Il y a de la déprime autour de moi
La dépression : un thème qui n′en finit pas d′alimenter les débats, les journaux, tous les médias... thème aussi vieux que la terre tourne. Maladie du siècle...
Maladie du siècle aussi fréquente que le mal de dos, aussi usante et révoltante que peut l′être toute pathologie subie comme une injuste punition.
Mais quelle dépression ?
L′usage courant a l′habitude de mettre sous ce vocable toute souffrance psychologique chaque fois que celle-ci semble incompréhensible ou disproportionnée par rapport à ce qui pourrait expliquer qu′on se sente malheureux.
En réalité on ne peut pas parler de LA dépression, mais DES dépressions, d′autant que certaines d′entre elles apparaissent plus «acceptables » que d′autres. D′autant également que le vécu, le pronostic, la prise en charge ne seront pas les mêmes.
Sans refaire une fois de plus une étude exhaustive des causes et des formes que peut prendre cette souffrance, contentons nous d′en citer quelques unes : la dépression chez les personnes bipolaires, la dépression du post-partum, les états border-line, la dépression consécutive à un accident, à une agression, une perte : affective, emploi, deuil, expatriation,......
Autant d′épreuves de la vie qui font qu′à un moment donné la tristesse, le repli sur soi, la rancoeur, la culpabilité..... envahissent non seulement le psychisme de la personne en souffrance mais finissent aussi par déstabiliser l′entourage.
C′est pourquoi, quand on parle de dépression, on pense toujours à celui, à celle, qui déprime, mais plus rarement à l′entourage qui se voit contraint de vivre, partager, éponger, cette souffrance au quotidien.
Première difficulté, - à moins de vivre depuis des années auprès d′une personne bipolaire - , bien souvent on ne voit rien venir. Dès lors que la personne qui commence à déprimer n′est pas toujours consciente elle-même de son état, ou bien le dénie en le recouvrant à son insu d′une façade socialement agréable, l′entourage passe lui-même à côté de ce mal sournois qui avance masqué. Petit à petit cependant, quelques signaux commencent à susciter des doutes, des interrogations.
Les petits clignotants qui passent au rouge
- Le repli.... plus aucune nouvelle
Si quelqu′un ne donne plus de nouvelles, cela ne veut pas dire qu′il déprime. Mais il n′en est pas moins vrai qu′une personne qui déprime décide souvent de ne plus vouloir donner de nouvelles.
Qui ne s′est pas étonné de ne plus recevoir de réponse à ses SMS, d′entendre le téléphone sonner dans le vide, de ne plus voir un ami sur le réseau social.
La dépression se cache souvent derrière cette volonté de se mettre aux abonnés absents.
Quelquefois cette attitude de passivité apparente est comme une manière de déstabiliser les proches, comme si la personne dépressive voulait en quelque sorte leur faire partager ce mal-être qui commence à lui bouffer la vie, et cela en leur imposant un silence délibéré. Ou encore les pousser à réagir pour avoir la preuve qu′elle continue d′exister à leurs yeux et qu′elle peut encore compter sur eux. Repli sur soi volontaire ou appel à l′aide non formulé... on navigue entre les deux. Dans ce cas, essayer de garder un lien en laissant un message à l′occasion, en passant par un proche qui aurait un contact privilégié, mais sans forcer les choses. Une main tendue , c′est toujours mieux que l′indifférence. Un jour ou l′autre cette main tendue pourra s′avérer utile. Et qui sait si un jour ou l′autre on ne vous renverra pas l′ascenseur.
- Des petites phrases qui en disent long
Contrairement au silence, la dépression se devine aussi au détour de petites phrases anodines, présentées de manière pudique. La personne dépressive vous faisant état d′un coup de fatigue, d′irritabilité avec les proches, les enfants, d′un passage à vide... se persuadant que tout cela n′est que passager et bien compréhensible , alors même que le timbre de la voix, les silences au téléphone, laissent supposer le contraire. Dans ce cas, rester à l′écoute, faire préciser quelques points sensibles pour mieux comprendre, mais là encore sans forcer car cela pourrait soulever de nouveaux blocages. Suggérer une aide, une orientation, rappeler qu′on est là si nécessaire.
- Quand le malaise vous déborde de toutes parts
Et puis, il arrive un moment où rien ne va plus. La souffrance prend le dessus. La personne dépressive vous embarque avec elle dans sa lente descente aux enfers. Interminables discussions au téléphone, remarques plaintives, incisives, voire même agressives, appel ou SMS pour un oui ou pour un non. Avec ou sans médicaments, avec ou sans thérapie, l′horizon semble bouché.
Comment faire alors sans se laisser envahir et sombrer à deux.
L′écoute, oui. Mais en sachant y mettre un terme doucement mais sûrement, en rappelant qu′on sera disponible ultérieurement si besoin, mais toujours en fonction de ses propres disponibilités et de son seuil de patience.
L′écoute, authentique, empathique, où l′on sait s′effacer, où les petites phrases du genre : « y a qu′à... ….moi à ta place....tu sais moi j′ai connu pire » seront aussi mal vécues que contre-productives. En effet, en étant entièrement auto-centrée sur sa souffrance, la personne dépressive n′est jamais en capacité de faire des comparaisons.... lesquelles ne serviraient à rien de toute façon.
On le voit, la question de la bonne distance est aussi fondamentale que complexe à gérer quand déprime ou dépression touchent l′entourage. Complexe parce que chaque vécu est différent. Rien de commun entre la souffrance de cette maman qui vient de perdre brutalement son enfant et cette personne âgée qui déprime d′ennui à longueur de journée.
Dans tous les cas, ne jamais oublier qu′on ne pourra pas éponger seul toute cette souffrance et surtout ne pas culpabiliser si l′on ressent à un moment donné le besoin de poser des limites.
Savoir à ce moment là orienter vers un professionnel, un forum, une association. Il vaudra mieux passer le relais plutôt que s′épuiser à trop en faire au risque de sombrer à deux.
Photos : Shutterstock
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