Pourquoi la peur de la rechute est-elle si courante en psychothérapie ?

La rechute en psychothérapie est souvent perçue comme un échec, mais elle est en réalité une étape clé du processus de guérison. Découvrez pourquoi.

5 SEPT. 2024 · Lecture : min.
Pourquoi la peur de la rechute est-elle si courante en psychothérapie ?

La psychothérapie est souvent perçue comme un chemin linéaire vers le mieux-être, une progression constante qui, une fois amorcée, ne devrait plus jamais revenir en arrière. Pourtant, ceux qui s'engagent dans ce processus savent que la réalité est bien plus complexe. Alors pourquoi tant de personnes craignent-elles la rechute, au point de remettre en question leurs progrès et leur confiance en la thérapie elle-même ?

Qu'est-ce qu'une rechute en psychothérapie ?

Lorsque l'on parle de rechute en psychothérapie, il s'agit du retour d'anciens comportements, pensées ou sentiments que l'on pensait avoir surmontés. C'est ce moment où, après avoir ressenti une amélioration notable, on se retrouve soudainement à revivre des épisodes de dépression, d'anxiété, ou à retomber dans des schémas de pensée négatifs.

Mais est-ce que cela signifie que la thérapie a échoué ? Pas nécessairement. La rechute fait souvent partie intégrante du processus thérapeutique. C'est une étape qui peut survenir même après des mois, voire des années de progrès. Alors, pourquoi est-ce si difficile à accepter ?

Pourquoi la rechute est-elle perçue comme un échec personnel ?

La perception de la rechute comme un échec personnel est courante et peut être dévastatrice. Lorsque l'on rechute, on a souvent l'impression d'avoir "raté" quelque chose, de ne pas être "assez fort" ou "assez capable" pour maintenir les progrès réalisés. Cette pensée est souvent alimentée par des croyances profondément ancrées sur la guérison et le succès personnel.

Dans une société qui valorise la réussite rapide et la maîtrise de soi, il est difficile de ne pas se juger sévèrement lorsque l'on trébuche. Pourtant, il est essentiel de se rappeler que la guérison n'est pas un parcours linéaire. Chaque rechute peut être vue comme une opportunité d'apprendre quelque chose de nouveau sur soi-même, plutôt que comme un signe de faiblesse.

Pourquoi remet-on en question l'efficacité de la thérapie en cas de rechute ?

Il est fréquent que les patients, lorsqu'ils vivent une rechute, commencent à douter de l'efficacité de leur thérapie ou des compétences de leur thérapeute. Si la thérapie fonctionnait vraiment, pourquoi ces sentiments ou comportements indésirables refont-ils surface ? Ces doutes peuvent être amplifiés par l'idée que le thérapeute est censé avoir les réponses à tous nos problèmes. Lorsqu'une rechute se produit, il peut être tentant de penser que le thérapeute n'a pas compris la nature profonde du problème ou qu'il n'a pas su donner les bons outils pour le surmonter.

En réalité, la thérapie est un processus collaboratif. Le rôle du thérapeute n'est pas de fournir une solution magique, mais d'accompagner le patient dans son exploration et sa compréhension de ses propres schémas de pensée et comportements. Une rechute ne signifie pas que la thérapie a échoué, mais peut indiquer qu'il y a encore des aspects à travailler ensemble.

La rechute est-elle vraiment inévitable ?

Bien que toutes les personnes ne vivent pas une rechute au cours de leur thérapie, il est tout à fait normal que cela se produise pour une majorité d'entre elles. En fait, environ 70 % des patients connaissent une rechute à un moment ou à un autre de leur parcours thérapeutique. Mais pourquoi est-ce si courant ?

Le chemin de la guérison, tout comme tout autre processus d'apprentissage, n'est pas une ligne droite. Il ressemble plutôt à une courbe avec des hauts et des bas, où chaque progrès peut être suivi d'une période de stagnation ou de régression apparente. Cela peut être dû à divers facteurs : stress externe, changements de vie, ou simplement la nature complexe des habitudes mentales et émotionnelles. Accepter l'idée que la rechute fait partie intégrante du processus peut aider à réduire la peur qu'elle suscite. Cela permet de voir les moments de recul non pas comme des échecs, mais comme des phases naturelles de l'apprentissage.

Pourquoi la rechute semble-t-elle parfois plus difficile que le problème initial ?

Lorsqu'une rechute survient, elle peut parfois sembler encore plus difficile à surmonter que le problème initial. Cela peut être dû à plusieurs raisons, notamment le sentiment de déception envers soi-même et l'idée que l'on "devrait" être guéri. Il est également possible que, lors de la première phase de thérapie, on n'ait pas totalement affronté certains aspects de la problématique, et que ceux-ci refassent surface de manière plus intense lors d'une rechute. Parfois, les progrès initiaux masquent des couches plus profondes de trauma ou de schémas négatifs, qui nécessitent un travail plus approfondi.

Ainsi, bien que la rechute puisse sembler plus accablante, elle peut aussi indiquer que l'on commence à aborder des aspects plus profonds et complexes du problème, ce qui est un signe de progrès en soi.

Comment la rechute influence-t-elle la relation avec le thérapeute ?

La relation entre le patient et le thérapeute est très importante dans le processus de guérison. Lorsque survient une rechute, cette relation peut être mise à l'épreuve. Le patient peut ressentir de la frustration, du découragement, ou même de la colère envers le thérapeute. Il peut également y avoir une tendance à se retirer ou à cacher la rechute par peur d'être jugé.

