7 dangers psychologiques des applications de rencontre

Beaucoup de mes patients/es me parlent des application de rencontre. À ma grande surprise car nous sommes sur un tout petit territoire. Déjà en mars 2019 j’avais participé à une émission de télévision Témoins d’outre-mer sur France sur le thème des applications de rencontre.

J’avais interrogé ma patientèle et fais des recherches sur les différentes publications faites sur le sujet.

Alors pour comprendre les déceptions, les attentes, les souffrances de beaucoup de mes patients et patientes liées à l’utilisation de ces applications, j’ai décidé de tester ! J’ai choisi TINDER une application très utilisée.

Plan d'action

Avec un faux pseudo je me suis lancée durant une semaine.

De suite je constate que le fonctionnement notamment de TINDER est assez « cruel « on passe en revue un catalogue de messieurs ou de femmes en fonction de nos critères et on zappe ou on like .

Evidement la photo est la chose la plus importante apparemment, le texte qui l’accompagne est secondaire au point que certains écrivent « si pas de photos pas de match » !

Je m’aperçois à quel point il s’agit de consumérisme, je prends, je jette, aucune possibilité de revenir en arrière sur les profils a moins de payer car chaque accessibilités est monnayée.

Donc quand cela match on peut discuter avec la personne , les échanges sont souvent banales au départ sur l’âge la ville et surtout l’intention .

Constat

Selon un article du magazine ADN BUSINESS L’application de rencontre Once dévoile les résultats de son étude européenne. Menée via YouGov, elle analyse les comportements et les ressentis des utilisateurs d’applications de rencontres en Europe. Et ils ne sont très contents...

L'étude révèle notamment que 83% des utilisateurs européens se disent insatisfaits. En cause : le comportement décevant des utilisateurs,  l’agressivité des échanges, et de la perte de temps. Une révélation surprenante et paradoxale à l’heure où les applications de rencontre sont plus incontournables que jamais.

50% des femmes confient avoir déjà reçu un contenu explicite non sollicité.

Utiliser des applis  de rencontre est une évidence, même si ces dernières ont banalisé des comportements que les utilisateurs qualifient d'agressifs ou de dérangeants, notamment chez les 18-35 ans. Selon la tranche d’âge la recherche n’est pas la même, les moins de 40 ans en majorité recherche une relation d’un soir . Les tranches au delà de 40 ans il y a une bonne moitié qui recherche quelqu’un de "sérieux" comme ils disent.

C’est donc devenu une application qui fait office de l’ancien concept « d’agence matrimoniale « modernisé . Le contact est facile décomplexé et souvent très direct.

Les dangers

Pour des personnes en recherche d’une relation sérieuse, le danger réside à plusieurs niveaux :

• Le jugement sur l’aspect physique qui peut induire un manque de confiance en soi et aggraver ce sentiment.
• Le fait d’émettre des critères en fonction de nos attentes laisse peu de place à l’ouverture à la diversité et réduit les champs des possibles comme dans la "vraie vie"
• Le fait de communiquer par écrit n’est pas aussi naturel que dans le verbal.
• C’est la quête de la personne idéale .
• La dépendance vis-à-vis des échanges et du « voyeurisme «  de faire défiler des photos comme dans un catalogue.
• De rencontrer des gens déséquilibrés
• Les conséquences psychanalytiques

Dans le bulletin psychiatrique n°26  du Dr Ludwig Fineltain Neuropsychiatre Psychanalyste , il décrit l’histoire de l’évolution des relations amoureuses et particulièrement, la nouvelle approche amoureuse, l’approche sexuelle de ses nouvelles pratiques, des conséquences sociologiques, des modifications de la perception de l’amour et des relations, des dangers relatifs à la facilité d’accès de ses applications à des personnes psychologiquement fragiles, parfois souffrant de pathologies .

Il y a un Renforcement des fausses croyances sur qui on est, l’accroissement de la dépendance affective sexuelle chez beaucoup d’hommes une consommation de « femmes » qui peut être pathologique.

La femme étant considéré comme un objet , pour certains hommes c’est une forme de prostitution déguisée.

La difficulté de passer à une vraie relation non virtuelle. Pour certains la question est peut-être y aurait-il quelqu’un de mieux la quête devient infini.

L’addiction a ces applications nuit également au travail car beaucoup de gens consultent leur profil durant les heures de travail, perdent en concentration et deviennent moins performant. Ils perdent la notion du temps et dorment très tard , passent des heures sans se rendre compte , parfois plus de 5 heures cumulées par jour .

Certaines personnes sont encore plus déçus , en rencontrant la personne dans le réel, la photo étant ancienne ou retouchée, les mensonges .

Il est rarement question d’amour mais de sexe, » et  après on verra »comme si les personnes voulaient éviter de souffrir , et préfèrent des relations non engagées au départ  , c’est à « l’essai » , avant de se lancer .

Une chose importante est le rôle de la femme , elle a le sentiment au départ d’avoir le pouvoir sur la situation , pouvant échanger ou pas dans beaucoup de cas l’homme propose la rencontre et la femme se sent souvent flattée et accepte sans vraiment analyser le danger de rencontrer un inconnu

La souffrance qui en découle est le manque de confiance en soi, l’estime de soi , je comprends mieux pourquoi certaines patientes ou patients dépriment lorsqu’ils utilisent ces applications comme un moyen de trouver l’amour .

Ce qui est renvoyé c’est l’image de soi au travers le regard des autres , le jugement et les critères devenus une norme jeune beau /belle , bien dans sa peau , libre , indépendant , limitant les risques .

Cela révèle la grande détresse liée à la  solitude, le manque de contact avec les autres, que certaines personnes restent sur ces applications parce qu’elle n’ont pas d’autres échanges avec le monde extérieur, trop timide, isolée, c’est un moyen de passer le temps.

Une étude du MIT disponible sur le site MIT Technology review et très bien décrypté dans l’article  de Nathalie Nadaud-Albertini sur le site Atlantco met pour la 1ère fois en évidence l’impact sociologique que les sites de rencontre ont sur nos sociétés

Conclusion

Au final, peu de gens « se trouvent », car le hasard fait toujours bien les choses.

Créer un modèle masculin ou féminin dans son mental c’est essayer de répondre à son désir fantasmé de l’autre. La déception est plus dure car une relation appuie sur tous les boutons émotionnels qu’elles soient au travers d’un écran ou en vrai.

Le virtuel correspond à la société actuelle, ne pas perdre de temps, ne pas se tromper, être efficace, acheter plutôt que de créer.

Il y a des échanges positifs l’important est de ne pas sombrer dans l’addiction et d’avoir beaucoup de recul , la vraie vie n’est pas sur un écran ou derrière une application.

Les applications semblent faire partie de notre nouveau mode de fonctionnement pour rencontrer de nouvelles personnes mais gardons à l’esprit que l’humain a besoin avant tout de contact d’échange de proximité physique. Dans le journal   Time dans un article intitulé : « Comment utiliser les applications de rencontre sans nuire à votre santé mentale, selon les experts »

Les dangers principaux psychologiques sont : perte de l’estime de soi, addiction, peur du rejet, syndrome de l’abandon, trouble de la sexualité, perte de concentration, isolement, détresse, dépression.

Un monde aussi connecté et qui en réalité est complétement déconnecté de l’humain. Et ne pas perdre de vue que ces applications sont un business !

Photos : Shutterstock

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