuse d'en avoir avec eux. Mais, je ne me sentais jamais à ma place, malgré tous ces souvenirs, et ces bons moments passés, je me sentais comme le "tableau que l'on pose dans la pièce pour faire disparaître le trou qui est sur le mur". J'étais épuisée, et progressivement des pensées suicidaires me traversaient l'esprit, "à quoi bon", "je suis transparente", "ils seront plus heureux", "je ne change rien". Je ne suis jamais passé à l'acte, dieu merci, mais j'y ai souvent pensé.
A l'arrivée de mes études supérieures, j'ai changé de cadre, nouvelle ville, découverte de la vie indépendante, solitaire, et nouvelles rencontres. Je me suis sentis mieux, je n'étais plus dans le foyer toxic. Je me suis mise en couple avec mon meilleur ami, j'allais mieux. Je le pensais. Je suis allée en prépa, où ma vie était très intense. J'ai rencontré des amis, un nouveau groupe d'amis, mais... Le même sentiment d'être l'ajout dans le groupe, celle qui est là, mais celle à qui personne ne parle en dehors du groupe. Je me dévalorisais, je ne me sentais pas celle à qui on s'intéresse, je n'ai pas de rêves, ni de grandes motivations dans la vie. Je ne suis pas très curieuse, je suis timide et réservée sur ma vie personnelle. Il est difficile de m'approcher, d'autant plus que je n'ai pas toujours très bien compris les relations sociales dans mon enfance. (Petite je ne voyais pas l'intérêt de me faire des amis, "j'avais mes jouets, eux ne sont pas des jouets, quel intérêt de jouer avec eux alors ?"). Je suis passé "outre" ce sentiment d'impuissance, et d'invisibilité, je l'ai vu comme une fatalité que certains portent durant leur vie, et dont je faisais partie. En parallèle, j'ai commencé à sortir avec mon copain, (mon meilleur ami) il a quitté son ex pour "moi" (je l'avais rejeté durant nos année lycée 2 fois, mais la roue tourne, durant notre dernière année de lycée je suis tombée amoureuse, mais il avait décidé de passer à autre chose avec une autre (une amie éloignée)). Quelques mois ont passé (quand on est rentrée en études sup) où on flirtait doucement et tendrement, puis j'ai fini par faire le premier pas. Je lui faisais entièrement confiance, et j'apprenais les relations intimes et proches en tant qu'ami et amoureux. Un partenaire avec qui j'ai également découvert les relations sexuelles, amoureuses et respectueuses. Cependant, quelques mois après que l'on ait commencé à sortir ensemble, et qu'il m'a affirmé qu'il a eu un moment donné des doutes envers son couple (malgré le fait qu'il a réellement aimé son ex)et c'est pourquoi il est revenu vers moi une troisième fois, il m'a avoué qu'entre la période où il a quitté son ex, et que l'on a commencé notre période de flirt (un temps d'un mois entre les deux environs), il s'est inscrit sur des sites de rencontres et a eu une relation sexuelle d'un soir avec une fille, et un rendez-vous avec une autre. J'ai été profondément trahit, même si on n'a pas été ensemble à ce moment là. J'ai paniqué, je lui en ai voulu, je me suis rabaissée et je lui en ai jamais reparlé parce que cela me fait si mal que lorsqu'il me l'a dit, j'ai juste dit que je ne voulais plus en entendre parler... J'ai eu si mal, d'avoir cru en amour si grand, et je suis dans l'incompréhension de son action. C'est un partenaire qui continue à être soucieux et doux avec moi. Cependant, cela fait bientôt deux ans que l'on est ensemble...son comportement change vers un manque d'intérêt pour préparer des activités à faire ensemble (alors j'essaye d'en trouver pour nous deux, me mettant une pression dont je lui ai déjà parlé, mais rien ne change...), et une importance moindre qu'il m'accorde car il s'occupe beaucoup de sa vie amicale (il m'a confié que c'est un aspect de sa vie pour lequel il accorde beaucoup d'importance, et que je respecte en lui laissant la liberté de faire des activités tant qu'il veut avec eux, mais j'ai l'impression qu'on ne fait plus rien ensemble...). Il m'explique, et justifie que c'est parce que notre couple s'installe dans la durée. Or, je trouve que cela n'excuse pas l'absence de petites attentions qu'il avait l'habitude d'avoir (et que je continue d'avoir en lui, c'est comme s'il y avait un déséquilibre que moi seule voyait, et dont lui ne voyait pas le problème malgré les nombreuses fois où il me dit qu'il va y remédier..).
