Défaut d’estime de soi : causes, conséquences et approche thérapeutique

Comment se réparer, sortir des griffes de cette mauvaise image de soi renvoyée aux autres et surtout à soi-même ? Quelles sont les réponses qu’apportent la psychothérapie classique ou les plus récentes, comme la TCC?

10 JUIN 2024 · Lecture : min.
Défaut d’estime de soi : causes, conséquences et approche thérapeutique

Aujourd'hui, grâce à la Thérapie Cognitivo-Comportementale, quelques outils complémentaires comme les modèles cognitifs de Beck et d'Emery permettent de corriger certaines interprétations dysfonctionnelles irréalistes plongeant souvent les patients dans une anxiété fatale avec de fortes distorsions dans la pensée logique.

Il y a aussi un travail personnel possible à proposer sur l'affirmation de soi en apprenant à ses patients à dire « non » tant à leur entourage qu'à leur monde intérieur ; pratiquer également la méthode ACARA pour sortir de l'immobilisme que trop souvent l'angoisse inflige aux patients, en commençant par l'accepter, la contempler, et agir avec elle, pour attendre le meilleur, ou enfin pratiquer la cohérence cardiaque ou la méditation, pour reconnecter son corps, trop souvent délaissé et maltraité au bénéfice de préoccupations puissantes et jugées comme prioritaires de l'esprit.

Pourquoi est-il important de prendre soin de notre estime de soi ?

La santé identitaire forme un tout : c'est l'addition du corps et de l'esprit, et beaucoup de patients négligent les rudiments diétético-hygiéniques et en paient ensuite le prix cher. Les équipes pluridisciplinaires (arthérapeutes, orthophonistes, diététiciens etc.) se révèlent d'excellents partenaires en termes de soin, d'accompagnement et de soutien en complément d'une psychothérapie quelle qu'elle soit. En guise de conclusion j'aimerais vous confier les raisons pour lesquelles je me suis reconvertie dans la pratique de la psychothérapie. Ce qui m'anime toujours, c'est cette envie farouche de comprendre les failles psychiques que présente chaque patient.

Tous ces conflits et entraves de la psyché rendent de prime abord, le patient toujours unique et singulier, possédant sa propre histoire, ses propres souffrances. Pour autant, pouvoir comprendre et s'apercevoir combien son lot névrotique vient in fine, rejoindre le ruisseau des névroses collectives et sociales que notre société engendre reste très riche et fascinant. A croire que chaque patient traverse, dans son parcours de vie, toujours les mêmes origines de souffrances, les mêmes entraves dans sa construction identitaire, les mêmes écueils dans sa recherche du bonheur. Bien sûr, tout n'est pas réparable à la même vitesse ni de la même façon pour tout le monde.

Pourquoi est-il important de prendre soin de notre estime de soi ?

Peut-être qu'avec l'avancée des neurosciences, un jour, des scientifiques parviendront même à guérir certains patients de leur psychose ; mais en attendant, il reste toujours possible de travailler son image de soi, sa dépendance affective, ses phobies ou ses failles identitaires. Finalement, travailler sur l'estime de soi, devrait devenir presque une règle d'hygiène psychique indispensable pour toute personne atteignant la majorité. Imaginons la création d'un carnet de santé mentale dans lequel figureraient des dates de révision ou de bilan concernant l'estime de soi : cela proposerait l'évaluation régulière de la qualité de son « système immunitaire psychique », et pouvoir ainsi le renforcer au besoin, comme on renforce régulièrement son système immunitaire cellulaire avant les attaques de l'hiver en avalant du magnésium ou des cocktails de vitamines. Il n'y aurait aucun âge limite pour cela, toutes nos représentations pouvant être sujettes à remodelage, à révisions, à corrections, à tous les instants, face à toutes les épreuves que notre vie nous réserve, jusqu'à l'ultime.

Dès la naissance, la condition de notre humanité nous a affligés de cette relation anaclitique, de cette dépendance affective à l'Autre, comme premier moyen d'autoconservation de l'espèce. Pour autant, rester entravésdans les chaînes représentatives et symboliques de sa petite enfance n'est plus une fatalité. Apprendre à dépendre davantage de soi, gagner en autonomie dans notre propre pensée et dans nos actes, plutôt que de rester esclaves de celles d'autrui, toutes élaborées sur des critères socio-culturels plus subjectifs représente la perspective d'une véritable voie de libération possible, un chemin de vie nouveau, un accès vers la génitalité ou l'individuation. Il s'agit d'accepter de corriger nos représentations de tous ces idéaux qui nous ont été transmis par des marchands de rêves et de consumérisme, de raboter de temps à autre nos idéaux préfabriqués, ces « Idéaux du Moi » inatteignables, comme ses pendants : nos figures tyranniques qu'endossent, bien malgré nous, nos « Surmoi ». 

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Écrit par

Isabelle Portal

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Bibliographie

  • André, C (2009). "Imparfaits libres et heureux". Odile Jacob.
  • Fanget, F (2007). "L'affirmation de soi : une méthode de thérapie". Odile Jacob

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