Moi c'est pas si grave...

Et si quand nous minimisons nos chocs émotionnels cela avait un impact ? Une invitation à écouter et comprendre ce que nous mettons sous le tapis.

25 OCT. 2024 · Lecture : min.
Moi c'est pas si grave...

Il n'y a pas de petit trauma.

Nous avons tous et toutes le droit d'aller bien, de vivre un état régulé. Cet état qui nous permet d'être en lien avec les autres, de prendre soin de nos besoins sereinement (dormir, se mouvoir, manger, etc.).

Quand nous en sommes empêché(e)s, cela peut être parce que nous vivons du danger réel : dans ce cas il est nécessaire de s'en extraire. La plupart du temps c'est possible, sauf en cas de guerre par exemple.

Mais parfois, le danger ressenti n'est pas réel sur le moment : c'est du danger du passé qui est réactivé. Notre système nerveux le revit parce qu'il n'a pas pu le résoudre complètement dans le passé. Souvent, notre neuroception est activée par un micro détail, un élément dans notre environnement qui a réveillé du danger dans le corps, puis dans le mental. Selon Stephen Porges, c'est le système nerveux autonome qui, par les signaux externes, capte et distingue s'il y a danger ou non.

Toutefois, bien sûr, il y a un entre-deux, il arrive que nous soyons activé(e)s à la fois par du présent et du passé : par exemple: mon/ma partenaire, mon enfant, mon/ma collègue a fait quelque chose qui n'était vraiment pas juste ou adapté, et ma réaction est disproportionnée, alors il y a à la fois, une partie de l'activation liée au présent, et une proportion liée au passée.

Quand il s'agit de passé qui a été réactivé, ce que chacun(e), peut être amené(e) à vivre plus ou moins régulièrement, il est nécessaire de réguler cette tension.

Notre corps a en réalité, comme chez tous les mammifères, la capacité de s'autoréguler, et c'est généralement ce qu'il fait. C'est lorsqu'il ne le fait pas, n'est pas en mesure de le faire, quelle qu'en soit la raison, que le trauma se crée. Alors chaque fois le trauma est réactivé, un ressenti de danger dans notre système nerveux se manifeste.

Pour éviter d'être submergé(e), notre système a mis en place des protections.

Richard Schwartz nous parle de "parts de soi", des parts qui portent nos blessures, et qui pour certaines "protègent" celles-ci, en prenant des rôles à travers des comportements plus ou moins extrêmes, pour ne plus ressentir la douleur et survivre.

Chacun(e) de nous va avoir ses stratégies "qui fonctionnent" :

  • fuir dans de la distraction (travail, écrans, sport…),
  • fuir dans de la consommation (boulimie, alcool, cigarette, drogue…),
  • fuir dans la focalisation sur les autres (être toujours aux petits soins pour les autres, quitte à s'oublier soi: la famille, le couple, les enfants, les amis…), etc.

Le but étant de penser à tout sauf à ce qui fait mal.

Il existe aussi parfois une part de nous qui peut commencer à minimiser la souffrance.

Cette part dit bien souvent : "Certes c'est douloureux, mais les autres c'est pire ! Il ne faut pas se plaindre". Cette part qui veut nous protéger fait de son mieux pour nous éviter de sentir la douleur de ce qui a été vécu. Et nous pouvons lui offrir notre gratitude, elle fait de son mieux pour protéger la blessure. Richard Schwartz insiste sur le fait que toutes ces parties de nous font de leur mieux, même si leurs stratégies finissent malheureusement par nous faire du mal aussi. Leurs intentions sont bonnes, comme en témoigne le titre de son livre : "No bad parts" traduit par "Il n'y a pas de mauvaises parts en nous".

Et en même temps, en attendant, ce mécanisme nous empêche d'en prendre soin et elle reste exilée à l'intérieur de nous. Chaque petit frôlement de cette blessure est douloureux et peut créer des comportements défensifs : réactivité, anxiété, isolement... qui peuvent avoir un coût important pour nos relations et notre bien-être.

Quelle que soit sa source, un choc est un choc, et a les conséquences d'un choc. Et ces conséquences coûtent cher pour le corps comme pour le psychisme.

Faire face à nos propres maux, seul(e), quand nous n'avons pas les outils, cela peut être décourageant et effrayant . Et pourtant, nos blessures, elles, nous appellent à les soulager.

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Écrit par

Alice BERNARD

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Bibliographie

- Stephen Porges, (2022), Théorie polyvagale et sentiment de sécurité: Enjeux et solutions thérapeutiques, EDP Sciences

- Richard Schwartz, (2023), Pourquoi nous sommes essentiellement bons- Guérir les traumatismes et restaurer le Self-leadership avec l'IFS, Richard Schwartz, 2023, Éditions Quantum Way

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