Il aime faire beaucoup de rencontres amicales, et découvrir des personnes... Mais, cela me blesse, j'ai l'impression que je disparais petit à petit de son monde. On a un groupe d'amis du lycée en commun, dont son ex en fait partie. On se voit souvent ensemble (tous dans la même ville), et le fait qu'il soit resté amical avec son ex (j'ai accepté qu'il le soit, parce que c'était une "amie" à moi aussi, ou plutôt une pote), me fait parfois mal au coeur autant que lorsqu'il est amical avec de nouvelles amies filles avec qui il est dans sa licence et avec qui il partage la passion de la philo. Je me sens éloignée de son monde petit à petit, je ne me sens plus à ma place petit à petit dans son monde. Pareil dans notre groupe d'amis du lycée en commun, je ne me sens pas à ma place, et je ne me suis jamais sentis à ma place dans celui-ci. Mais je reste parce que je me suis attaché à eux, et parce que je n'aurais plus personne (même si je ne leur parle pas en dehors des sorties qui deviennent rares).
Je suis sorti de la prépa, et je suis seule en 3e année de licence. Je me sens de nouveau comme au commencement de ma période dans laquelle je sombrais durant mes années de lycée. Je sombre encore. Et j'en reviens à "il n'y a pas de sens à la vie", je ne me sens d'aucune utilité, sans passion et je me demande comment peut m'aimer mon copain alors que je ne suis pas aussi intéressante que les personnes avec qui il peut parler de philosophie toute la journée. J'en viens donc à observer de nombreux changement émotifs très rapide chez moi. Je suis un jour très affectée par une seule pensée négative qui va ruinée toute ma journée et où j'ai envie de rester au lit dans le noir complet pour ne pas que l'on me voit, et que je ne vois pas le monde. Et d'autres journées où je reprends courage et je me dis "soit positive", et où je me motive à faire des choses seule. J'apprends à rester dans la solitude, parce que j'ai l'impression qu'il y a que cela qui me convient par résignation. Étant donné que personne est curieux à mon sujet, me pose des questions sur ma vie, ou tente de passer du temps avec moi, je me dis, comme une fatalité évidente, que je suis de ces personnes à qui la vie solitaire s'impose naturellement. Je me sens de plus en plus seule, isolée, incomprise, je cherche une personne, un individu à qui partager les plus brefs banalités et qui m'en raconte en retour, qui a besoin autant que j'ai besoin de venir me dire simplement,"bonjour, bonne nuit, comment tu vas ?" dans la journée... Dénuée de toute politesse, et remplis de préoccupation sincère pour ma personne, et que je ferais en retour. J'ai besoin à nouveau de me sentir en confiance, en vie quelque part... Je veux me sentir existée et je me suis dis que c'est en étant seule que je le sentirais, sauf que je souffre de solitude et d'incompréhension du monde, et de moi-même... Pourquoi je ne peux pas recevoir de l'attention autant que les autres ? Est-ce parce que j'ai négligée celle-ci quand j'étais à l'école primaire ? Ou bien parce que ma mère ne s'intéressait qu'à mes résultats, et non pas au dessin que je lui montrais, ou bien qui ne me répondait pas quand je lui disais que papa me manquait...? (en primaire, je vivais seulement avec ma mère et mon frère dans une autre ville à 5h de notre maison familiale où était resté mon père. Attention, c'était une mutation de travail et non un divorce). J'ai encore tant de choses à raconté pour tenter de vous expliciter mon cas... Je suis très sensible aux cris et aux bruits fort (étant donné que je vis d'un foyer où l'on se crie en permanence dessus), je suis effrayée quand on me fait des remontrance, j'ai l'impression d'être la plus grosse m*rde du monde... Je ne veux pas que l'on se désintéresse de moi, je souhaite de l'attention, pas une grande, juste proportionnée à celle que je pourrais donner en retour. Je veux que l'on me prouve qu'on souhaite que je vive, que quelqu'un souhaite vivre des choses avec moi, et pas seulement être invitée parce que je fais parti du groupe et ce ne serait "pas sympa de pas m'inviter si tout le monde vient", je voudrais plutôt "je tiens à que tu vienne". Je sombre doucement, à nouveau, et bien que j'ai jamais voulu par honte ou timidité, me trouver un psychologue et l'annoncé à mon entourage ou le dire à mes parents, j'y pense aujourd'hui... C'est drôle, je ne me sens pas bien, et pourtant je continu d'agir comme tout allait bien, je réponds "oui ! j'ai eu une bonne journée", oui je "vais bien" alors que je sens cette mélancolie nouée à cette détresse me percer les tympans à me faire mal à la tête, et à me détruire le coeur et mes derniers espoirs d'existence...
J'aimerais une réponse honnête, et neutre sur mon cas, dois-je consulter ? qu'est-ce qu'à priori j'ai ? Comment y remédier ? Que faire pour avoir envie de vivre, même seule s'il le faut, même si je suis destinée à une vie seule, que faire pour avoir la motivation le courage de la vivre cette vie ? J'ai peur d'aller voir un psychologue et simplement venir me plaindre sur une vie qui n'intéresse sûrement pas le/la concerné(e), j'ai peur d'exagéré mon cas par rapport à d'autres, suis-je légitime de demander un peu d'aide, ou j'en demande déjà trop ? Merci...aidez moi.