Cependant, une rechute peut aussi renforcer la relation thérapeutique si elle est abordée de manière ouverte et honnête. Discuter de la rechute, de ce qu'elle a suscité comme émotions et de ce qu'elle signifie pour le patient, peut conduire à une meilleure compréhension mutuelle et à un approfondissement du travail thérapeutique. Le thérapeute, quant à lui, joue un rôle essentiel en normalisant la rechute et en aidant le patient à voir ces moments comme des opportunités de croissance plutôt que comme des impasses.

Pourquoi la peur de la rechute peut-elle mener à l'abandon de la thérapie ?

La peur de la rechute est parfois si intense qu'elle peut conduire certains patients à abandonner leur thérapie. Ils peuvent ressentir que les efforts déployés ne valent pas la peine s'ils risquent de retomber dans leurs anciens schémas. Cette peur est souvent alimentée par une pensée dichotomique : soit je progresse constamment, soit je stagne ou régresse.

Cette vision rigide du progrès peut être très démotivante. Lorsqu'une rechute survient, elle semble confirmer la croyance que l'on ne parviendra jamais à surmonter ses difficultés de manière durable, ce qui peut mener à l'abandon pur et simple de la thérapie. Il est important de reconnaître que cette peur est une réaction compréhensible, mais qu'elle ne reflète pas nécessairement la réalité du processus thérapeutique. Le progrès en thérapie est souvent non linéaire, avec des moments de recul qui sont tout à fait normaux.

Est-il possible d'éviter complètement la rechute ?

Beaucoup se demandent s'il est possible d'éviter complètement la rechute. Après tout, qui ne voudrait pas éviter de revivre des moments difficiles ? Cependant, la réalité est que, dans la plupart des cas, la rechute fait partie du processus de guérison. Elle n'est pas nécessairement quelque chose que l'on peut ou doit éviter à tout prix.

Qu'est-ce qu'une rechute en psychothérapie ?

La question n'est pas tant d'éviter la rechute que de savoir comment y faire face lorsqu'elle se produit. La capacité à rebondir après une rechute est souvent un signe de résilience et d'apprentissage. Chaque rechute offre l'opportunité d'approfondir sa compréhension de soi et de ses mécanismes de défense, ce qui peut, à long terme, renforcer la stabilité émotionnelle.

Pourquoi se montrer indulgent envers soi-même est-il si difficile après une rechute ?

Se montrer indulgent envers soi-même après une rechute peut être extrêmement difficile, surtout dans une culture qui valorise la réussite et la perfection. La rechute peut être perçue comme un signe de faiblesse ou de manque de volonté, ce qui alimente un discours intérieur critique et souvent impitoyable. Pourtant, cette dureté envers soi-même ne fait qu'aggraver la situation. Elle empêche d'aborder la rechute avec la curiosité et l'ouverture nécessaires pour en tirer des enseignements. Apprendre à faire preuve d'indulgence envers soi-même est une étape importante, non seulement pour surmonter la rechute, mais aussi pour avancer dans son parcours thérapeutique avec plus de sérénité.

En conclusion, la peur de la rechute en psychothérapie est une réaction naturelle et compréhensible, mais elle ne doit pas être perçue comme une preuve d'échec. Elle fait partie intégrante du processus de guérison, un processus complexe et non linéaire qui demande du temps, de la patience et, surtout, une grande dose d'indulgence envers soi-même.

Il est essentiel de comprendre que la rechute n'est pas un obstacle définitif dans le chemin vers le mieux-être. Au contraire, elle peut servir d'indicateur, signalant les aspects de la psychothérapie qui nécessitent encore du travail. Les rechutes offrent une chance précieuse de renforcer les outils acquis en thérapie et de réévaluer les progrès effectués. Les moments difficiles nous permettent de réajuster nos attentes et d'apprendre à être plus compatissants envers nous-mêmes. Chaque rechute, bien que difficile à vivre, peut être l'occasion de se connaître plus profondément et d'apprendre de nouvelles stratégies pour mieux gérer les défis futurs.

En prenant du recul, on réalise que la guérison ne repose pas sur la suppression totale des symptômes ou des difficultés, mais plutôt sur la capacité à traverser les moments difficiles avec résilience et sagesse. La thérapie, en fin de compte, ne vise pas à nous rendre invulnérables aux rechutes, mais à nous apprendre à les aborder avec plus de souplesse et d'acceptation. Un chemin parsemé d'obstacles ne signifie pas que nous avons perdu notre chemin ; il peut simplement signaler que nous sommes en train d'apprendre à le parcourir de manière plus consciente et plus solide.

Ainsi, pour beaucoup de patients, l'apprentissage le plus précieux de la thérapie est d'accepter que les hauts et les bas font partie intégrante du processus. À long terme, ces fluctuations peuvent même renforcer la conviction que, peu importe les revers, le progrès est toujours possible. Il s'agit moins de ne jamais rechuter que de savoir se relever, encore et encore.

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Écrit par

Frédérique Korzine

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Bibliographie

  • Hartney, E (2022). What to Do After a Relapse. Very Well Mind. https://www.verywellmind.com/what-is-relapse-22106
  • Stewart J. Review. Psychological and neural mechanisms of relapse. Philos Trans R Soc Lond B Biol Sci. 2008 Oct 12;363(1507):3147-58. doi: 10.1098/rstb.2008.0084. PMID: 18640921; PMCID: PMC2607321.

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